Le petit instant présent

 

"C'est vrai qu'il y a des jours où l'on se sent un peu perdu
où l'on voudrait pouvoir revenir en arrière
pour retrouver l'odeur des champs et le goût du pain rompu
que faisaient nos mères

Heureux qu'il y ait des matins où l'on se lève en se disant
qu'ici et maintenant          la vie peut être belle et simple
que le soleil est à tout le monde         que la mer n'a pas de frontières
et que les fleurs sont libres."

                                               

Paroles éthérées attribuées (un peu légèrement par ChatGPT) à Michel Berger. Il n'empêche, elles font rêver et s'accrochent à d'autres, réelles celles-là, de Mahmûd Shabestari : l'année passée n'existe plus, et l'année à venir pas encore. Nous ne possédons que le petit instant présent. Les deux m'inspirent, l'imaginaire créée par un chatbox et celle d'un poète soufi du 13ème siècle, pourquoi  gâcher son plaisir?

Lu dans :
Mahmûd Shabestarî (1287 - 1320). Sagesse persane . La Roseraie du mystère. Suivi du Commentaire de Lahîjî. Actes Sud. 1995.

Let it be

 

"J'étais en déroute
quand ma mère me vint en rêve
avec des paroles d'une infinie sagesse

Laisse être
laisse faire
lâche prise
que tout se passe comme il doit se passer
à toute question Il y aura une réponse
laisse être

Que ta lumière soit celle
qui naturellement éclaire ton chemin
il y aura une réponse
laisse-la venir."
                       Paul Mc Cartney

La veille de l'enregistrement de Let it be, Paul Mc Cartney rêve de sa mère, morte d'un cancer lorsqu'il avait 14 ans. Les Beatles sortent de plusieurs années où tout était exagéré, et devenu conflit. Dans son rêve, sa mère lui aurait simplement dit “just let it be”. En se réveillant, il  en fait une chanson qui reste à ce jour l’une des plus connue des Fab Four. L'enregistrement a lieu les 25 et 31 janvier 1969, c'est Paul McCartney qui chante et joue au piano. Let It Be sera leur dernier single. Les Beatles enregistrent pour la dernière fois en tant que groupe les 3 et 4 janvier 1970, une incroyable saga prend fin. Laisse être / laisse faire / lâche prise / que tout se passe comme cela doit se passer.

Lu dans: 
The Beatles. Let it be. 1969. Apple labels.
Traduction libre de Let it Be :

When I find myself in times of trouble
Mother Mary comes to me
Speaking words of wisdom, let it be

And in my hour of darkness
She is standing right in front of me
Speaking words of wisdom, let it be

Let it be, let it be
Let it be, let it be
Whisper words of wisdom, let it be

Tous ces rêves

"Mais les rêves, tous ces rêves que l’on ne faisait plus
Mais les rêves, tous ces rêves que l’on croyait perdus
Il suffit d’une étincelle pour que tout à coup
Ils reviennent de plus belle, au plus profond de nous..." 
                    Pierre Rapsat. Les rêves sont en nous

On croit les avoir perdus pour de bon, en fait ils dorment en nous, prêts à se réveiller. Il suffit d'une parole de chant, d'une ligne de livre, d'une image de film pour que ce passé enfoui redevienne projet. Une étincelle pour ranimer un feu dans la cendre de nos vieux récits, nos vieux écrits, nos vieux amis. Demain je risque: en fin de chaque consultation, s'il reste une minute, je poserai la question: quel rêve aimeriez-vous encore réaliser. Je pourrais être étonné.

Lu dans:   
Pierre Rapsat. Les rêves sont en nous. 2001

Empapaouter

 "Tout le monde sait comment faire des bébés / Mais personne ne sait comment on fait des papas."                               

