"Nul n'est une île, entièrement à soi,
chacun est une partie du continent, une partie du tout,
quand une motte de terre est emportée par la mer,
l'Europe s'en trouve amoindrie ,
autant que d'un promontoire,
ou que si l'un de tes amis, ou de ta famille était emporté.
Toute mort d'homme me diminue,
parce que je fais partie de l'humanité.
N'envoie donc jamais demander pour qui sonne le glas,
il sonne pour toi."
John Donne, texte placé en exergue du roman "Pour qui sonne le glas" d'Ernest Hemingway
Il a été joliment écrit qu'un armistice n'est pas une date, mais une cicatrice. Ce matin quand sonnera le glas dans de nombreux endroits de mémoire, nos pensées rejoindront ces innombrables victimes de tant de conflits passés et présents, qui ont en commun de mourir en n'ayant rien compris à la logique du monde. Exposés, vulnérables, héros dérisoires qui n'en demandaient pas tant, tel ce poilu retrouvé dans le boyau de la mort en bordure de l'Yser et enterré avec les honneurs militaires 110 ans après sa mort. Ou comme Augustin Trébuchon et Henry Gunther célèbres pour avoir perdu la vie dans les dix dernières minutes avant la fin des hostilités en 1918. Vainqueurs et vaincus, ils nous transmettent le message fondamental du 11 novembre : derrière les nations et les victoires, il n’y a que des vies perdues. Ce qui est célébré aujourd'hui ne concerne pas le passé mais l'avenir: l'espoir pour des milliers de familles de pouvoir à nouveau imaginer un lendemain dans ces mulitiples endroits où ne règnent que la peur, la mort et la haine. Nul n'est une île et ceci nous concerne. Chaque nom sur un monument, chaque cloche qui sonne, chaque dépouille rendue à ses proches pour identification appartient à notre hsitoire commune. Il n’est de mort anonyme, ni de victime lointaine, le glas sonne aussi pour chacun de nous.
Lu dans:
John Donne. Devotions upon Emergent Occasions 1624. Méditation 17 dont est reprise le titre du roman d'Ernest Hemingway "Pour qui sonne le glas."(paru en 1940 à la fin de la guerre d'Espagne)