23 octobre 2025

Fatma Hassona, la mémoire de Gaza

 

"Peut-être vais-je commencer ma mort dès maintenant,
avant que l’homme debout devant moi
aiguise son fusil précis
et qu’il en finisse
et que j’en finisse." 
                Fatma Hassona. L’Homme qui portait ses yeux


L'émouvant film issu des échanges durant une année, par smartphones interposés, entre la réalisatrice iranienne Sepideh Farsi, exilée en France, et Fatma Hassona, jeune palestinienne de 24 ans prisonnière de l'enfer de Gaza, se termine dans un silence assourdissant. Une bombe israélienne vient de la faucher ainsi que toute sa famille, réduisant la maison familiale en poussière. Des décombres d'une ville martyre surgira peut-être une Riviera comme suggéré avec un cynisme rare par un président des Etats-Unis délirant, mais le visage rayonnant de la jeune palestinienne ne quittera plus nos mémoires, vivant témoignage de l'absurdité de cette guerre.  
Regagnant le métro par les rues illuminées du centre ville de Bruxelles, rarement notre capitale nous parut aussi belle. Une ville en paix, la lumière des vitrines, l'odeur chaude des gaufres, la longue queue devant une friterie emblématique, un musicien de rue s'accompagnant à la guitare, comment tout cela est-il possible: qu'est-ce qui est fiction, et qu'est-ce qui est réel?  Comment faire cohabiter en nous, tout en restant sereins, ces images de gravats et de ruines se superposant à la féérie des illuminations? Comment réunir ces fragments dédoublés qu’on appelle un individu ? 


Lu dans: 
Put Your Soul on Your Hand and Walk. Film documentaire de Sepideh Farsi, avec Fatma Hassona. 2025. France, Palestine, Iran. 110 min.

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