"Pourquoi est-ce que je pense à mon ami malade? (..)
Il est désormais emmuré dans son corps
prisonnier de l'hôpital où les oiseaux ne volent pas (..)
Il fait paisiblement chaud et beau Le soleil
semble content d'être soleil II est facile
d'oublier le mal et la douleur et la cruauté
parce que le doux printemps la clarté du matin
les arbres bientôt verts les oiseaux dans le ciel
et le silence du jour écoutant le silence
feraient croire aujourd'hui qu'il est bon d'être né."
Claude Roy
Relire Eluard, "il y a un autre monde mais il est dans celui-ci." Deux ramiers refont leur nid à l'endroit précis où l'an passé ils couvaient leur nichée. Dans la rue la sirène d'une ambulance, et en même temps l'orchestre des fenêtres du 20 heures. Le patient déclaré perdu à Mulhouse, revenu à la vie à Fribourg et qui retrouve son village du Haut Rhin. Le vieux compagnons qui place ses mains dans l'empreinte précise de celles de sa femme, de part et d'autre de la vitre qui les sépare, et ils sourient. Les bout'choux qui s'étreignent, se quittent , se retrouvent le jour de la fin du confinement. L'espoir d'un jour qui lève, l'angoisse de l'obscurité qui vient. Qui suis-je donc, si semblable et si différent au cours d'une même journée? Le va-et-vient du bonheur des uns et de la détresse des autres tisse une trame où tout est vrai, et son contraire.
Lu dans:
Claude Roy. La fleur du temps. 1983-1987. NRF. Gallimard. 1988. 356 pages. Extrait p. 349
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