01 septembre 2025

Une rentrée qui est aussi la nôtre

 "Louis s’est alité pour de bon, le souffle rauque et transpirant à grosses gouttes. Rassasié de vie, il ne craint qu’une chose: devoir quitter la fenêtre par laquelle il a vue sur son jardin et le potager qui le borde. Tant d’années consacrées à semer, repiquer, arroser, tailler ne peuvent s’évaporer sur un brancard d’ambulance appelée dans l’urgence.  Louis fut ainsi mon premier patient, quatre jours avant que ne s’ouvre mon cabinet, sentant bon la peinture fraîche et la science récemment acquise. Je le vis à son domicile en jeans et chemise tachés par le plâtre. Il voulait rester chez lui, ce qui bouleversait tout mes projets thérapeutiques acquis en faculté, mais c’est ainsi que le métier entre: je le laissai contempler son jardin. Il nous quitta le lendemain, doucement.  J’ouvris ma pratique à la date prévue. Avant d’avoir guéri un seul patient, j’avais déjà un mort, ce qui m’enseigna l’humilité. "
                    CV


Le premier jour de septembre reste un moment charnière dans l'année, quel que soit notre âge. Retrouvant incidemment ce billet dont je ne renie rien, et dans lequel  beaucoup de mes collègues se retrouveront sans aucun doute, il me revient qu’aujourd’hui 1er septembre 50 années se sont déroulées depuis la mort de Louis et le début d'une pratique gratifiante. Réussites, échecs, mais surtout confrontation à des récits de vie qui m'apprirent la diversité et la  richesse de l'être humain.  Que souhaiter de mieux à tous nos jeunes qui retrouvent ce jour les bancs de l'école? Le cadet de nos petits-enfants entame sa première primaire aujourd'hui, exprimant son impatience à "travailler". Il nous rassure: l'incertitude actuelle ne durera pas et ils ont entre leurs mains un infini possible.


Lu dans:
Carl Vanwelde. Carnets buissonniers. Ed Weyrich. 2021. 506 pages.  Extrait p.13

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Heureuse de votre retour . Merci.