"Il y a une voix qui n’utilise pas les mots.
Écoute.. "
Djâlal-od-Dîn Rûmî
C'est parfois quand tout va bien qu'on mesure que rien ne va mieux.
Bambin atteint d'une infirmité motrice sévère, il attendrissait
l'entourage. Enfant, devenu autonome dans sa voiturette, ne s'exprimant
guère que par des cris et des grognements, il agace. Sa maman, veuve
depuis deux ans, porte à bout de bras cet enfant qui lui échappe ainsi
que sa fratrie. Elle tente maladroitement d'exprimer son désarroi, plus
occupée à immobiliser l'enfant-loup qui transforme le cabinet en
parcours d'obstacles et à le calmer qu'à me parler. Dans le métro, en
rue, dans leur appartement elle subit le regard des voisins qui la
soupçonnent de maltraitance en raison de ces cris permanents. Elle a
inscrit ses deux grands à un cours de natation, et a dû y renoncer sous
la pression des autres nageurs ne supportant guère le vacarme issu des
tribunes. Cet après-midi elle consulte pour elle, mais ne dit rien, tout
est compris mieux que par aucune parole. L'appel de Rûmî à une écoute
active du silence est d'une
pertinence frappante dans cette consultation inhabituelle, qui ne
débouchera sur aucune formule miracle, si ce n'est que communiquer et se
sentir écouter c'est déjà du soin.
Lu dans :
Djalāl od-Dīn, dit Rûmî, poète, théologien et mystique persan
(1207-1273), dont l'œuvre principale est le Masnavi, commentaire du Coran
dans lequel il reprend certaines fables d'Ésope et ses propres
compositions poétiques.
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