"Depuis quelques semaines, une question court les labos : quelle est l’anagramme de « chauve-souris » ? La réponse n’est pas évidente, mais tout à fait d’actualité : « souche à virus ».
Nathaniel Herzberg (Le Monde)
Merveille de résilience vis-à-vis des maladies infectieuses, la
chauve-souris est l’objet de nombreuses études qui cherchent à percer le
secret de son système immunitaire inné qui en a fait le réservoir
croisé de l'épidémie de SRAS en 2003, ou celle du coronavirus MERS en
2012. Mais aussi la fièvre hémorragique Ebola, et ses 11 000 morts, en
2014-2015, ou le virus de Marburg, qui a tué plusieurs centaines de
personnes, entre 1998 et 2000, en République démocratique du Congo, et
en 2004-2005, en Angola. Ou encore les poussées mortelles du virus
Nipah, en Malaisie, à Singapour et au Bangladesh, dans les années 1990
et 2000, ou de virus Hendra, à la même époque, en Australie. N'en jetez
plus, « Souche à virus » n’est plus une plaisanterie. Lors d'une vaste
étude comparative sur la présence de coronavirus à travers le règne
animal, sur les 12 333 chauves-souris testées, 1 065 se sont révélées
positives, contre 4 des 3 470 primates, 11 des 3 387 rongeurs et 2 des 1
124 humains. Autrement dit, 98 % des coronavirus retrouvés provenaient
de ces petits mammifères volants. Un vrai mystère : comment ces animaux
résistent-ils à tant de pathogènes mortels pour les autres espèces ? Le
percer pourra certainement mieux nous préparer à affronter les virus à
venir en développant des traitements. Ceci dit, quand on évoque "la"
chauve-souris, seul mammifère capable de voler, c'est en réalité plus
de 1 300 espèces qu'on parle, un quart de l’ensemble des mammifères
connus. Méconnues et mal aimées, les chauves-souris évoquent
l’atmosphère lugubre des films d’horreur. Vingt-quatre espèces ont été
recensées dans notre pays (vingt sur le territoire de la Région de
Bruxelles-Capitale), abritées en hiver dans les souterrains (caves,
grottes) et parfois les arbres creux, soit des lieux relativement
humides où la température est constante et jouissant d’un calme parfait.
En été, les chauves-souris préfèrent la chaleur des boiseries, des
greniers et des coffres à volets. Elles peuvent aussi occuper des trous
d'arbres. Autant de réservoirs à Coronavirus, que les scientifiques
redoutent de voir disparaître comme objets d'études immunitaires. Autant
savoir.
Lu dans:
Nathaniel Herzberg. Les secrets de la chauve-souris, « souche à virus » au système immunitaire d’exception. Le Monde Sciences. 13 avril 2020.
Nathaniel Herzberg. Les secrets de la chauve-souris, « souche à virus » au système immunitaire d’exception. Le Monde Sciences. 13 avril 2020.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire