"Peut-être vais-je commencer ma mort dès maintenant,
avant que l’homme debout devant moi
aiguise son fusil précis
et qu’il en finisse
et que j’en finisse."
Fatma Hassona. L’Homme qui portait ses yeux
L'émouvant film issu des échanges durant une année, par
smartphones interposés, entre la réalisatrice iranienne Sepideh
Farsi, exilée en France, et Fatma Hassona, jeune palestinienne de
24 ans prisonnière de l'enfer de Gaza, se termine dans un silence assourdissant. Une bombe
israélienne vient de la faucher ainsi que toute sa famille, réduisant la
maison familiale en poussière. Des décombres d'une ville martyre surgira peut-être
une Riviera comme suggéré avec un cynisme rare par un président
des Etats-Unis délirant, mais le visage rayonnant de la jeune
palestinienne ne quittera plus nos mémoires, vivant témoignage de
l'absurdité de cette guerre.
Regagnant le métro par les rues illuminées du centre ville de
Bruxelles, rarement notre capitale nous parut aussi belle. Une
ville en paix, la lumière des vitrines, l'odeur chaude des
gaufres, la longue queue devant une friterie emblématique, un
musicien de rue s'accompagnant à la guitare, comment tout cela est-il possible: qu'est-ce qui est
fiction, et qu'est-ce qui est réel? Comment faire cohabiter en
nous, tout en restant sereins, ces images de gravats et de ruines
se superposant à la féérie des illuminations? Comment réunir ces
fragments dédoublés qu’on appelle un individu ?
Lu dans:
Put Your Soul on Your Hand and Walk. Film documentaire de Sepideh
Farsi, avec Fatma Hassona. 2025. France, Palestine, Iran. 110 min.
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