"Aujourd’hui en France, le temps de travail représente 11% du temps éveillé sur toute une vie alors qu’il représentait 48% de ce temps en 1800."
Gérald Bronner.
Jamais dans l'histoire de l'humanité, nous n'aurions disposé - si
on en croit le sociologue Gérald Bronner - d'autant de temps libre
pour nous instruire, nous distraire ou simplement réfléchir. Ce
trésor inestimable, qu’en faisons-nous, s'interroge-t-il sur un
mode plutôt pessimiste? Le laisser piller, souvent sans nous
en rendre compte, par des routines addictives ayant le visage de
la distraction mais plongeant notre cerveau disponible dans une
semi-somnolence? Peut-être, et il peut être utile que des voix
extérieures dans ce cas nous réveillent, sans tomber dans le jugement.
Chacun gère son temps avec les
outils qu'il a reçus et il est présomptueux de hiérarchiser ce qui
est instructif et ce qui est vain. Pour certains de mes patients
modestes, lire attentivement la rubrique médicale de Flair constitue
déjà un apprentissage. Par ailleurs qu'est-ce que le temps libre? A
relire Virgile
(1er siècle avant JC) et son inoubliable « Tityre, toi qui es
mollement étendu sous
l'ombre d'un hêtre aux larges branches, te reposant en jouant sur
ton
pipeau un air champêtre qu'accompagne à son tour le
murmure de l'eau" il est permis de mettre en doute l'affirmation
que l'humble berger des Bucoliques disposait de moins de temps
libre que nous, même si son temps de travail journalier, étalé sur
toute une vie jusqu'à sa mort, paraît interminable selon nos
critères.
Lu dans:
Gérald Bronner. Apocalypse cognitive. PUF. 2021. 396 pages
Virgile. Les Bucoliques. Eglogue
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