Entre café et journal, une pensée

Minimes, citations et poésie du quotidien

28 décembre 2025

Bruxelles ma belle

 

" Bruxelles, ma belle, je te rejoins bientôt
aussitôt que Paris me trahit
et je sens que son amour aigrit, et puis
elle me soupçonne d′être avec toi, le soir.
Bruxelles, attends-moi, j'arrive
Bientôt je prends la dérive
Paris, je te laisse mon lit " 
                            Dick Annegarn


Chaque année, le retour des fêtes suscite en moi une émotion particulière. Pensif en observant tant de solitudes, la "fête de famille" exacerbant les blessures et les absences: Noël est une fête où on se compte. Comment "faire famille" dans un monde devenu aussi hétéroclite?  Mais pensif n'est pas triste. Plus que jamais, je demeure émerveillé par ces hommes, ces femmes, ces familles qui, malgré leurs difficultés, persistent à vouloir célébrer un peu de fête au cœur de leurs fragilités et à croire qu’un moment  partagé, des illuminations, un cadeau maladroit participent encore à tenir le monde debout.  

Sacrifiant hier à la traditionnelle sortie aux Plaisirs d'Hiver qui animent le centre ville, jamais Bruxelles ne me parut si belle, et oserais-je?, si humaine. Une pause musicale dans l'espace  réservé à l'association Tisse-Reines, conforte ce sentiment d'appartenance à une ville parfois meurtrie mais chaleureuse, dont l'extrême diversité préfigure la réalité du monde de demain. "La laine contre la haine", projet artistique et solidaire, utilise le tricot et le crochet pour créer du lien social en transformant des carrés de laine en couvertures, tipis et housses bariolées pour en faire des symboles de solidarité et de bien-être. La laine, ce fil conducteur des histoires, le tissage des fils et les mailles, ce symbole de solidarité face à l'isolement et à la violence. 

Déanbulant au sein des ruelles enchevêtrées, admiratif une fois de plus du spectacle qu'offre notre grand-place, nous faufilant dans la foule attirée par une crêche repensée et actualisée, on se laisse ensorceler par l'extrême variété des produits et des personnes un moment rassemblés. Revenant en métro, bondé, dans la minute une jeune fille nous cède sa place, avec une gentillesse touchante qui ne nous étonne plus: c'est la coutume dans ce secteur pourtant si décrié de la capitale. Sentiment étrange, incompréhensible pour beaucoup, il n'est d'endroits où je me sente autant "chez moi", et en sécurité, que dans ce patchwork de cultures qu'est devenu notre  ville. 


Lu dans: 

  • Dick Annegarn. Bruxelles. 1974. © Warner Chappell Music France. Chanson reprise par Alain Bashung, et bien plus tard (2018) par Angèle qui fut révélée grpace à elle. À la suite des attentats du 22 mars 2016 à Bruxelles, la chanson est devenue en 24 heures un hymne, notamment grâce aux réseaux sociaux et à sa reprise par le chanteur Daan Stuyven le 22 mai 2016 lors de la cérémonie d'hommage aux victimes.
  • Tisse-Reines, La laine contre la haine. https://www.plaisirsdhiver.be/baratricot

Publié par Carl Vanwelde à 28.12.25 Aucun commentaire:
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24 décembre 2025

Les quatre âges du Père Noël

 

"Les quatre âges du Père Noël:
celui où on y croit encore 
celui où on n'y croit plus 
celui où on est le Père Noël
et enfin celui où on ressemble au Père Noël. " 


Barbe blanche fleurie, rondelet, débonnaire dans son habit rouge vif, bordé d'une fourture blanche avec des bottes et une ceinture noires, image lissée à jamais par Coca Cola, j'appartiens désormais sans aucun doute au quatrième âge du Père Noël. Ce n'est pas si désagréable. 
Publié par Carl Vanwelde à 24.12.25 Aucun commentaire:
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23 décembre 2025

La joie comme héritage

 « La joie est un héritage que nous devons à nos enfants »    
                        Kiyémis.

                              


Il y a dans la phrase de Kiyémis comme une réminiscence du moraliste Alain énonçant il y a un siècle "le serment d'être heureux". Serment et non cadeau, un leg qui engage. Léguer la capacité à aimer la vie, même lorsqu’elle blesse, ne relève pas de l'utopie ou d'une disposition à l' euphorie permanente mais de s'autoriser l'émerveillement, le rire sans justification, le droit d'aimer ce monde imparfait et de s'y inscrire sans honte. Transmettre la joie est un acte de résistance dans un monde saturé d’alertes, de catastrophes et d’angoisses programmées. Ce n’est pas nier la gravité du monde, c’est refuser qu’elle ait le dernier mot.  


Lu dans: 
Kiyemis. Pour la joie. Les liens qui libèrent. 2025. 160 pages. Autrice, poétesse et conférencière, elle a animé pendant deux saisons l’émission « Rends La Joie » chez Mediapart. Elle était l'une des invitées du numéro spécial poésie du podcast "Dans quel Monde on vit" réalisé en collaboration avec Les Midis de la Poésie et avec le soutien de la Scam sur La Première

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21 décembre 2025

Le point zéro


"Attendre l’aube
pour épier les rues
qui se réveillent." 


Le solstice d'hiver n'est pas seulement un calcul d'astrophysique: c'est une respiration profonde de la nature, un instant de bascule. Il faut Imaginer une balançoire au point le plus haut de sa course, cet instant d'immobilité parfaite avant qu'elle ne reparte dans l'autre sens, le solstice est ce point zéro. Tout ce qui devait décliner a décliné, le jour de la plus grande vulnérabilité de la nature est aussi celui de sa plus grande promesse. Demain, nous gagnerons quelques secondes, puis quelques minutes. Ce n'est pas encore visible à l'œil nu mais le mouvement est amorcé, l''espoir vient se loger dans le creux de l'hiver. On sait que, quoi qu'il arrive, le plus long de l'obscurité est derrière nous. Moment privilégié pour choisir un projet qu'on laissserait grandir avec la lumière retrouvée. Le solstice nous rappelle également que la lumière ne revient jamais par fracas, mais par la répétition patiente de petits pas vers l'aube. 

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20 décembre 2025

Miroir de la nuit qui vient

 

"Une triperie, deux pierres
Trois fleurs, un oiseau
Vingt-deux fossoyeurs, un amour
Le raton laveur, une madame untel
Un citron, un pain
Un grand rayon de soleil."   
                            Jacques Prévert. Inventaire. 


Notre table de nuit nous révèle. Minimaliste comme celle d'une religieuse Servante des Pauvres (un missel et un chapelet), ou port d'attache avant le grand départ pour la nuit, elle rassemble ce qui nous rassure avant de larguer les amarres. Vu cette semaine, un iventaire à la Prévert d'une tablette de nuit bien représentative, petite architectrure fragile qui veille sur notre sommeil: un réveil, une télécommande, un smartphone, un mouchoir en papier froissé, une croix de Taizé, un petit objet rose en forme d’animal stylisé, plusieurs boîtes de médicaments, un tube de pommade, un stick pour les lèvres, un spray nasal, un petit pot de crème réparatrice, trois paquets de mouchoirs en papier, un spray nettoyant, un petit cactus, un échantillon de Nivea. La vigilance discrète de celui qui sait que la nuit est parfois un terrain médical. La table de nuit est une géographie intime où chaque objet sait pourquoi il est là, protecteur et préventif, à portée de main, permettant de s'abandonner au sommeil sans renoncer à la veille.  


Lu dans:
Jacques Prévert. Inventaire. Paroles. Éditions du Point du Jour, réédité par Gallimard. 1946

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17 décembre 2025

Ode contre le désenchantement


"Derrière la saleté
S'étalant devant nous
Derrière les yeux plissés
Et les visages mous
Au-delà de ces mains
Ouvertes ou fermées
Qui se tendent en vain
Ou qui sont poing levé
Plus loin que les frontières
Qui sont de barbelés
Plus loin que la misère
Il nous faut regarder

Il nous faut regarder
Ce qu'il y a de beau
Le ciel gris ou bleuté
Les filles au bord de l'eau
L'ami qu'on sait fidèle
Le soleil de demain
Le vol d'une hirondelle
Le bateau qui revient

Par delà le concert
Des sanglots et des pleurs
Et des cris de colère
Des hommes qui ont peur
Par delà le vacarme
Des rues et des chantiers
Des sirènes d'alarmes
Des jurons de charretiers
Plus fort que les enfants
Qui racontent les guerres
Et plus fort que les grands
Qui nous les ont fait faire

Il nous faut écouter
L'oiseau au fond des bois
Le murmure de l'été
Le sang qui monte en soi
Les berceuses des mères
Les prières des enfants
Et le bruit de la Terre
Qui s'endort doucement
                        Jacques Brel 


A notre petite échelle on ne changera pas la marche du monde, mais il nous est possible d'entretenir la révolte contre le désenchantement. Chaque jour nous fait croiser des personnes, des initiatives, des petits bonheurs vraiment exceptionnels mais invisibles. Les débusquer pour nous aider à grandir et à croire en un avenir heureux constitue une belle discipline de vie. 


Lu dans: 
Jacques Brel. Il nous faut regarder. 1954. PHILIPS N°1. 33 tours 25 cm. Enregistré le 15 février 1954 avec un orchestre dirigé par André Grassi. 
Ecouter : https://www.youtube.com/watch?v=bBaF6JYx7TM 

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16 décembre 2025

Sagesse de Cassandre

"Cassandre avait toujours raison, soit parce que ses prédictions se sont réalisées, soit parce que celles-ci ont permis d’éviter la catastrophe."  
                                Arnaud Leparmentier


Soudain nous revient à la mémoire le récit mythologique de Cassandre prédisant la chute de Troie face au cheval de bois. Personne ne l'écoute, provoquant la chute de la forteresse.. Inversément, si ses alertes avaient été suivies, la ville aurait été sauvée, rendant sa clairvoyance inutile aux yeux des sceptiques. Paradoxe de la prévention : une intervention réussie efface la preuve de son nécessité.​  Difficulté bien connue en médecine où la réussite d'une vaccination de masse est source fréquente de quolibets sur son inutilité et de réticences lors de campagnes ultérieures. 


