"Pour rentrer chez vous, une seule adresse: la vôtre."
Pierre Dac
Si tu conduis, ne bois pas, surtout cette nuit. "Hep taxi, chez moi, cool." Faire simple quand la mémoire s'embrume.
Bon passage d'année 2018 !
"Pour rentrer chez vous, une seule adresse: la vôtre."
Pierre Dac
"Cela fait un peu Noël."
"Qu'est ce que je serais heureux si j'étais heureux !"
Woody Allen
Comme une mouche au plafond, les quelques mots mi-figue-mi raisin de Woody Allen excitent mon imagination depuis leur lecture. Le bonheur: construction patiente, don des fées à la naissance ou équilibre précaire sans cesse soumis à la bourrasque des événements extérieurs? La Saint Sylvestre et ses voeux de bonheur déclinés cent fois nous permettra d'en tester les multiples significations, pour autant qu'on pose la question à ceux à qui on les adresse. Apprêtons-nous dans ce cas à être surpris par les réponses.
"Le monde a le cœur déchiré
(..) Je te vois monsieur le cœurdonnier
Oui je te vois dans ton atelier
Tu répares avec l'innocence d'un enfant
Tu recouds avec le sourire d'un passant
Tu recolles avec la douceur d'une maman
Tu tisses avec du jaune, noir et du blanc
Mais quand je regarde ce monde de fou
Je me dis que le cœurdonnier c'est nous."
Soprano. Le coeurdonnier
"Arbre sur la montagne
Bravant la pluie et le vent.
En quête, en chasse,
Je trouve enfin sa trace.
Arbre sur la montagne,
Bourgeons près d’éclore.
Cueillies pour être acheminées,
On nomme ses feuilles thé.
Lao Shu.
"Il se peut que le progrès soit le développement d'une erreur."
Jean Cocteau. Voeux à la jeunesse pour l'an 2000
"La nuit mêlée de brume ces lumières qui tremblent
et on ne sait plus si ce qui brille en clignotant
est une étoile ou un Boeing ou une maison sur la colline
ou une voiture arrêtée avec ses phares en code
À la tombée du jour on ne sait pas non plus
si on a le cœur triste d'un jour déjà passé d'une journée de moins
ou le cœur calme parce qu'on a vécu près de ceux qu'on aime
ou simplement des sentiments brouillés vaguement métaphysiques."
Les lumières de la nuit tremblent dans la brume. "
Claude Roy
"L'espace est grand ouvert devant nous
Nous courons nos pieds tapant contre une mince surface d'eau la font jaillir en étincelles
rien ni personne ne nous dépasse sauf l'ombre des nuages qui court sur le sol."
Chantal Thomas
"On peut obtenir n'importe quoi d'un être humain qui espère."
Eric Faye
"Il faut remplacer la formule de Hobbes "L'homme est un loup pour l'homme" par "L'homme est un homme pour l'homme". L'histoire nous a appris que l'homme a été de tout temps le pire ennemi de son semblable."
Tahar Ben Jelloun sur Lepoint.fr
"Une tasse de thé à la main
face à un ami cher
le thé se refroidit doucement
le crépuscule est infini
une journée s’estompe
Demain à nouveau
l’agitation."
d'après Lao Shu, poète et critique d'art chinois
Quand tu puises de l’eau dans un seau,
Ce n’est pas à ce moment que l’eau vient à la vie ;
C’est l’eau de l’univers entier
Que tu puises dedans le seau.
Quand l’eau du seau est tarie,
Dispersée sur la terre mère,
Ce n’est pas à ce moment que l’eau disparaît,
C’est l’eau de l’univers entier
Répandue jusque dans l’entièreté de l’univers.
L’homme naît :
Ce n’est pas à ce moment, que la vie vient à la vie ;
C’est la vie de l’univers entier
Puisée dans cette parcelle de pensée
Que je nomme « je ».
L’homme meurt :
Ce n’est pas à ce moment, que la vie disparaît :
C’est la vie de l’univers entier
Répandue de la parcelle de pensée que je nomme « je »
Jusqu’au sein de l’entièreté de l’univers.
Kosho Uchiyama
"Quel que soit le bien que l'on dise de vous, on ne vous apprend rien de nouveau."
La Rochefoucauld
"Plus le travail devient une marchandise, plus les travailleurs rêvent de marchandises."
André Gorz
"Un vieil homme se repose, seul sur la grève
Il sent le vent dans ses cheveux, la nuit et la neige qui vient.
Depuis la rive plongée dans l'ombre il regarde vers la clarté
Là-bas, entre nuages et lac
Il fixe du regard cette image lumineuse,
Repense à son pays, aux années de bonheur,
Voit pâlir l'or, le voit disparaître,
Se détourne, quitte les saules
Et marche lentement vers l'intérieur des terres."
Herman Hesse. Eloge de la vieillesse
"C'était plus qu'à chanteur, c'était une part de la France."
Emmanuel Macron, aux funérailles de Johnny Hallyday
"J'étais, à tous égards, la plus formidable ratée que j'aie jamais connue."
J. K Rowling
“Tu m’interdis d’aller à l’école. Je ne deviendrai jamais médecin.
Pense à une chose : un jour, tu tomberas malade.”
Zarmina, poète afghane.
"L'amour sera-t-il toujours
La croisée d'une main qui va
Et d'une autre main qui vient?