                                    Stromae, Papaoutai

Le dernier livre de Gabriel Ringlet reprend et commente sa "toujours bonne nouvelle" de l'Evangile à l'aide d'extraits aussi divers que contemporains. Tel ce Papaoutai de Stromae, auquel fait référence une réflexion sur les doutes de Joseph  lors de l'annonciation et sur le sentiment d'abandon par son père de Jésus sur la croix. 

Lu dans:  
Gabriel RINGLET. La blessure et la grâce. Albin Michel. 2023. 277 pages
Stromae, Papaoutai.Racine carrée. 2013. Le titre Papaoutai est un trompe-oreilles, inventé à deux sens : Papa où t'es ? et empapaouter signifiant duper quelqu'un en argot, rappelant ainsi l'attitude volage du père et les souffrances du fils.  

         

Et j'veux qu'on rie, et j'veux qu'on chante

 "Le premier verre est dans la mélancolie, le deuxième dans la gaieté, le troisième dans la joie d’être vivants et réunis."

                        Bernard Pivot

Dans un désopilant autoportrait, Bernard Pivot désormais octogénaire narre les obsèques d'un ami, relevant avec un humour bravache que si on souhaite avoir du monde à son enterrement mieux vaut ne pas mourir trop vieux.

Lu dans: 
Bernard Pivot. "... Mais la vie continue". Albin Michel. 2021. 224 pages. 

Le Road Trip d'une vie

 "Le vieux père du héros, la dernière personne que retrouve Ulysse, est désormais un vieillard brisé, seul dans son verger, fatigué de la vie. Le garçon, l'adulte, l'ancêtre : les trois âges de l'homme. Ce qui revient à dire que, parmi les voyages que retrace ce poème, il y a aussi le voyage d'un homme d'un bout à l'autre de la vie, de la naissance à la mort. Comment arrive-t-on à destination ? Que se passe-t-il pendant le voyage ? Et comment le raconte-t-on ?" 

                                Daniel Mendelsohn

Il y a les voyages dont on rêve, ceux des grands paquebots, des beaux avions, des grosses Harley Davidson sur la mythique Route 66 de Chicago à Los Angeles. Et puis celui qu'on parcourt tous, le voyage qui nous mène d'un bout à l'autre de notre vie, de la naissance à la mort. Ses étapes balisent notre récit, avec cette question souvent posée : à quel moment du parcours aurons-nous été le plus fidèle à nous-même? Quand nous n'étions que projets jaillissants, quand nous les réalisions ou quand nous nous en souvenions? Il est des cassures en cours de route qui construisent de belles personnalités, alors que d'autres bénéficient d'un parcours linéaire qu'on leur envie et qui ne leur laisse à terme que des regrets. Rien n'est simple.

Lu dans: 
Daniel Mendelsohn, Clotilde Meyer, Isabelle D. Taudière. Une odyssée - Un père, un fils, une épopée. Flammarion. 2017. 430 pages

Seul, ensemble

 "Aujourd’hui, on ne sait plus regarder une fleur sans la prendre en photo, pour la poster aussitôt sur Instagram et dire "Vous voyez, je suis sensible à la beauté du monde".

On est devenu bizarre...»
                    Jean-Louis Fernandez.

On ne se fie plus à sa mémoire. Là où on se souvenait d'un visage, d'un paysage, d'un chant, d'une citation, d'un poème, voire d'un numéro de téléphone ou d'une adresse, nous sommes pris d'une frénésie d'appropriation dans les puces de nos smartphones, et ensuite de restitution aux centaines d'amis de nos réseaux sociaux, blogs, listes de diffusion. On ne peut plus avoir une réflexion sans s'empresser de la partager comme parole d'évangile. Je n'échappe bien sûr pas à la règle, et m'interroge quotidiennement sur cette manie. Combien de jours pourrions-nous vivre débranchés de tout cela, ce serait pourtant une belle expérience.