Lu dans:  
Arnaud Leparmentier. Le chercheur Nate Soares prévoit la fin de l’humanité. Le Monde. 14 décembre 2025. 

Publié par Carl Vanwelde à 16.12.25 1 commentaire:
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13 décembre 2025

Réflexion sur le bonheur

 ' Le commencement du bonheur, c'est de renoncer aux plaisirs qui ne font pas plaisir." 
                        Claude Roy

                                



En d'autres temps, ç'aurait pu être un beau sujet de dissertation. On aurait dévelopé le thème du renoncement choisi, du bonheur, du plaisir, de ce qui est instantané et durable, de la peur irraisonée de l'ennui ou de la poursuite de ce qui brille au dépens de ce qui réchauffe. On aurait conclu  sur l'abandon des satisfactions qui encombrent pour laisser de la place à ce qui construit. Est-on encore là-dedans dans notre effervescence actuelle? La réflexion de Claude Roy, toute belle fut-elle, sent la cire dont on enduit le chêne, meubles faits pour durer mais qu'on ne parvient plus à vendre. ,   


Lu dans:
Claude Roy. La fleur du temps. 1983-1987. NRF. Gallimard. 1988. 356 pages. Extrait p.218

Publié par Carl Vanwelde à 13.12.25 Aucun commentaire:
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10 décembre 2025

Du pouvoir de la musique

 "Une étude publiée en août dernier dans la revue américaine PNAS ( Proceedings of the National Academy of Sciences) a analysé des chants venus des quatre coins du monde : inuits, touaregs, balinais… et trouvé des traits acoustiques communs. Pas des paroles : des rythmes, des intonations, des modulations. La preuve que, peu importe la langue, le continent, la météo ou l’histoire coloniale, qu’on chante dans le désert ou sur la banquise, il y a un alphabet commun. Le chant est une grammaire partagée de l’espèce humaine. Un métalangage.". 
                                                    Julie Huon

                                        


Comme le prolonge Julie Huon dans sa réflexion sur la musique,  faire chanter un groupe d’inconnus est l’ icebreaker le plus efficace au monde. "Tu prends 200 personnes, tu leur files trois refrains, et tu obtiens une cohésion instantanée. Pourquoi ? Parce qu’on calibre sa respiration sur celles et ceux qui sont à côté. Parce que le rythme cardiaque s’aligne. Parce que ça relâche des endorphines. On devient un petit morceau de chœur, bricolé à l’arrache, sans CV ni prise de parole. On ne s’est pas parlé. On s’est accordé.  



Lu dans: 
Julie Huon. Nous sommes des animaux  à chant chaud . Le Soir 9 décembre 2025.

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08 décembre 2025

Sagesse d'Horace

 



"C'est d'âme qu'il faut changer, non de climat. '
                    Horace

                            



Prévisions pour ce lundi. 

Aujourd'hui, le ciel sera partiellement à souvent très nuageux avec parfois quelques faibles pluies ou ondées. Cet après-midi, les précipitations pourraient toutefois devenir plus marquées. Le vent de sud à sud-ouest sera modéré.  L'agriculteur aux terres desséchées  se réjouit , espérant que la pluie augmente. Et vous? 


Lu dans:
Sénèque. Lettres à Lucilius. 


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06 décembre 2025

Laissez-moi mes rêves

 " Personne ne sait vraiment à quoi il ressemblait, ni s’il a fait tout ce qu’on lui prête, mais chaque 6 décembre, la moitié de l’Europe mange des spéculoos à son effigie et va se coucher en déposant une carotte pour l’âne à côté d’un petit verre de vin (pour les parents mais chut.) "   
                            Julie Huon

                                   



Un de nos petits-enfants, le moins naïf de tous malgré les apparences, fit mine de croire à Saint-Nicolas juqu'à un âge avancé, récoltant ainsi chaque année le bénéfice du rêve en monnaie-cadeaux sonnante et trébuchante.  Et si Saint-Nicolas existait encore, non pas celui des vitrines, mais celui qui marche doucement dans la neige, les bottes mouillées de songes, et qu’on nous avait simplement convaincus du contraire pour que le monde paraisse plus raisonnable, moins enchanté, moins fragile ? Et si tout cela était vrai, vraiment vrai, mais que nous vivions comme des adultes éveillés dans un rêve trop étroit, un rêve où l’on a rangé l’émerveillement au grenier avec les vieux jouets et les lettres jamais envoyées ? Et si Saint-Nicolas n'était pas un mensonge destinés aux enfants mais une part de réel que nous aurions désapprise comme on oublie une langue maternelle en grandissant. Et si réveillés nous comprenions soudain que nous ne rêvions pas du tout mais revenions simplement à l’endroit du monde où l’on croit encore que tout peut arriver.  

Je vous souhaite une bonne Saint Nicolas.



Lu dans:
Julie Huon. Saint-Nicolas : fiction, folklore et spéculoos. Le Soir du 6 décembre 2025

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05 décembre 2025

Mon désordre m'appartient

 "Un beau désordre vaut mieux qu'une inerte ordonnance'" 
                        Eugène Savitskaya

                          


Un beau désordre raconte toujours une histoire, et on y retrouve même parfois quelque chose par hasard. Découvrir l'habitat d'une famille est révélateur de son mode de fonctionnement, de même que l'agencement d'une chambre décrit davantage son occupant que de longs récits. Et que dire des mêmes lieux si on y pénètre de nuit: cette fois c'est l'inconscient qu'on découvre, et tout ce qui fait les petits secrets. 


Lu dans: 
Eugène Savitzkaya. Marin mon coeur. Editions de Minuit. 2010. 96 pages

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04 décembre 2025

Ô vous, frères humains

 "Je suis resté le naïf de mes dix ans. Mais je dois leur dire ce que je sais et advienne que pourra de ma folie. Ô vous, frères humains, connaissez la joie de ne pas haïr."
                                Albert Cohen

                     


En 1972, pressentant sa mort, Albert Cohen livre ce qui restera un de ses meilleurs textes sur ces aberrations monstrueuses que sont le racisme et la xénophobie.  En première hier soir sur la scène du Public, Bernard Cogniaux en conteur prodigieux nous emporte par les chemins de l’enfance, sur les traces du petit Albert, dans les rues de Marseille. Tour à tour lyrique empathique, sarcastique, fort, tendre, érudit, mais jamais désespéré, il nous envoûte par une parole intelligente et généreuse, profonde et juste, qui ne surjoue jamais. Moment suspendu dont on ne perd pas une miette. A la fois hors du temps, et hélas si actuel. 
Y repensant ce matin, je m'interroge néanmoins. La haine de l'autre, à la source de tous les pogroms, massacres, déportations de masse, dont l'oeuvre d'Albert Cohen s'inspire, est-elle propre à l'être humain, ou aux circonstances?  Si présente dans divers foyers de notre monde actuel, à l'origine de tant d'horreurs, je ne retrouve guère cette haine dans la variété des habitants de nos quartiers et des patients que je vois chaque jour. Suis-je à ce point aveugle et sourd, ou l'extrême diversité de l'immigration dans nos communes, sans pour autant secréter un "amour infini du prochain" (comme le moque d'ailleurs l'auteur lui-même), empêche-t-elle que se fixent les animosités sur un seul groupe-cible?  Le duo Cohen/Cogniaux ne donne pas de réponse à cette interrogation, et il n'y en a sans doute pas.


Lu dans: 
Albert Cohen. Ô vous, frères humains. Gallimard 1988. 212 pages. 

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03 décembre 2025

La part de l'ombre

  "A un éclat superficiel et glacé, nous avons toujours préféré les reflets profonds, un peu voilés; soit, dans les pierres naturelles aussi bien que dans les matières artificielles, ce brillant légèrement altéré qui évoque irrésistiblement les effets du temps. "Effets du temps", voilà certes qui sonne bien mais, à vrai dire, c'est le brillant que produit la caresse des mains. Les Chinois ont un mot pour cela, "le lustre de la main, 手泽 ou shǒuzé", alors que les Japonais disent l'"usure" : le contact des mains au cours d'un long usage, leur frottement, toujours pratiqué aux mêmes endroits, produit avec le temps une imprégnation grasse. [...] Contrairement aux Occidentaux qui s'efforcent d'éliminer radicalement tout ce qui ressemble à une souillure, les Extrême-Orientaux la conservent précieusement, et telle quelle, pour en faire un ingrédient du beau."

                                Junichirô Tanizaki



Dans un essai sur l'esthétique japonaise, publié en 1933, Junichirô Tanizaki défend une esthétique de la pénombre comme réaction à l'esthétique occidentale où tout est éclairé. Il revendique la patine des objets en opposition au culte du neuf et du llisse cher à l'Occident.  Et par extension lla trace laissée par la main, l'empreinte produite par le contact prolongé d’une personne chère ou d'un ancêtre, ainsi que les ridules d'un visage qui a vécu.  On sort de l'esthétique pour rejoindre une réflexion plus subtile sur nos vies.


Lu dans:
Junichirô Tanizaki, René Sieffert (Traducteur). Eloge de l'ombre . Verdier. 2011. 90 pages  

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01 décembre 2025

Ne touchez pas au p'tit Jésus

 

"Mon Dieu, Seigneur, quelle affaire!
C' t' un bia p'tit effant, savous, c'ti-là!
Oh, le p'tit Jésus, te rappelles tu?
Mais il a toute changée sa tête
Note bien, ça dépend des églises
Tu vas le voir dans une église
Il n'est pas le même que dans l'autre, sais tu
Faut croire que des p'tits Jésus
Mais il y en a autant qu'il y a d'églises."
                        Julos Beaucarne  
Le Petit Jésus.1974



Quelle affaire effectivement! La nouvelle crèche de la Grand-place de Bruxelles suscite davantage de commentaires que l'arrêt de notre quatrième centrale atomique. Nos édiles s'en mordent les doigts: peut-être aurait-il été plus simple de rabibocher quelque peu l'ancienne avec quelques bouts de bois et de la corde, attendant qu'elle s'écroule définitivement. Tout changement fait peur; et ce qu'on recherche n'est pas de retrouver une crèche, mais des souvenirs d'enfance, même rapiécés. Une réparation de bric et de broc  aurait même quelque chose de rassurant: "Icoryable comme elle tient, malgré toutes ces années, c'est comme nous au fond." 

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29 novembre 2025

Choix


 "Le nid dans la haie
la maison tranquille        un amour qui dure
un bonheur tout fait
le linge plié         la pendule au mur,
le pain dans la maie.

J’ai choisi l’autre destin
la mêlée         une étoile au poing,
les nuées         le vent         les routes qui changent
les routes sans fin
au loin." 
                    Jane Kieffer. Le choix


L'aventure au large, ou  l'aventure au port.  Il n'est de choix que personnel, les grands paysages comme les belles rencontres se construisent autant dans les voyages que dans le champ qu'on laboure. 


Publié par Carl Vanwelde à 29.11.25 Aucun commentaire:
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28 novembre 2025

La peur


"Si la peur frappe à ta porte et que tu trouves le courage d'aller lui ouvrir
tu t'apercevras qu il n y a personne." 
            Sylvain Tesson


Il y a la crainte de ce qui pourrait arriver, et pire encore celle qui imagine ce qui pourrait arriver, paysage aux immenses possibilités. Si nombreuses que l'avenir finit par nous donner raison à l'instar de cet épitaphe célèbre: "j'espère qu'enfin on me croira."  


Lu dans: 
Sylvain Tesson. Sur les chemins noirs. NRF. Blanche. 2016. 144 pages

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27 novembre 2025

Je veux descendre

 "Le sentiment de ne plus habiter ce vaisseau terrestre avec la même grâce provenait d'une trépidation générale fondée sur l'accroissement. Il y avait eu trop de tout, soudain. Trop de production, trop de mouvement, trop d'énergies. Dans un cerveau, cela provoquait l'épilepsie."

                            Sylvain Tesson


Ce fut une librairie de quartier, c'est devenu un bric-à-brac encombré de colis bPost, de babioles superflues et de tout ce qui fond en bouche. Son gérant, dont le smartphone chauffe sous les messages, explique à qui veut l'entendre que ce n'est plus une vie. "Je travaillais huit heures par jour, et quand j'avais fini, c'était vraiment fini. Maitenant..."  Il y a dans ce "maintenant" le résumé de ce qui lui pourrit l'existence en agitation constante, en rappels de messages sans réponse instantanée, de commandes non-reçues, mal-orientées, aux emballages abimés, de clients impétueux, d'alterner sans cesse la recherche de colis et la vente de Chamallow Haribo. Son accent ne permet pas de deviner ses origines, mais à coup sûr il vient de loin, et il est perdu. Et il n'est pas seul. 


Lu dans: 
Sylvain Tesson . Sur les chemins noirs. Gallimard. NRF. 

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26 novembre 2025

Une science trompeuse

 "Rien de pire que la précision de données qui ne servent qu’à confirmer une théorie préconçue en accumulant des preuves statistiques qui n’en sont pas." 

                        Douwe Draaisma


Lu dans: 
Douwe Draaisma. Quand l'esprit s'égare. Couleur Idées. Le Seuil. 2014

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25 novembre 2025

Là où fleurit le lilas

"Heureux qui comme Ulysse
a fait un beau voyage
a vu cent paysages
et puis a retrouvé
après maintes traversées
le pays des vertes allées
avec le soleil et le vent
avec la pluie et le beau temps."   
                        Georges Brassens

                    


Etrange planète tout de même où quelque part, au même moment, fleurit le lilas. Survolant, à l'approche de Bruxelles-National, les brumes de nos campagnes, quel bonheur de les retrouver, puzzle paysager et politique, construit d'antagonismes et de compromis. Et après un moment hors du temps, de replonger les  mains dans le cambouis de la vie quotidienne. 



Lu dans:
Georges Brassens . Paroles de Heureux qui comme Ulysse. Paroliers : Georges Delerue / Henri Colpi. © EMI Music Publishing France, Sony/ATV Music Publishing LLC

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15 novembre 2025

Dans le secret des rues

 "Les secrets se répandent en nous comme s'ils avaient été énoncés depuis toujours par ceux-là mêmes qui précisément font d'eux des secrets. Ce n'est pas que ces derniers se trahissent et disent sans s'en rendre compte ce qu'ils veulent taire, non, c'est qu'ils ne sont pas seuls : ils ont des amis, des voisins, de la famille, des gens comme des ombres qu'ils ont chargés du devoir de dire, l'air de rien, ce qu'eux font profession de taire. 

Et c'est ainsi qu'un siècle plus tard les rumeurs virevoltent encore dans les plis des rideaux derrière les fenêtres des voisins, qui accumulent vos secrets de famille et savent les colporter aux générations à qui on voulait les taire, comme le pollen se transporte dans l'air, essaimant au plus loin de son lieu d'origine."
         Laurent Mauvignier


Secret: confidence qu'on ne répète qu'à une personne à la fois. Dans mon enfance, il me revient que la rue entière suivait l'évolution de l'état de santé d'un jeune patient de mon âge atteint  d'une affection dont on lui cachait soigneusement la nature.  J'en arrivai à me demander ce qui pouvait bien se colporter sur mon propre compte, et mon espérance de vie. 


Lu dans:
Laurent Mauvignier. La Maison vide. Prix Goncourt 2025 .Éditions de Minuit 2025. 752 pages
Publié par Carl Vanwelde à 15.11.25 Aucun commentaire:
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11 novembre 2025

Un armistice sans joie

"Nul n'est une île, entièrement à soi,
chacun est une partie du continent, une partie du tout,
quand une motte de terre est emportée par la mer,
l'Europe s'en trouve amoindrie ,
autant que d'un promontoire,
ou que si l'un de tes amis, ou de ta famille était emporté.
Toute mort d'homme me diminue,
parce que je fais partie de l'humanité.
N'envoie donc jamais demander pour qui sonne le glas,
il sonne pour toi." 
                         John Donne, texte placé en exergue du roman "Pour qui sonne le glas" d'Ernest Hemingway



Il a été joliment écrit qu'un armistice n'est pas une date, mais une cicatrice. Ce matin quand sonnera le glas dans de nombreux endroits de mémoire, nos pensées rejoindront ces innombrables victimes de tant de conflits passés et présents, qui ont en commun de mourir en n'ayant rien compris  à la logique du monde. Exposés, vulnérables, héros dérisoires qui n'en demandaient pas tant, tel ce poilu retrouvé dans le boyau de la mort en bordure de l'Yser et enterré avec les honneurs militaires 110 ans après sa mort. Ou comme Augustin Trébuchon et Henry Gunther célèbres pour avoir perdu la vie dans les dix dernières minutes avant la fin des hostilités en 1918. Vainqueurs et vaincus, ils nous transmettent le message fondamental du 11 novembre : derrière les nations et les victoires, il n’y a que des vies perdues. Ce qui est célébré aujourd'hui ne concerne pas le passé mais l'avenir: l'espoir pour des milliers de familles de pouvoir à nouveau imaginer un lendemain dans ces mulitiples endroits où ne règnent que la peur, la mort et la haine. Nul n'est une île et ceci nous concerne. Chaque nom sur un monument, chaque cloche qui sonne, chaque dépouille rendue à ses proches pour identification appartient à notre hsitoire commune. Il n’est de mort anonyme, ni de victime lointaine, le glas sonne aussi pour chacun de nous. 


Lu dans:
John Donne. Devotions upon Emergent Occasions 1624. Méditation 17 dont est reprise le titre du roman d'Ernest Hemingway "Pour qui sonne le glas."(paru en 1940 à la fin de la guerre d'Espagne)


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10 novembre 2025

Les fonctions modestes

 "Elle était préposée aux confitures et aux chaussettes à rapiécer." 
                            Laurent Mauvignier

                          


Confitures, rapiéçace, repassage, tâches modestes certes mais qui nécessitait un savoir-faire reconnu. Disparues, que reste-t-il en-dehors de scroller, swiper et streamer?  Rien peut-être, encore que...  J'ai croisé récemment un promeneur bénévole de chiens dont les maîtres ne quittaient hélas plus leur domicile, des ramasseurs de canettes et papiers gras dans leur quartier, auxiliaires volontaires par seul souci de se rendre utile, des accompagnateurs de malades à l'hôpital , des chauffeurs pour personnes moins valides ne demandant que le prix de l'essence. Le savoir-faire se déplace, mais sans ostentation. Chapeau !


Lu dans: 
Laurent Mauvignier. La Maison vide. Prix Goncourt 2025. Éditions de Minuit. 2025. 752 pages

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05 novembre 2025

L'attente derrière la porte

 

"J’ai souvent fait et refait un rêve
qui raconte toujours plus ou moins la même chose :
je me retrouve dans une maison très familière,
la mienne ou peut-être une maison de vacances, ou d’amis proches,
quand soudain sans raison apparente,
je comprends avec un immense bonheur
qu’une partie de cette habitation m’était demeurée cachée.
Que j’avais ainsi vécu longtemps, des années peut-être,
à côté d’une chambre close, sans le savoir,
jusqu’à ce moment précis où je vais pousser la porte.
Le rêve s’arrête là,
à cette joie qui me laisse ému, tremblant, au seuil de l’inconnu (..) 
invitation à entrer dans l’espace réel et mystérieux
qui commence derrière cette porte.' 
                                    Jean-François Manier


Dans l'attente derrière la porte de la pièce où était passé Saint Nicolas, que nos coeurs battaient. On a perdu cette impatience, à moins que demain matin... 


