"Nous prîmes alors la route souterraine,
pour regagner le monde de lumière,
sur la rive gauche, sur le chemin,
je vis un lieu désert, rare et sauvage,
de visage terrible, et d’un silence profond. »
Dante. La Divine Comédie.
Rien ne m'est apparu plus significatif de l'univers construit qu'on nous présente désormais comme la réalité, que ce récit du retour des otages de la bande de Gaza. Aux images d'une Place des Otages en délire, de la Knesset acclamant debout Donald Trump, de la "paix éternelle" signée à Charm el-Cheikh, sans la présence des belligérants, par vingt dirigeants imprégnés de leur importance, je préfère la description de Dante dans sa Divine Comédie. Comment imaginer heureux le retour dans leurs familles de ces morts-vivants, leur douloureuse réintégration après tant de désespérance? Se représenter leur arrivée au Nord de la Bande de Gaza, remis à la Croix-Rouge comme Dante et Virgile sortant de l’Enfer et ouvrant les yeux sur "un lieu silencieux et effrayant avant de rejoindre le Purgatoire". C’est là que dans la Divine Comédie Dante sera finalement réuni avec Béatrice, émergeant de l’autre côté du monde pour retrouver un pays, une famille, un quartier dont ils avaient conservé le souvenir et qui n'existe plus.
Lu dans:
Dante. La Divine Comédie. Chant XXXIV. L’Enfer.
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