Lu dans: 
Nicolas Crousse. On peut être nostalgique   sans être réactionnaire. Le Soir. Jeudi 23 mars 2023. Culture p16

Mon ennemi, mon frère

"Pardonne-moi, camarade : comment as-tu pu être mon ennemi?
Si nous jetions ces armes et cet uniforme, tu pourrais être mon frère." 
                                    Erich Maria Remarque

Un moment  emblématique du récent film d'Edward Berger "À l'Ouest, rien de nouveau" (2022) narre la confrontation d'un mort et d'un vivant, ennemis dans la guerre des tranchées et pourtant soudain si proches. Un récent article de presse interrogeant un soldat ukrainien tapi dans sa tranchée laisse percer l'horreur ressentie face au massacre de ses adversaires russes, lancés à la mort par centaines sans formation militaire, juste pour faire nombre, et dont les cadavres pourrissent sans qu'on s'en préoccupe. On se tue pour survivre soi-même, et pour la survie de son pays, mais quelle folie que la guerre.

Lu dans:  
Erich Maria Remarque. À l'Ouest, rien de nouveau. 1928. Le Livre de Poche (1973) 224 pages.

49/3 sur le recul de l'âge de la retraite

 "Reculer l'âge de la retraite à 64 ans c'est allonger un peu la route pour éviter de se trouver coincé dans un bouchon. C'est reculer pour mieux sauter, car l'attente du plaisir est déjà du plaisir." 

                            Raffarinade (*) sur un thème actuel

Ce qu'aurait pu dire Elisabeth Borne à la tribune, si elle avait le sens de la formule. Faute de quoi, on se prend à relire Victor Hugo qui a repris la plume pour la circonstance:

"Ah, voici le peuple de France qui se dresse,
Comme le fauve auquel on a volé sa tanière,
Sa voix puissante résonne dans les rues,
Tels les éclats de la foudre qui tonnent dans les cieux.

Les barricades se dressent, symboles de sa colère,
Et le peuple se lève pour faire entendre sa voix,
Contre les oppressions, les injustices, les misères,
Il réclame l'égalité, la liberté et la loi.

Le 47/9, voici la goutte qui fait déborder le vase,
Les travailleurs épuisés, les étudiants en rage,
Tous unis dans un même élan, dans une même audace,
Pour faire tomber les murs de l'ordre établi, de la page.

Les forces de l'ordre s'abattent sur eux, sans pitié,
Mais le peuple ne se laisse pas faire, il résiste,
Car il sait que la victoire est au bout du chemin tracé,
Et que la révolution est la seule issue juste et juste liste."

Lu dans:

(*) Une "raffarinade" est une expression qui fait référence à l'ancien Premier ministre français Jean-Pierre Raffarin, connu pour ses formules parfois maladroites ou humoristiques lors de ses prises de parole publiques. Le terme a été créé pour désigner les phrases marquantes ou les jeux de mots employés par M. Raffarin au cours de sa carrière politique.

Victor Hugo. Le retour des barrricades. Presses de la Liberté. 2023. 96 pages. Extrait p.42

Et revoilà le printemps

 "Revoila le soleil
que c'est bon
L'hiver fut long et rude
c'est comme si on ne l'avait plus vu depuis des années
Revoilà le soleil
que c'est bon."
                The Beatles. Here comes the sun

Une coutume veut que chaque matin d'une mission spatiale, les équipages soient réveillés par un instant musical. Les techniciens de la NASA le firent durant toute la durée de la mission sur Mars de Spirit et Opportunity, deux rovers lancés en 2003 qui fonctionnèrent bien au-delà de leur durée de vie prévue de 90 jours, Spirit jusqu'en 2010 et Opportunity jusqu'en 2018. L'hiver est particulièrement dur sur Mars, limitant les contacts pour épargner les batteries solaires. Ce matin de printemps, le réveil à la vie des deux robots se fit par la ballade joyeuse de "Here comes the sun" des Beatles, clin d'oeil humain dans une aventure technologique où mêmes les sondes deviennent nos enfants. 