Lu dans: 
Jean-François Manier (1952- ), typographe, à l'origine des éditions du Cheyne, et plus particulièrement de la collection "Poèmes pour grandir". 

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04 novembre 2025

Sagesse d'Herman Hesse


"Toutes les fleurs veulent se changer en fruits,
toute matinée veut devenir soirée,
sur terre rien n'est éternité,
si ce n'est le mouvement, le temps qui fuit.
Même le plus bel été veut voir une fois
la nature qui se fane, l'automne qui vient.
Reste tranquille, feuille, garde ton sang-froid
lorsque le vent veut t'enlever au loin.
Poursuis tes jeux et ne te défends pas,
laisse les choses advenir sans heurts,
laisse enfin le vent qui te détacha
te conduire jusqu'à ta demeure."
                            Herman Hesse.  Feuille morte



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01 novembre 2025

La mémoire du hochepot

 

"Parce qu’au fond, où vit le souvenir ? Dans une dalle de pierre qu’on brosse une fois l’an ou dans une cuisine un dimanche, quand on refait le hochepot de sa grand-mère en partageant la recette avec ses enfants ?"
                                        Gabriel Ringlet


La poète Simone Conduché a cette belle formule: les morts ne dorment pas où leur nom est gravé. Si la Belgique reste un véritable pays de cimetières, quasi un par village, les lieux de mémoire sont partout, un arbre, un parc, une crypte, un simple jardin... ou une cuisine où se mijote un hochepot. Leur choix appartient à chacun selon sa sensibilité et la relation entretenue avec ses défunts. Que nous fait-elle vivre aujourd’hui ? En quoi nous encourage-t-elle et nous grandit, en quoi nous a-t-elle fait souffrir et nous confronte-t-elle à notre propre disparition?  Bonne fête de Toussaint



Lu dans: 
Julie Huon. Snober le cimetière fait-il de nous de mauvais vivants ?  Le Soir du 25.10.2025. Société. 
Gabriel Ringlet. Des rites pour la Vie: Célébrer tous les passages de l’existence, les douleurs comme les joies. Albin Michel.  2025. 223 pages

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31 octobre 2025

Le droit à une sépulture

 "ANTIGONE — Créon a ordonné qu’on ensevelisse Étéocle, parce qu’il était du bon côté, et qu’on laisse pourrir le corps de Polynice, parce qu’il était du mauvais. Il a défendu à quiconque, sous peine de mort, de lui donner la sépulture.

ISMÈNE — Oui, je sais.
ANTIGONE — Eh bien, moi, je vais l’enterrer."  
                        Jean Anouilh. Antigone 


On ne disparaît pas tous de la même manière. Pour certains le passage est infime, ils ne disparaissent que peu, n'étant jamais vraiment apparus. Isolés dans la mort comme dans leur existence, on les trouve un jour presque par hasard, sans que personne ne le sache. Un collectif veille à leur assurer une sépulture et un rite d'adieu dignes d'un être humain. Le droit à des funérailles fera-t-il un jour partie des droits humains imprescriptibles, comme tant d'autres droits reconnus tardivement et qui aujourd'hui apparaissent comme élémentaires?   


Lu dans:
Collectif les Morts de la Rue | asbl DIOGENES vzw https://share.google/kBvWD4uZfvfjQH3cC  
Jean Anouilh. Antigone. Édition La Table Ronde. Collection Théâtre de Poche. 1947. Extrait p. 25

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Petite cantate

 "Une petite cantate
du bout des doigts
obsédante et maladroite
monte vers toi
Cette petite cantate
que nous jouions autrefois (..)
n'était pas si maladroite
quand c'était toi." 
                Barbara



Entendue ce matin au réveil, la Sonate en fa dièse mineur, op. 11 de Robert Schumann est un émerveillement pour débuter sa journée. Franz Liszt la jouait souvent à sa fille Cosima avant qu'elle ne s'endorme, ouvrant les portes de la nuit vers un monde intérieur où le temps s’arrête. Trouver le sommeil suppose quelques rites, tout comme pour commencer sa journée.  


Lu dans:

"Une petite cantate". Barbara. Ecrite en hommage à la pianiste Liliane Benelli, dcécédée peu auparavant. Album "Le Mal de vivre". 1965

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29 octobre 2025

Oxymore


"Je suis athée
Dieu merci !" 
                            Georg Lichtenberg


On sourit à la lecture de cet aphorisme léger qui mêle le jeu linguistique, l'ironie philosophique et la surprise rhétorique, combinant deux expressions normalement contradictoires : l'absence de croyance en Dieu et la gratitude envers le même:  « I thank God a thousand times for having made me become an atheist. »  Ou comment laisser imperceptiblement piéger nos convictions par notre lexique. 


Lu dans: 
Georg Lichtenberg (1742-1799), physicien, philosophe et satiriste allemand. Aphorismes. 

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27 octobre 2025

Tel est mon oiseau familier


"C'est dans le jour qu'il apparaît, dans le jour le plus blanc. L'oiseau.
Il bat de l'aile, il s'envole. Il bat de l'aile, il s'efface. 
Il bat de l'aile, il réapparaît. 
Il se pose. Et puis il n'est plus. 
D'un battement il s'est effacé dans l'espace blanc. 
Tel est mon oiseau familier, 
l'oiseau qui vient peupler le ciel de ma petite cour. 
Peupler ? On voit comment...
Mais je demeure sur place, contemplant, 
fasciné par son apparition, 
fasciné par sa disparition. "
                    Henri Michaux. L'oiseau qui s'efface


Remplacez le mot "oiseau" par '"bonheur", et cela en fait une bien belle définition, dans la ligne du p'tit bonheur de Félix Leclerc.


Lu dans:
Henri Michaux. La Vie dans les plis. Gallimard  1990. 213 pages

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25 octobre 2025

Appelez Fantomette

 "Appelez Fantomette. Il suffit de ...' 
                Georges Chaulet


En ce début de semaine, un commando de quatre personnes a braqué le musée du Louvre à Paris. Etrangeme: la lecture du tome 29 de Fantômette (un livre Jeunesse) en décrit avec précision le mode opératoire. « Il suffit de poser une échelle contre le mur, de grimper au premier étage. Ensuite, on casse le carreau, on fait dix mètres, on brise la vitrine d’un coup de marteau, et hop ! on a la main sur l’objet. » Les voleurs du Louvre sont-ils des grands lecteurs de ce livre vieux de 50 ans? 


Lu dans: 
Georges Chaulet. Appelez Fantômette. Hachette Jeunesse. Tome 29. 5 août 2015. Paru en première éditin en 1962 dans la Bibliothèque Rose.  
Appelez Fantomette. Le Soir. Petite Gazette. 25 octobre 2025 

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24 octobre 2025

Le serment d'être heureux

 « Refais chaque jour le serment d'être heureux. » 
                            d’après Alain. Propos sur le bonheur, XCII.

                         


Le 24 octobre 1999 j'envoyai à une dizaine de mes collègues du Centre de médecine générale de l'UCL cette pensée du philosophe Alain via un moyen de communication tout neuf, leur courrier électronique.  Je souhaitais ainsi les stimuler à l'utiliser, car ils n'en voyaient pas l'utilité, leur boite de réception demeurant désespérément vide. Le contrat était simple: l'ouvrir au moins une fois par jour durant deux semaines, et je leur fournirais durant ce laps de temps une réflexion quotidienne susceptible d'être un rayon de soleil dans le quorifdien. Craignant de ne pas tenir la distance,  j'escomptais que quelques échanges prendraient le relais de ces modestes "pensées entre café et journal" à date de peremption annoncée.  Les miracles existent, après deux semaines le forum de discussion du centre bruissait de discussions aussi intéressantes que passionnées. Le moment d'interrompre mes  envois quotidiens fut postposé d'un mois, puis de deux, et puis d'une année. "Le serment d'être heureux" devint imperceptiblement "le serment de rendre heureux", terminant chaque journée par le partage d'une rencontre, d'une lecture, d'une parole reçue méritant  d'être partagée car ajoutant du bonheur au monde. Une médecine sans médicament, sans examen, sans maladie. Une assuétude douce: on plante un arbre, puis un autre et on retrouve vingt-cinq  ans plus tard une forêt dans laquelle se reposer fait du bien. 

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23 octobre 2025

Fatma Hassona, la mémoire de Gaza

 

"Peut-être vais-je commencer ma mort dès maintenant,
avant que l’homme debout devant moi
aiguise son fusil précis
et qu’il en finisse
et que j’en finisse." 
                Fatma Hassona. L’Homme qui portait ses yeux


L'émouvant film issu des échanges durant une année, par smartphones interposés, entre la réalisatrice iranienne Sepideh Farsi, exilée en France, et Fatma Hassona, jeune palestinienne de 24 ans prisonnière de l'enfer de Gaza, se termine dans un silence assourdissant. Une bombe israélienne vient de la faucher ainsi que toute sa famille, réduisant la maison familiale en poussière. Des décombres d'une ville martyre surgira peut-être une Riviera comme suggéré avec un cynisme rare par un président des Etats-Unis délirant, mais le visage rayonnant de la jeune palestinienne ne quittera plus nos mémoires, vivant témoignage de l'absurdité de cette guerre.  
Regagnant le métro par les rues illuminées du centre ville de Bruxelles, rarement notre capitale nous parut aussi belle. Une ville en paix, la lumière des vitrines, l'odeur chaude des gaufres, la longue queue devant une friterie emblématique, un musicien de rue s'accompagnant à la guitare, comment tout cela est-il possible: qu'est-ce qui est fiction, et qu'est-ce qui est réel?  Comment faire cohabiter en nous, tout en restant sereins, ces images de gravats et de ruines se superposant à la féérie des illuminations? Comment réunir ces fragments dédoublés qu’on appelle un individu ? 


