"Encore un jour qui vient au monde
dans le premier moteur qui gronde
dans le premier enfant qui pleure
j'écoute monter la rumeur
du point du jour.
./..
La radio donne des nouvelles
quelque part la vie n'est pas belle
des bombes crient dans le lointain
défense de voir le matin
au point du jourMon bonheur me fait un peu honte
tandis que dans ma chambre monte
la bonne odeur de café noir
encore un jour la vie l'espoir
le point du jour.
Jean Ferrat
Ce dimanche, il est cinq heures trente , le jour s'éveille. Un à un, dans l'ordre inverse des instrumentistes de la symphonie Les adieux de Haydn (*) les oiseaux au jardin entrent en scène et en voix. Cela porte un bien joli nom : le choeur de l'aube. Leur succède, une demi-heure plus tard, le premier avion emportant ses passagers, suivi à intervalles réguliers par d'autres. Bruit devenu familier, pas vraiment agressif, se superposant au murmure continu et lointain du grand ring de Bruxelles. On tente d'imaginer tous ces passagers qui s'envolent vers leurs rêves ou un proche lointain, ces chauffeurs de toute nationalité arpentant incessamment les routes dans des conditions difficiles, ces hommes et ces femmes rejoignant leur poste de travail et partis tôt pour éviter les embouteillages. Des oiseaux, des hommes, des femmes et nous qui terminons la nuit douillettement parce que c'est dimanche. Bruits extérieurs rassurants: la vie est là.
Lu dans:
Jean Ferrat. Au point du jour. Barclay 1967
(*) Joseph Haydn. Symphonie n° 45 en fa mineur «Les Adieux». 1772, qui
voit les instrumentistes quitter la scène un à un pour signifier leur
fatigue au prince Esterházy, qui avait interdit aux familles des
musiciens de les rejoindre. Un mouvement syndical avant l'heure.
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