"Toutes les enfances, même infernales, ont un paradis qui peut tenir dans une poche de pantalon, comme un mouchoir. Les uns y essuient leurs larmes, les autres y gardent des odeurs, des parfums, y serrent comme des écureuils quelques menus trésors : un caillou, une queue de lézard ou d'orvet, quelques brins d'herbe, ce qui toujours pèsera plus dans la mémoire de l'homme que les livres, les cathédrales, tous les musées du monde."
Guy Goffette
Une soirée. Une soirée habitée par les nouvelles du monde, par
cette pandémie omniprésente, par la lecture du Monde diplomatique qui en
analyse les causes et le futur. Éteignant ma tablette surgit un dernier
WhatsApp, frais comme un rire d'enfant. "Merci les parents! Les enfants
sont très sensibles à ce genre de petites choses ces derniers temps...
un petit œuf en chocolat, une petit gomme au vin,... c’est un peu notre
manière de les gâter aussi. Ils sont en pleine forme ici, Basile et
Jeanne ont joué toute la journée au jardin déguisés en pirates,
construit une cabane, une enfance insouciante assez éloignée des fils
d’actualité dont ils ont l’air de se foutre royalement... ils attendent
tous les soirs 20:00 pour aller un peu crier dehors, taper sur leur
tam-tams et jouer au ballon dans la rue avec notre locataire Mateo. A
mon avis cette période restera gravée en eux comme un bon souvenir qui
leur aura permis de vivre à leur rythme au moins une fois dans leur
vie." Le rayon de soleil que nous envoient ces petiots illumine ma fin
de journée; il faut croire les journaux, mais aussi les pirates dans
leur cabane d'enfance. Éduquer un enfant n'est pas du dressage, c'est
l'é-lever comme on élève une offrande vers le ciel, comme on élève
(construit) un mur de protection, l'autorisant à s'inventer un monde
autre que le nôtre, qu'il construira un jour.
Lu dans:
Guy Goffette. Elle, par bonheur, et toujours nue. Gallimard. Folio. 2002. 155 pages.
Guy Goffette. Elle, par bonheur, et toujours nue. Gallimard. Folio. 2002. 155 pages.
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