"Un soir sur la Loire, Jean-Christophe Bailly observe le mouvement perpétuel d’une bande d’étourneaux formant sans fin des figures liquides, triangulation de points noirs partis puis se retournant tout soudain comme une limaille attirée par un invisible aimant qui se déplacerait dans le ciel […]. Condensation de ce qui est non seulement libre mais véritablement libéré et agi dans le ciel, signature d’une pure ivresse du vivre, en un battement singulier et rêveur».
Avec Corine Atlan dans son beau Petit éloge des brumes on se laissera emporter par la contemplation de "ces vols d’étourneaux déployant
leurs figures liquides dans l’air du soir. Comme la masse mouvante
de la brume, composée de myriades de particules d’eau en lien les unes
avec les autres, les sociétés humaines forment elles aussi un ensemble
où évoluent des millions d’individus distincts mais reliés par des fils
invisibles – moins libres sans doute que les oiseaux dans le ciel qui,
eux, savent d’instinct se laisser traverser par le souffle du vivant,
par le Vide, dont l’Ouvert de Rilke est peut-être l’autre nom. Quel vent
invisible pousse ces nuées à tournoyer ensemble, à travers l’espace et
le temps, vers une destination qui leur échappe ?"
Lu dans :
Corinne Atlan. Petit éloge des brumes. Folio 6693. 2019. 128 pages.
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