Lu dans: 
Put Your Soul on Your Hand and Walk. Film documentaire de Sepideh Farsi, avec Fatma Hassona. 2025. France, Palestine, Iran. 110 min.

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21 octobre 2025

Les trésors d'une vie

 « Les vieux rêves étaient de bons rêves. Ils ne se sont pas réalisés, mais je suis contente de les avoir eus."                                            Robert James Waller. Sur la route de Madison. 

                   


Lors d'une visite à l'hôpital, je réveillai une vieille patiente, endormie sur ses bras. Les cloches de la collégiale toute proche célébraient un mariage. Je la sortis d'un rêve heureux: elle avait vingt ans, et venait de rencontrer son futur mari. Qui fait des rêves a la capacité de revivre les bonheurs   d'une vie. 


Lu dans: 
Robert James Waller. trad. Anne Michel. Sur la route de Madison. The Bridges of Madison County. Albin Michel. 1993. 185 pages.

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20 octobre 2025

Fais-toi lumière du soir

 

"La lumière crue de midi
éclaire sans pitié les objets et les choses.
Sans ombres où se protéger,
elle me brûle les yeux,
assassine mon coeur.

"J'aime la lumière du soir
qui réchauffe le sable,
effleure les contours,
caresse les sommets,
et laisse aux ombres
la part du doute.

Cette lumière douce,
aux multiples nuances,
pénètre sans violence,
et je peux regarder.

Toi qui me soignes,
quand tu me parles
de ce mal
que je ne peux pas nommer,
s'il te plaît,
fais-toi lumière du soir." 
                    Christiane GLEIZE. Se faire lumière du soir


Beau texte épinglé en clin d'oeil par trois étudiant(e)s à leur évaluation du cours d'Introduction à la médecine générale (session 1999-2000).
 25 ans plus tard, que sont-ils-elles devenu-e-s? 

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16 octobre 2025

Aaphorismes sans queue ni tête

"Un monsieur qui lit sur la plage est-il sur la plage pour lire, ou lit-il parce qu'il est sur la plage ? "  
                                    Georges Perec



Assurément une de ces petites phrases dont on se dit qu'elle est parmi les plus sottes jamais lues. D'où vient-il qu'elle vous reste en tête toute la journée? 


Lu dans:
Georges Perec. Penser, classer. Seuil. 2003. 175 pages

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15 octobre 2025

Des simples

 "Ai-je vraiment existé ?

Sans doute

Mais vécu ?" 

                Michel Van Den Bogaerde



On recueillait jadis dans les jardins des monastères des Simples, plantes réputées pour leurs vertus thérapeutiques. Pareillement, on croise chaque jour des Simples, personnes effacées dont les modestes réflexions témoignent d'une profondeur insolite. Ainsi cette maman d'origine étrangère, veuve depuis quelques années, fière d'élever seule ses trois enfants dans la dignité, leur assurant une scolarité et un habitat corrects. Evoquant son époux disparu après avoir sombré dans toutes les dépendances, elle essuie quelques larmes: "Que de regrets! J'ai vécu à côté de lui toutes ces années, je n'ai pas vécu avec lui. Peut-être que cela aurait pu tout changer."  


Lu dans:
Michel Van Den Bogaerde. Suspension du prononcé. Coudrier. 2025. 66 p.

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14 octobre 2025

De l'enfer vers le purgatoire


"Nous prîmes alors la route souterraine,
pour regagner le monde de lumière,
sur la rive gauche, sur le chemin,
je vis un lieu désert, rare et sauvage,
de visage terrible, et d’un silence profond. »  
                Dante. La Divine Comédie. 


Rien ne m'est apparu plus significatif de l'univers construit qu'on nous présente désormais comme la réalité, que ce récit  du retour des otages de la bande de Gaza. Aux images d'une Place des Otages en délire, de la Knesset acclamant debout Donald Trump, de la "paix éternelle" signée à Charm el-Cheikh, sans la présence des belligérants, par vingt dirigeants imprégnés de leur importance, je préfère la description de Dante dans sa Divine Comédie. Comment imaginer heureux le retour dans leurs familles de ces morts-vivants, leur douloureuse réintégration après tant de désespérance? Se représenter leur arrivée au Nord de la Bande de Gaza, remis à la Croix-Rouge comme Dante et Virgile sortant de l’Enfer et ouvrant les yeux sur "un lieu silencieux et effrayant avant de rejoindre le Purgatoire".  C’est là que dans la Divine Comédie Dante sera finalement réuni avec Béatrice, émergeant de l’autre côté du monde pour retrouver un pays, une famille, un quartier dont ils avaient conservé le souvenir et qui n'existe plus. 


Lu dans:
Dante. La Divine Comédie. Chant XXXIV. L’Enfer.  

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11 octobre 2025

Un verre qui fuit

 "Et puis la vie reprend son cours. Les jours se suivent. Mon fils et moi, dans la cuisine, nous coupons des oranges (..). Parfois, nous faisons tomber un verre. Parfois, une assiette. Parfois le verre ou l'assiette se brise en éclats tranchants qui créent, au sol, de nouveaux pays, de nouveaux continents. Nous les ramassons avec soin. Nous les ramassons tous. (..), rassemblons les morceaux de verre, les morceaux d'assiette. Nos puzzles à nous. Nous les remettons en place. Nous les recollons. À force de patience, à force de ferveur, nous remontons le temps, nous défaisons ce qui s'est fait. (..) À la fin nous avons... quoi ? Un verre qui fuit. Une assiette avec un trou dedans. Nous les gardons. Ils sont la preuve que ce qui a eu lieu a bien eu lieu. Ce n'est pas la destruction que nous archivons. Ce qui a eu lieu, c'est le soin, c'est l'attention. Ce qui a eu lieu, c'est le temps. Et c'est nous. Oui, nous les gardons, ces verres, ces assiettes, car ils sont l'archive matérielle de nous."   
                                                            Jakuta Alikavazovic

                                


Je le regarde s'éveiller. Si vieux, si pâle, avec déjà un peu de mort sur le visage. La médecine est une longue patience, qui reconstiue à longueur de jour les pièces d'un puzzle, un verre qui fuit, une assiette avec un trou au milieu. On ne rendra jamais sa jeunesse à ce vieux qui avance, courbé sur sa canne. Pourquoi donc le soigner avec autant d'attention, d'affection, de crainte de le perdre que celles que nous mettons à traiter un enfant dans la force de l'âge? Parce qu'il représene ce qu'est une vie, naissance, croissance, plénitude, descente et que toute  vie mérite ce respect. Le soin qu'une société apporte à ses vieux est une promesse faite aux jeunes de ne pas craindre l'avenir.     


Lu dans: 
Jakuta Alikavazovic. Au grand jamais. Gallimard. NRF. 2025. 250 pages. Extrait pp 244-245


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10 octobre 2025

L'homme qui plantait des news du monde

 "Le berger alla chercher un petit sac et déversa sur la table un tas de glands. Il se mit à les examiner l’un après l’autre avec beaucoup d’attention, séparant les bons des mauvais. (..) Quand il eut du côté des bons un tas de glands assez gros, il les compta par paquets de dix. Ce faisant, il éliminait encore les petits fruits ou ceux qui étaient légèrement fendillés, car il les examinait de fort près. Quand  il eut ainsi devant lui cent glands parfaits, il s’arrêta et nous allâmes nous coucher. La proximité de cet homme donnait la paix." 

                                Jean Giono 

Fichier:L Homme qui plantait des arbres 10.JPG — Wikipédia


A chaque époque ses héros silencieux. Je reçois ce matin le 343ème "Regards sur le monde" de mon ami Maurie Einhorn, qui porta à bout de bras Le Journal du Médecin à sa création durant de longues années. Il poursuit depuis inlassablement sa quête de brèves, mots, phrases insolites, nouvelles du monde éclairées par un zeste d'humour et de bienveillance. Dégagé du souci de faire du profit, esprit indépendant, ses contributions améliorent notre quotidien sans faire de bruit. Si vous souhaitez découvrir ces lettres bihebdomadaires ,  gratuites et dont on se désinscrit aisément: maurice.einhorn2@gmail.com

S'inscrire    maurice.einhorn2@gmail.com


Lu dans: 
Jean Giono. L'homme qui plantait des arbres. Gallimard NRF 2010 34 pages 


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07 octobre 2025

Longue-vue


"Or un matin joli que j'sifflais ce refrain
Mon bonheur est parti sans me donner la main."  
                            Félix LeclercL' p'tit bonheur .


Le promontoire de Sdérot, en bordure de Gaza, offre une vue imprenable sur l'enclave palestinienne. Transformé en mémorial du 7-Octobre, on peut  y contempler à la longue-vue la destruction programmée de la ville. Point n'est besoin d'observatoire pour le lecteur du Monde qui découvre ce jour le récit d'une visite de trois heures de ce champ de ruines, sous escorte de l'armée israélienne. "Dans la poussière, le convoi militaire traverse ce qu’il reste de la bande de Gaza. Aussi loin que porte le regard règnent désolation, amoncellement de gravats, maisons pulvérisées, immeubles fracassés. Les destructions paraissent irréelles tant elles sont absolues et systématiques."  Pour équilibrer la terreur, la même page propose le récit de survivants de l'attaque terroriste du Hamas il y a deux ans. Comment garder l'esprit serein et préserver notre bonheur après la récit de pareilles horreurs? 


