"La noblesse prêtée à l’aigle: les hommes croient discerner dans son anatomie, ses sourcils froncés, son œil perçant, sa bouche close avec fermeté, le tempérament déterminé que l’on prête aux héros. Ils en ont donc fait un emblème, que l’on retrouve brandi sur les étendards des légions de César et du Reich allemand. L’auraient-ils fait s’ils avaient considéré combien l’intelligence de ces oiseaux est limitée ? Si on peut dresser les aigles pour la chasse, c’est qu’ils ne comprennent pas qu’à leur retour sur le poing du dresseur, ils seront de nouveau attachés. Jamais un corbeau ne commettrait une erreur si stupide !"
Jean-Pierre Elkabbach
Pièges de l’anthropomorphisme. Supplanter l'aigle par un noir corbeau
fait sourire. Imagine-t-on la Une des quotidiens célébrant en 1815 «
le retour de l'Aigle », exilé sur l'île d'Elbe et débarquant à
Golfe-Juan pour remonter la France jusque Paris, titrer "le retour du
Corbeau"? Le mythe aurait manifestement pris une densité différente.
Lu dans:
Jean-Pierre Elkabbach. Les rives de la mémoire. Bouquins. 2022. 440 pages
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