Vu dans: 
Good night Oppy. 2022.  Réalisateur : Ryan White. Amazon Prime. 
The Beatles. Here comes the sun. Abbey Road. 1969

Les choses qui s'en vont

 "Qui êtes-vous? Et moi qui suis-je? C'est comme si je perdais mes feuilles."

                        Florian Zeller. Le Père 

Prodigieusement efficace et profondément émouvante , la pièce de Florian Zeller découverte ce soir en première au Public nous fait partager une tranche de vie d'une famille comme les nôtres, confrontée à un père aimé et apprécié dont l'esprit est progressivement en train de se détériorer. Scène après scène, on pénètre dans le labyrinthe de relations familiales forcément complexes, on se perd entre les réalités et les vérités du père et de sa fille, entre ce que voit le père et ce que dit la fille. Et on se sent perdus, désarmés devant le spectacle du chaos mental de ce vieux monsieur qui perd les pédales. L’effet de confusion est total. Comme l'a décrit en mots sobres une critique à l'occasion de la sortie du film éponyme The Father, il s'agit d'une "peinture majestueuse des choses qui s'en vont".

Lu dans: 
Florian Zeller. Le Père. Théatre Le Public. Mise en scène Alain Leempoel. Avec Yves Pignot, Stéphanie Goemaere, Frederik Haùgness, Patricia Ide, David Leclercq, Nicole Oliver
Jeannette Catsoulis. The Father Review: A Capricious Mind. The New York Times,‎ 25 février 2021.

Les guerres calmes

 "Il tomba en octobre mil neuf cent dix-huit par une journée qui fut si tranquille sur tout le front que le communiqué se borna à signaler qu'à l'ouest il n'y avait rien de nouveau."  

                                Erich Maria Remarque

La découverte du film de Berger, récent Oscar du meilleur film international, m'a fait relire le livre d'Erich Remarque. En même temps la presse annonce que la bataille de Bakhmout, "le hachoir à viande" fait jusqu'à 1.000 morts par jour pour gagner quelques mètres de terrain. Là aussi, la journée au front est considérée comme normale, les positions sont restées stables. L'extrême violence de certaines scènes du film laisse imaginer ce que vivent les soldats calfeutrés dans les tranchées du Dombass. On se rassure qu'on ne peut rien y changer, mais tout de même...

Lu dans :
Erich Maria Remarque. A l'ouest rien de nouveau Stock. 2009 (1ère édition 1928) . 288 pages.
Edward Berger. À l'Ouest, rien de nouveau (Im Westen nichts Neues). Film germano-américano-britannique 2022.

L'esprit des noix

"Dans son Traité du Temps     Rabbi Al Zeïmer
parle de l'Ange Mar     berger des souvenirs perdus
qui veille sur les instants sans nom et sans propriétaire   
                        Claude Roy . La nuit noire.

A quoi pense-t-on un dimanche soir en décortiquant un seau de noix, la TV et la radio éteintes, livres et journaux laissés à eux-mêmes l'espace d'une soirée? A rien précisément, et c'est ce qui rend ces moments rares aussi précieux. Quand toute une activité se limite à  séparer les coques broyées des cerneaux, l'esprit au repos vagabonde dans un temps ralenti. Se croisent alors dans un désordre paisible la vision du noyer protecteur dont elles sont tombées, l'amertume du vin de noix préparé durant l'été, la beauté mystérieuse des multiples sillons qui en font de petits cerveaux en miniature. Que connaît-on de la vie d'une noix? De sa venue au monde suivie de sa disparition, étapes insignifiantes peut-être mais - à y réfléchir - aussi mystérieuses que le sont nos vies, entre naissance et départ.

Lu dans:
Claude Roy. Le Noir de l'aube. Gallimard. NRF. 1990. 154 pages. Extrait p.73

Créer c'est se déposséder

"D'un trait de plume elle fit un oiseau
Qui s'envola sans elle..."    
                    Marc Vanwelde

Moment précieux où la création échappe à son auteur pour vivre sa propre existence, imprévisible. Sans aller jusqu'au Stradivarius qui dépassera le temps de vie du luthier de plusieurs coudées, l'itinéraire d'un livre, d'une chanson, d'un tableau a sa part de mystère: il n'y avait rien, des notes se sont assemblées dans la tête et sous la main d'un compositeur pour devenir la Marseillaise, Imagine ou Le Temps des cerises. L'encre n'est pas encore sèche que déjà il ne possède plus sa création, qui connaîtra parfois des méandres inattendus. Le Temps des cerises, romance d'un amour perdu créée en 1866, réorientée et dédicacée cinq ans plus tard par son auteur à une modeste ambulancière lors de la semaine sanglante de la Commune de Paris (1871), pour devenir un siècle plus tard la chanson la plus interprétée et enregistrée en France par une centaine d'interprètes différents. Créer et se déposséder pour atteindre une forme de (petite) éternité.

Voyager

 "Le seul véritable voyage, le seul bain de Jouvence, ce ne serait pas d’aller vers de nouveaux paysages, mais d’avoir d’autres yeux, de voir l’univers avec le regard d’un autre, de cent autres, de voir les cent univers que chacun d’eux voit…"

                    Marcel Proust. À la recherche du temps perdu

Partir, ou laisser venir? Il est deux manières d'aborder les lointains et beaux paysages: y aller soi-même, ou se glisser dans le regard de ceux qui y sont nés. Ayant la chance d'accueillir chaque jour la diversité du monde dans la salle d'attente, j'ai pris l'habitude au terme de leur consultation de noter leur adresse de naissance dans l'écran de recherche de Google Maps, Illustrations. Je leur demande ensuite de commenter les images de leur village des montagnes d'Afghanistan, ou du désert du Sud algérien, du coin perdu d'Anatolie, de la baie de Tanger ou des senteurs de la Sicile où ils sont nés, où ils retournent chaque année retrouver leurs parents et leur famille, où ils reviendront définitivement peut-être un jour. Aller à la rencontre des autres, de tous les autres, reste une nécessité pour moi. Avec cette urgence d'embrasser non pas cent, mais mille vies, des milliers d'expériences. Car une seule vie, c'est beaucoup et trop peu à la fois. Courtes récréations qu'on s'offre dans la journée, qui donnent de la chair à une pratique médicale et l'assurance de partager une même planète avant d'être les habitants d'un quartier ou d'une ville.

Lu dans: 
Mireille Dumas. Rencontres inoubliables - Vie privée, vie publique. Cherche Midi. 2021. 224 pages

Ouvrez ouvrez la cage aux oiseaux

  "Une cage s’en fut à la recherche d’un oiseau." 

                                Frans Kafka

Le propre de l'aphorisme n'est-il pas de penser hors-cadre, tel ce désopilant rapport inversé entre cage et oiseau?  Une cage à la porte ouverte ( merci Pierre Perret ) devient refuge contre le prédateur pour l'oiseau libre qui y revient le soir. Enfant, j'observais avec fascination les pigeons du dimanche ("Cambrai, ciel couvert, les convoyeurs attendent") rejoignant un à un leur pigeonnier le soir, en toute liberté après des kilomètres de vol, pour s'y reposer. L'enfer, ce n'est pas la cage mais l'enfermement. Baudelaire écrivait : “Quand je regarde l’arbre, je deviens l’arbre.” Avec l'oiseau, c’est pareil : quand on le lâche et le regarde partir, c’est un bout de soi qui s’envole et nous enseigne le bonheur du lâcher-prise, l'incertitude de son retour le soir, mais aussi la joie de le voir revenir. 

Lu dans: 
Franz Kafka. Les aphorismes de Zürau. Aphorisme 16. Arcades Gallimard. 2010 (publ.posthume). 143 p.
Cité par Florence Delay dans Zigzag. Seuil . La Librairie du XXIe siècle. 2023. 192 pages