Lu dans:
Lucas Minisin. C’est le meilleur spectacle en ville  Le Monde 21.7.25
Luc Bronner.  Trois heures dans Gaza anéantie. Le Monde 7.10.25

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04 octobre 2025

Une carte postale de la mer

 

"Vers Gand le ciel s’ouvre,
des grains de sable tombent 
de l’émeri des nuages bleus, 
une odeur de crêpe au sucre 
brinquebale vers Blankenberge." 
                    François Liénard


On imagine ces quelques lignes écrites au dos d'une carte postale, au temps où on en écrivait encore.  Avec en surimpression des images du tram qui longe la côte belge, du sable qui s'insinue dans les sandales, des mouettes que les premiers frimas d'octobre délocaliseront bientôt vers les villes. De l'infini de la ligne d'horizon entre gris et bleu qui nous entre par les yeux, par les oreilles et par le nez. L’esprit vagabonde et on se plaît à imaginer une enfance qui ne serait pas dans le passé mais dans l'avenir. Une enfance de vieux, que seule la mer du Nord permet de réinventer. 


Lu dans:
François Liénard. Regina Maris. Lettre volée. 2025. 128 pages.

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02 octobre 2025

Sagesse de Jane Goodal

 "Uun animal intelligent ne détruirait jamais sa maison. Or, c’est ce que nous faisons depuis très longtemps."  

                                Jane Goodal


Jane Goodall s’est éteinte mercredi soir à l’âge de 91 ans. C’est une des figures les plus marquantes et les plus médiatiques de la primatologie qui s’en va. Toute jeune chercheuse britannique en 1960, elle débarque dans un parc national de Tanzanie pour y observer les chimpanzés, Au-delà des primates au milieu desquels elle aimait s’asseoir en silence pour observer les interactions sociales, les jeux et la communication, Goodall n’a jamais fait mystère de sa fascination pour la nature tout entière, de son bonheur, et du bien-être intérieur qu'elle lui procurait. 


Lu dans: 
Michel De Muelenaere.Le Soir. du 1 octobre 2025. 

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30 septembre 2025

Un plan de paix pour Gaza

 "Le prix est décerné à la personne ou à l'organisation qui a apporté les plus grandes contributions au rapprochement des peuples, à la suppression ou à la réduction des armées permanentes, à la réunion et à la propagation des progrès de la paix . Cela peut inclure des efforts pour améliorer la diplomatie internationale, le travail pour la démocratie, la lutte contre la pauvreté, ou encore la militance pour les droits des femmes. " 

                                             Critères pour l'obtention du Prx Nobel pour la paix, définis dans le testament d'Alfred Nobel. 


Entendu en cour de récréation. 
On fait la paix, dis? Tu sors de ta cachette, tu te mets tout nu, lèves les bras en l'air et dit merci. Sinon je te butes.

J

Lu dans:
Texte intégral du testament d'Alfred Nobel. http://nobelprize.org/alfred-nobel/full-text-of-alfred-nobels-will-2/

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29 septembre 2025

Un jour se lève


"Encore un jour qui vient au monde
dans le premier moteur qui gronde
dans le premier enfant qui pleure 
j'écoute monter la rumeur 
du point du jour. 
./..
La radio donne des nouvelles 
quelque part la vie n'est pas belle
des bombes crient dans le lointain 
défense de voir le matin
au point du jour 

Mon bonheur me fait un peu honte 
tandis que dans ma chambre monte
la bonne odeur de café noir 
encore un jour la vie l'espoir
le point du jour.  
                Jean Ferrat


Ce dimanche, il est cinq heures trente , le jour s'éveille.  Un à un, dans l'ordre inverse des instrumentistes de la symphonie Les adieux de Haydn (*) les oiseaux au jardin entrent en scène et en voix. Cela porte un bien joli nom : le choeur de l'aube. Leur succède, une demi-heure plus tard, le premier avion emportant ses passagers, suivi à intervalles réguliers par d'autres. Bruit devenu familier, pas vraiment agressif, se superposant au murmure continu et lointain du grand ring de Bruxelles. On tente d'imaginer tous ces passagers qui s'envolent vers leurs rêves ou un proche lointain, ces chauffeurs de toute nationalité arpentant incessamment les routes dans des conditions difficiles, ces hommes et ces femmes rejoignant leur poste de travail et partis tôt pour éviter les embouteillages. Des oiseaux, des hommes, des femmes et nous qui terminons la nuit douillettement parce que c'est dimanche. Bruits extérieurs rassurants: la vie est là. 


Lu dans:
Jean Ferrat. Au point du jour. Barclay 1967
(*) Joseph Haydn. Symphonie n° 45 en fa mineur «Les Adieux». 1772, qui voit les instrumentistes quitter la scène un à un pour signifier leur fatigue au prince Esterházy, qui avait interdit aux familles des musiciens de les rejoindre. Un mouvement syndical avant l'heure.   

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27 septembre 2025

De la démocratie

 "Ce qu'il y a de plus difficile à apprécier et à comprendre c'est ce qui se passe sous nos yeux. (..) Il n'y a, en général, que les conceptions simples qui s'emparent de l'esprit du peuple. Une idée fausse, mais claire et précise, aura toujours plus de puissance dans le monde qu'une idée vraie, mais complexe."  

                            Alexis de Tocqueville


D'un séjour de dix mois en Amérique (1831), de Tocqueville tire une analyse du système démocratique, de ses vertus, de ses risques et de sa dynamique dans un ouvrage (De la démocratie en Amérique) qui connaît un immense succès à sa publication en 1835 et 1840. Observateur avisé, il se révèle aussi être un lanceur d'alarme sur ce qui constitue le fondement de la démocratie: la loi du plus grand nombre, susceptible de confier le pouvoir à des dirigeants qui ne songent guère aux affaires publiques que pour les faire tourner au profit de leurs affaires privées. Il est des observations qui franchissent allègrément le temps. 


Lu dans:
Alexis de Tocqueville. De la démocratie en Amérique. Tome 1 (1835), tome 2 (1840)

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24 septembre 2025

Empty nest

 

"Alors le thé a refroidi.
Elle attendait à sa fenêtre.
Viendra-t-il encore aujourd’hui ?
La chambre de vide s’est remplie. " 
                            Esther Granek




Ce court texte poétique me remet en mémoire - vingt-cinq ans ont passé - le jour où comme tant d'autres parents je vécus ce qu'on appelle le "empty nest", la maison soudain vide de ses enfants, le chien mort de vieillesse et peut-être de chagrin. Le hall d'entrée a perdu ses vélos, patins et  sacs, le piano s'est tu ainsi que la flûte, tout sent l'inoccupé et l'absence. Moment étrange et incertain où on s'interroge: ai-je vraiment vécu tout ce qui me paraissait fait pour durer?  Le Temps, ce grand médecin, nous aide à réoccuper l'espace et de nouveaux projets remplacent vélos, piano et bruits familiers. Le passé est un terreau heureux. 


Lu dans: 
Esther Granek. Je cours après mon ombre. 1981.

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23 septembre 2025

Sagesse de Tzvetan Todorov

"Comment se réjouir de la victoire sur un ennemi hideux si pour le vaincre il a fallu devenir comme lui?" 

                                    Tzvetan Todorov




Lu dans: 

Tzvetan Todorov. La Peur des barbares : Au-delà du choc des civilisations. Robert Laffont. 2008. 320 pages. Extrait p.20

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22 septembre 2025

Automne

 " La beauté de l’automne est un poème écrit par la nature. » 

            Charles Baudelaire


Soudain, c'est l'automne. La lumière se fait miel, ou or et cuivre c'est selon. Les premières feuilles tourbillonnent comme des pensées légères, prêtes à s’effacer. Il faudra penser à ranger la table des repas au jardin, et une légère brume ce matin semble inviter au recueillement. Le premier feu de prépare à crépiter, les sentiers s'assoupissent dans le silence complice des jours qui raccourcissent. L’automne n’est pas seulement un passage, il est une douce mémoire du temps, un rappel que la beauté réside aussi dans l’éphémère. 

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20 septembre 2025

Demain

 "Les chênes de 1910 avaient alors dix ans et étaient plus hauts que moi et que lui. Le spectacle était impressionnant. J'étais littéralement privé de paroles et, comme lui ne parlait pas, nous passâmes tout le jour en silence à nous promener dans sa forêt. Elle avait, en trois tronçons, onze kilomètres dans sa plus grande largeur. Quand on se souvenait que tout était sorti des mains et de l'âme de cet homme, sans moyens techniques, on comprenait que les hommes pourraient être aussi efficaces que Dieu dans d'autres domaines que la destruction."                           Jean Giono



Le texte le plus court de Jean Giono n'est pas le moins dense. Un berger solitaire ramasse dans la journée des glands qu'il replante le soir sur une colline... L'histoire est belle, celle d'un homme qui croit en son action quotidienne construit l'avenir. Une forêt couvrira plus tard sa colline, et ses enfants s'y promèneront. En 1953, le magazine américain The Reader's Digest demanda à Giono d'écrire quelques pages pour la rubrique bien connue "Le personnage le plus extraordinaire que j'aie jamais rencontré ". Quelques jours plus tard, le texte tapé à la machine, était expédié, et la réponse ne se faisait pas attendre : réponse satisfaite et chaleureuse, c'était tout à fait ce qui convenait. Quelques semaines passèrent, et un beau jour Giono descendit de son bureau. Son visage reflétait la stupéfaction. Il venait de recevoir une deuxième lettre du Reader's Digest, d'un ton bien différent de la première : on l'y traitait d'imposteur... Giono trouvait la situation cocasse, mais ce qui prédominait en lui à l'époque, c'est la surprise qu'il puisse exister des gens assez sots pour demander à un écrivain, donc inventeur professionnel, quel était le personnage le plus extraordinaire qu'il ait rencontré, et pour ne pas comprendre que ce personnage était forcément sorti de son imagination.


