"Les flammes ont dévoré entièrement la maison où je suis né
alors je me suis embarqué pour distraire mon chagrin (..)
il me semblait que toutes les joies de mon enfance étaient brûlées dans ma maison.
À ce moment une femme dans une barque
j’ai cru voir la lune se reflétant dans l’eau
si elle voulait je me rebâtirais une maison dans son cœur."
Thou-Fou.
Étrange, mais les mots se bloquent ce matin pour exprimer les
sentiments divers que m'évoque cet étrange confinement, si inégalitaire.
Se lisent à longueur de colonnes de belles réflexions sur le retour en
soi, les activités ludiques et les apéro-skype: la vie peut être belle
dans son chez soi. La retraite forcée, qu'on sait limitée dans le temps,
devient un ponton où s'imaginent les voyages futurs, où se projettent
les rêves de tant de belles rencontres. A trop l'évoquer, la gêne de
ceux pour qui le confinement est une épreuve se double d'un sentiment de
honte: de ne pas être pas riche, de ne pas avoir d'amis, de ne pas
aimer les concerts sur Auvio, de ne pas être sportif. Quand les
circonstances de la vie ont vu partir dans les flammes tous nos rêves
d'enfance, le distanciement social accentue le confinement intérieur. Un
patient confiait ne plus avoir osé mettre un pied dehors depuis un
mois, mais le pire "c'est que je suis dans un tel état de découragement
que lorsque je regarde les journaux télévisés j'ai le sentiment que cela
ne me concerne plus."
M'habite, lancinante, cette interrogation sans réponse: comment
peut-il être que certains mettent tant d'années pour atteindre l'endroit
où moi je suis né? Judith Walter (Judith Gautier). Le Livre de jade. Alphonse Lemerre, éditeur. 1867 . La maison dans le coeur. Extrait pp. 35-36.
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