"Une cage s’en fut à la recherche d’un oiseau."
Frans Kafka
Le propre de l'aphorisme n'est-il pas de penser hors-cadre, tel
ce désopilant rapport inversé entre cage et oiseau? Une cage à la
porte ouverte ( merci Pierre Perret ) devient refuge contre le
prédateur pour l'oiseau libre qui y revient le soir. Enfant,
j'observais avec fascination les pigeons du dimanche ("Cambrai,
ciel couvert, les convoyeurs attendent") rejoignant un à un leur
pigeonnier le soir, en toute liberté après des kilomètres de vol,
pour s'y reposer. L'enfer, ce n'est pas la cage mais
l'enfermement. Baudelaire écrivait : “Quand je regarde l’arbre, je
deviens l’arbre.” Avec l'oiseau, c’est pareil : quand on le lâche
et le regarde partir, c’est un bout de soi qui s’envole et nous
enseigne le bonheur du lâcher-prise, l'incertitude de son retour
le soir, mais aussi la joie de le voir revenir.
Lu dans:
Franz Kafka. Les aphorismes de Zürau. Aphorisme 16. Arcades
Gallimard. 2010 (publ.posthume). 143 p.
Cité par Florence Delay dans Zigzag. Seuil . La Librairie du XXIe
siècle. 2023. 192 pages
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