Lu dans:
Jean Giono. L'homme qui plantait des arbres.Jean Giono. Gallimard. NRF Collection blanche. 1996. 33 pages

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19 septembre 2025

Gaza

 "Soixante-six ans que nous vivons cette lutte. On n'a connu que ça, en fait, on est toujours là. Des fantômes, chaque jour un peu plus invisibles aux autres et à nous-mêmes. Comme nous le sommes aux yeux du monde depuis toujours.'  

                                    Rachid Benzine


Qu'écrire encore après ce déferlement continu d'images, de destructions, d'exodes et de morts? Le partage soir après soir d'une pensée positive sur la journée écoulée me devient difficile. Cinquante ans se sont passés depuis que Thomas Merton partageait  ses "Réflexions d'un spectateur coupable", oscillant entre le retrait du monde pour se garder une existence intérieure propre et le souci de s'engager dans un activisme désespéré car impuissant. Que n'a-t-on reproché lors de la Shoah l'inaction des dirigeants de l'époque, du moins ceux qui en étaient informés?  Aujourd'hui, nous sommes tous informés, culpabilisés de ne pouvoir rien faire devant le drame de Gaza et ses survivants fuyant en une interminable cohorte longeant la mer, tandis que d'autres trop pauvres pour fuir organisent une survie dans les gravats ou enterrent leurs morts. Images nsoutenables, impossibles à évacuer de nos mémoires, et qui parviennent à nous rendre notre propre bonheur insupportable. 


Lu dans:
Rachid Benzine. L'Homme qui lisait des livres. Julliard. 2025. 126 pages. Extrait p. 62
Thomas Merton. Réflexions d'un spectateur coupable (Conjectures of a Guilty Bystander), Albin Michel, Paris, 1970.

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17 septembre 2025

Le temps libre de Tityre

 "Aujourd’hui en France, le temps de travail représente 11% du temps éveillé sur toute une vie alors qu’il représentait 48% de ce temps en 1800."

                                        Gérald Bronner.


Jamais dans l'histoire de l'humanité, nous n'aurions disposé - si on en croit le sociologue Gérald Bronner - d'autant de temps libre pour  nous instruire, nous distraire ou simplement réfléchir. Ce trésor inestimable, qu’en faisons-nous, s'interroge-t-il sur un mode plutôt pessimiste? Le laisser piller, souvent sans nous en rendre compte, par des routines addictives ayant le visage de la distraction mais plongeant notre cerveau disponible dans une semi-somnolence? Peut-être, et il peut être utile que des voix extérieures dans ce cas nous réveillent, sans tomber dans le jugement. Chacun gère son temps avec les outils qu'il a reçus et il est présomptueux de hiérarchiser ce qui est instructif et ce qui est vain. Pour certains de mes patients modestes, lire attentivement la rubrique médicale de Flair constitue déjà un apprentissage. Par ailleurs qu'est-ce que le temps libre? A relire Virgile (1er siècle avant JC) et son inoubliable « Tityre, toi qui es mollement étendu sous l'ombre d'un hêtre aux larges branches, te reposant en jouant sur ton pipeau  un air champêtre qu'accompagne à son tour le murmure de l'eau" il est permis de mettre en doute l'affirmation que l'humble berger des Bucoliques disposait de moins de temps libre que nous, même si son temps de travail journalier, étalé sur toute une vie jusqu'à sa mort, paraît interminable selon nos critères. 


Lu dans:
Gérald Bronner. Apocalypse cognitive. PUF. 2021. 396 pages
Virgile. Les Bucoliques. Eglogue

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16 septembre 2025

Un avion n'a pas détat d'âme

 "Cette pression permanente mise sur les employés, Michael O'Leary, le patron de Ryanair depuis plus de trente ans, en a fait son mantra. Le management par la terreur est assumé chez Ryanair. "La meilleure manière de motiver des employés, c'est de les terroriser", avait expliqué M. O'Leary en 2015."  

                       

La compagnie irlandaise a développé toute une stratégie pour multiplier les gains, à côté de la vente de billets d'avion. Elle met une énorme pression sur ses employés pour qu'ils rapportent un maximum d'argent.  Michael O'Leary se serait-il inspiré de Machiaval (Le Prince 1513), qui , il est vrai, a fait des émules ces derniers temps.


Lu dans:
Raphaël Meulders. Comment Ryanair a transformé ses avions en machines à sous : "Si on n'atteint pas les objectifs de vente, on risque d'être  viré pour faute grave" Le dossier de La Libre Eco. 13 septembre 2025

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12 septembre 2025

Sens dessus dessous

 "Mon immeuble est sens dessus dessous. Tous les locataires du dessous voudraient habiter au-dessus parce qu'un locataire est allé raconter que l'air que l'on respirait au-dessus était meilleur que celui que l'on respirait en dessous.  (..) Moi, je suis au-dessus de ça. Je céderais bien mon appartement à condition d'obtenir celui du dessus. Mais je ne compte pas trop dessus parce que je n'ai pas de sous, et  qu'au-dessus de celui qui est au-dessus, il n'y a plus d'appartement. ." 

                                            Raymond Devos



Un humour décalé, d'une autre époque, jouant sur les mots sans cruauté. Où on ne peut accéder au-dessus parce qu'on n'a pas de sous, où la locataire du dessus a de beau dessous, où son mari jaloux en guerre avec  son amant a souvent le dessous...  Toutes les embrouilles du monde mixées sens dessus dessous. En 5 minutes, le regretté Raymond Devos sur https://www.youtube.com/watch?v=MIUxK-0H7go


Lu dans:
Raymond Devos. Sens dessus dessous . Live officiel au théâtre Antoine 1978. https://www.youtube.com/watch?v=MIUxK-0H7go

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11 septembre 2025

Les livres comme thérapie

 "C'est à cette époque que j'ai ouvert la librairie. Je voulais m'abstraire du monde, mais sans le quitter tout à fait. Être au seuil de la réalité. Là, devant ma librairie, à lire et relire les romans de ma vie. Vous comprenez ? J'ai décidé de ne pas ajouter de la laideur, de ne pas abîmer, d'être présent dans le silence de la lecture, d'apporter ma pierre avec mes livres. J'ai été inquiété souvent, les intégristes ne comprenaient pas pourquoi je ne faisais pas uniquement commerce de textes religieux. Et puis ils ont compris que j'étais un vieil homme un peu fou qu'il fallait laisser tranquille." 

                            Rachid Benzine


Jour anniversaire de l’effondrement des Twin Towers à New York, et de son cortège de chaos.  On mesure ce que "décider de ne pas ajouter de la laideur, de ne pas abîmer" signifie à l'échelon individuel quand notre impuissance à freiner la folie ambiante nous désespère. C'est peu, mais peu c'est déjà quelque chose.


Lu dans:
Rachid Benzine. L'homme qui lisait des livres. Julliard. 2025. 126 pages. Extrait p. 117


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10 septembre 2025

Pièges de l'anthropomorphisme

 "La noblesse prêtée à l’aigle: les hommes croient discerner dans son anatomie, ses sourcils froncés, son œil perçant, sa bouche close avec fermeté, le tempérament déterminé que l’on prête aux héros. Ils en ont donc fait un emblème, que l’on retrouve brandi sur les étendards des légions de César et du Reich allemand. L’auraient-ils fait s’ils avaient considéré combien l’intelligence de ces oiseaux est limitée ? Si on peut dresser les aigles pour la chasse, c’est qu’ils ne comprennent pas qu’à leur retour sur le poing du dresseur, ils seront de nouveau attachés. Jamais un corbeau ne commettrait une erreur si stupide !"  

                                            Jean-Pierre Elkabbach



Pièges de l’anthropomorphisme. Supplanter l'aigle par un noir corbeau fait sourire.  Imagine-t-on la Une des quotidiens célébrant en 1815 « le retour de l'Aigle », exilé sur l'île d'Elbe et débarquant à Golfe-Juan pour remonter la France jusque Paris, titrer "le retour du Corbeau"?  Le mythe aurait manifestement pris une densité différente.

Lu dans:
Jean-Pierre Elkabbach. Les rives de la mémoire. Bouquins. 2022. 440 pages

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09 septembre 2025

Lire


 « Sois fidèle à toi-même,
Et il s'ensuivra, comme la nuit le jour,
Que tu ne seras faux envers personne.» 
                    William Shakespeare.  Hamlet


C'est l'histoire émouvante d'un libraire qui dans les ruines de Gaza poursuit ses lectures, et les partage. Moments suspendus, volés au malheur, comme ses propres souvenirs anciens d'une représentation de Hamlet qui avait été un triomphe, dans le cadre d 'une ville déjà en guerre bien avant le drame actuel. Il y avait compris le pouvoir des mots, la force de la littérature quand même les humbles, les analphabètes, entendant le texte à leur façon, y glanaient des choses qui ne leur parlaient qu'à eux. "Ils attrapaient au vol une phrase, ne comprenaient pas l'autre, mais ce n'était pas grave, la première faisait son chemin, ils étaient touchés." Aujourd'hui c'est moi qui suis touché en découvrant ce livre de Rachid Benzine d'une cruelle actualité.  


Lu dans:
Rachid Benzine. L'homme qui lisait des livres. Julliard. 2025. 126 pages. Extrait p. 62
Rodrigue Maghams. Al Arabiya. 2009.

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08 septembre 2025

Au chaud entre amis

 'Quand le monde nous paraît incertain, on se replie sur nous-mêmes et on n’écoute plus que les gens qui pensent comme nous."

                        Ralph Vendôme



On subodore une allusion à des groupuscules de complotistes ou aux pires dérives des réseaux sociaux. Pas sûr: qui de nous y échappe? Dis-moi quel est ton journal, les derniers amis avec lesquels tu partageas un repas, ta chaîne télévisée favorite, ton moyen de locomotion et on découvrira en filigrane l'orientation de ton vote, ce que tu penses du droit au chômage ou de Greta Thunberg. Se retrouver entre "copains d'abord" rassure.


Lu dans:
Ralph Vendôme. Dans la tête d’Elton Munk. M.E.O. 2025. 194 pages

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06 septembre 2025

Sagesse de Rûmi

"Il y a une voix qui n’utilise pas les mots.
 Écoute.. "
                    Djâlal-od-Dîn Rûmî


C'est parfois quand tout va bien qu'on mesure que rien ne va mieux. Bambin atteint d'une infirmité motrice sévère, il attendrissait l'entourage. Enfant, devenu autonome dans sa voiturette, ne s'exprimant guère que par des cris et des grognements, il agace. Sa maman, veuve depuis deux ans, porte à bout de bras cet enfant qui lui échappe ainsi que sa fratrie. Elle tente maladroitement d'exprimer son désarroi, plus occupée à immobiliser l'enfant-loup qui transforme le cabinet en parcours d'obstacles et à le calmer qu'à me parler. Dans le métro, en rue, dans leur appartement elle subit le regard des voisins qui la soupçonnent de maltraitance en raison de ces cris permanents. Elle a inscrit ses deux grands à un cours de natation, et a dû y renoncer sous la pression des autres nageurs ne supportant guère le vacarme issu des tribunes. Cet après-midi elle consulte pour elle, mais ne dit rien, tout est compris mieux que par aucune parole. L'appel de Rûmî à une écoute active du silence est d'une pertinence frappante dans cette consultation inhabituelle, qui ne débouchera sur aucune formule miracle, si ce n'est que communiquer et se sentir écouter c'est déjà du soin.


Lu dans :
Djalāl od-Dīn, dit Rûmî, poète, théologien et mystique persan (1207-1273), dont l'œuvre principale est le Masnavi, commentaire du Coran dans lequel il reprend certaines fables d'Ésope et ses propres compositions poétiques.

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05 septembre 2025

Un point bleu pâle

 Un point bleu pâle ( Pale Blue Dot) est une photographie de la planète Terre, prise le 14 février 1990 par la sonde Voyager 1 à une distance de plus de six milliards de kilomètres. Le minuscule point est presque perdu dans la lueur du Soleil, la photo n'a aucun intérêt scientifique. Mais pour nous humains, c'est différent. Regardez encore ce point. C'est ici. C'est notre foyer. C'est nous. Sur lui tous ceux que vous aimez, tous ceux que vous connaissez, tous ceux dont vous avez entendu parler, tous les êtres humains qui aient jamais vécu, ont vécu leur vie. Toute la somme de nos joies et de nos souffrances, des milliers de religions aux convictions assurées, d'idéologies et de doctrines économiques, tous les chasseurs et cueilleurs, tous les héros et tous les lâches, tous les créateurs et destructeurs de civilisations, tous les rois et tous les paysans, tous les jeunes couples d'amoureux, tous les pères et mères, tous les enfants pleins d'espoir, les inventeurs et les explorateurs, tous les professeurs de morale, toutes les superstars, tous les guides suprêmes, tous les saints et pécheurs de l'histoire de notre espèce ont vécu ici — sur un grain de poussière suspendu dans un rayon de soleil. (..) Nos postures, l'importance que nous nous imaginons avoir, l'illusion que nous avons quelque position privilégiée dans l'univers, sont mises en question par ce point de lumière pâle. Notre planète est une infime tache solitaire enveloppée par la grande nuit cosmique. Dans notre obscurité, dans toute cette immensité, il n'y a aucun signe qu'une aide viendra d'ailleurs nous sauver de nous-mêmes. On a dit que l'astronomie incite à l'humilité. Pour moi, cela souligne notre responsabilité de cohabiter plus fraternellement les uns avec les autres, et de préserver et chérir le point bleu pâle, la seule maison que nous ayons jamais connue. » 

                                    Carl Sagan


J'ai cinq ans, observant les étoiles de mon lit par la fenêtre de ma chambre d'enfant. La question de ma place dans l'Univers me tourmente dans les mêmes termes que ceux que se pose Carl Sagan. Des décennies ont passé, sans aucune réponse mais encore davantage de questions. Et on se dit que l'âge, l'expérience, l'école, les lectures n'apportent de solutions qu'aux interrogations insignifiantes d'une existence.




Lu dans: 
Pale Blue Dot: A Vision of the Human Future in Space. Carl Sagan (1934-1996, astronome). 1994
cité dans: Quel présent vivons-nous ? Une sémantique du présent. Stefan Hertmans (Auteur), Olivier Vanwersch-Cot (Traduction) . Actes Sud. 2025. 176 pages

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03 septembre 2025

L'effet Cobra

 "Les cobras, dont chacun connaît la dangerosité, proliféraient dans la ville de Delhi et le gouvernement proposa une prime pour chaque dépouille d’un reptile éliminé. (..) On tua un grand nombre de cobras dans la ville de Delhi. Les conséquences secondaires furent inattendues, un certain nombre d’habitants se mettant à élever des cobras pour pouvoir toucher régulièrement la prime. Le pouvoir politique annula donc la prime. Tous ceux qui avaient élevé ces serpents les relâchèrent dans la nature puisqu’ils avaient perdu leur valeur et la population de cobras dans la ville de Delhi fut plus importante que jamais." 

                                Gérald Bronner


L'effet Cobra n'est pas une spécificité indienne. La créativité de l'être humain pour détourner une incitation financière ou symbolique est universelle. Les bonnes intentions politiques ou sociales peuvent avoir des effets pervers si l’on ne prend pas en compte la logique des acteurs auxquels elles s'adressent.

Lu dans:
Gérald Bronner. Apocalypse cognitive. PUF. 2021. 396 pages

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02 septembre 2025

Où sont donc les artistes?

 "Le risque que fait courir un recours généralisé à l'IA [ l’intelligence artificielle ] pour générer des contenus à prétention artistique est de figer la culture humaine. (..)  De fait, l'IA est actuellement nourrie d'une sélection numérisée d’œuvres, images,  musiques et textes du patrimoine existant. Si, à partir de maintenant, on lui confie la production majoritaire de contenus, la créativité ne consistera qu'en une recomposition, imitation voire stan­dardisation de ce que l'humanité a déjà produit, valorisé et numérisé. Les stéréotypes vont s'ossifier."                                                                                                                                                                                                           Camille Dejardin



A quoi bon encore apprendre à l'heure où l'intelligence artificielle peut nous restituer instantanément une réponse factuelle, une recomposition de textes, de musiques, d'images meilleures que ce que nous pourrions créer nous-mêmes? La question est d'importance  au moment où tant d'élèves et d'enseignants s'attellent pour une année à la transmission de savoirs multiples. A quoi bon?  Si ce n'est qu'apprendre c'est se former à créer par soi-même de l'inattendu, quelque chose qui n'a pas déjà été dit mille fois, à communiquer à d'autres  ce qu'on est, à se dévoiler à-travers une œuvre de création.  Apprendre n'est pas restituer, mais développer les capacités dormantes au fond de chacun de nous. Rentrée scolaire oblige, une enseignante enthousiaste avait proposé la semaine passée à ses étudiant(e)s de "créer" une œuvre musicale pour les interruptions d'horaire en faisant appel à un logiciel d'IA. Le résultat en fut bluffant et réalisé en quelques minutes sans connaissance aucune du solfège ni de la composition musicale. Quelques récréations et discussions passionnées plus tard, une question aussi innocente que pertinente en fit interrompre la diffusion: que deviennent les artistes dans tout cela? L'apprentissage patient de la création d'une mélodie, de paroles significatives, des messages partagés et de la nécessité de penser par soi-même sont-elles sauvegardées par cette initiative pétrie de bonnes intentions mais problématique en termes d'apprentissage?  Première semaine, premiers débats, première leçon collective, cette école est bien partie. 


Lu dans:
Camille Dejardin. A quoi bon encore apprendre? Gallimard . Tracts. 2025. 64 pages
Séverin Graveleau. Comment motiver les étudiants à l’heure de l’IA ?  Le Monde. Campus 3 septembre 2025. p. 19.


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Clés pour une rentrée réussie

"Ce que peut être pour moi une "rentrée" réussie... Pour cette rentrée, j'aimerais par-dessus tout pouvoir croire que ma vie attend le meilleur pour moi et les autres. Nouveaux visages, nouvelles activités, nouvelles perspectives, nouvel espoir d'être toujours plus moi-même.(..). Vous le sentez, cette "rentrée" sera peut-être une "sortie" de moi-même pour m'engendrer à plus grand que moi."                                                                                                 Marc Maronne


Curieusement s'il n'y a pas de "sortie scolaire" le 30 juin , le terme "rentrée" s'est imposé bien au-delà du domaine de l'école. Perçu plutôt comme une contrainte, le retour à la vie normale avec ses augmentations traditionnelles de tarifs, les réunions ministérielles nocturnes, les levers à la sonnerie du réveil, les files et les routines du quotidien,  bref ce retour à quelque chose de connu et de répétitif éreinte un peu. Le philosophe Marc Maronne y discerne néanmoins quelques pistes pour une rentrée heureuse.  Le retour aux rythmes de ce qui fait notre vie,  le confort qu'apportent les rituels, les retrouvailles des collègues, les sorties entre amis, les soirées au cinéma, le petit resto familier du coin de rue. A une "invitation aussi à faire du neuf, à voir plus grand, à comprendre que la vie est progrès et accomplissement obtenu par la grâce du temps consenti. S'entraîner à transformer la routine et les habitudes en possibilité de progrès est une bonne manière de donner du sens au temps subi." La rentrée c'est aussi "sortir" de ses habitudes pour revenir à ce qui nous est essentiel: le plaisir de repartir, la joie de reprendre, l'espoir de progresser et de pouvoir toujours plus  - c'est du Montaigne - "entrer en moi-même". Tout un programme.

Lu dans:
Marc Maronne. A l'école des mots. "Faire sa rentrée", c'est quoi au fait ?  https://marcmaronne3.wixsite.com/atelier-scriptorium

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