Ou sera-t-il simplement
La foulée de deux rêves qui se croisent? "
Juarroz. Douzième poésie verticale
"J'étais bouleversée d'avoir ainsi détruit à jamais cet objet qui avait tant compté pour nous, cette plaque de minéral au dessin parfait à peu près aussi antique que la terre. (..) Mais le son même de sa fin avait été beau... la voix des choses."
Marguerite Yourcenar
"Le rêve a besoin d'eau."
Gaston Bachelard
"En route pour les montagnes vertes
pour le verbe d’automne
pour les fruits et les feuilles mortes
en route pour le vent
qui pousse les écoliers sur le chemin de l’école
en route pour l’océan rugissant
pour les nuages revenus comme des oiseaux migrateurs (..)
Quand j’étais gamin dans le car
qui nous emmenait en excursion scolaire
on n’arrêtait pas de chanter
maintenant dans le car de la vie
dans l’excursion de la vie
je continue de chanter
en regardant par la fenêtre (..)
Bâton contre bâton
en route vers la pluie tendre qui creusera la terre
les chaussures seront boueuses,
et l’herbe des prés, les arbres alignés
s'éveilleront à la gratitude de la nature créée."
d'après Emmanuel Moses. En route.
"... leur vie ne sera pas sauvée
mais qu'elle reste dans nos mémoires
pour vous hommes femmes
blottis écrasés
(..)
Vous avez été
même trop vite
même pas assez
vous avez été."
Laurent Gaudé
"Ce qu'on ne déteste pas:
étant affamé, trouver un repas grossier
allant à pied, trouver un mauvais cheval
après une longue marche, trouver un gîte
étant altéré, trouver une boisson froide
pressé, en voyage, trouver une barque
surpris par la pluie, trouver une cabane."
Li Yi-chan. Notes.
"La route est longue jusqu'à Bariloche. A la pampa vert épinard succèdent la steppe rocailleuse, des ciels immenses bigarrés d'hirondelles mauves et d'aigles noirs, des kilomètres et des kilomètres de pistes épineuses à travers le pays infini, puis la route s'élève, surgissent des montagnes à triple dentition, des mâchoires de requins, émergent les Andes hirsutes, le Tyrol argentin, et les Mengele longent un lac céleste lavé de neige quand enfin s'esquissent Bariloche et leur palace. Tout est merveilleux au Llao Llao, un bouquet de fleurs et des chocolats attendent les jeunes mariés dans leur chambre, démesurée et sobrement meublée, comme il se doit. Leur terrasse offre une vue panoramique des lacs Nahuel Huapi et Moreno qui enlacent la péninsule et la colline où est perché l'hôtel, un écrin de belles bâtisses aux toits pentus, comme une bourgade allemande médiévale, protégée des turpitudes et de l'agitation du monde. Le premier soir, l'agneau de Patagonie, cuit à la broche, est succulent. Martha est heureuse. À l'aube, lorsque la brume s'évanouit, elle frissonne devant tant de beauté, le paysage titanesque, les pitons violacés, les rais de lumière qui transpercent les forêts de hêtres antarctiques et de rouvres enneigés."
Olivier Guez. La Disparition de Jozef Mengele.
L'aventure lointaine
n'est jamais loin de l'aventure intérieure
partir rester
meubles ou valises?
Le même regard pour découvrir le glacier éternel
ou sa rue
l'étranger infiniment loin
ou infiniment voisin
Tout est découverte.
"Au ciel tout est vraiment bizarre
Le soleil est ton voisin
Les nuages passent et repassent devant toi
Comme un banc de poissons curieux derrière les parois de verre d'un aquarium
Au ciel ta vie est légère
Tu flottes joyeusement dans l'infini."
Emmanuel Moses. Vol Air France 1856
"Vous vous souvenez du fameux mot de Pascal: « Tout le mal de l'homme vient du fait qu'il ne peut se tenir seul dans une chambre. » Notre chambre était une cellule sombre, sans aucun meuble. Le dallage était froid, les murs nus. C'est dans cette nudité et ce dénuement absolu qu'il a fallu organiser cette vie intérieure nécessaire à la survie. Je dis « il a fallu », mais c'est justement l'indigence qui a favorisé cette organisation. C'est dans le silence et dans le noir, rivé à ma chaîne, que j'ai rassemblé tout ce qui était éparpillé auparavant dans ma vie d'homme libre. Enfin, je pouvais faire le ménage dans ma tête. J'en parle comme si je bénéficiais d'un privilège, alors que c'était l'horreur, mais je reconnais que dans ma vie d'homme libre, je n'avais pas eu le temps - ou l'envie - de faire ce nettoyage. Je m'aperçois ainsi qu'avant mon enlèvement, j'avais du mal à me retrouver face à moi-même. Pour le moindre temps libre, je me munissais d'un livre ou d'un journal : chez le dentiste ou voyageant dans le train ou en avion. Rester seul : c'est une chose que je ne parvenais pas à faire. Je croyais que le fait de rester seul avec ses pensées sans l'appui ou le secours d'un livre était une façon de perdre son temps..."
Jean-Paul Kauffmann
"Toutes les deux ou trois générations, lorsque la mémoire s'étiole et que les derniers témoins des massacres précédents disparaissent, la raison s'éclipse et des hommes reviennent propager le mal. Puissent-ils rester loin de nous, les songes et les chimères de la nuit. Méfiance, l'homme est une créature malléable, il faut se méfier des hommes."
Olivier Guez
«Qui sait tout souffrir peut tout oser. »
Vauvenargues
« Se préparer
au néant gai
adieu les choses adieu les gens
soyez contents
je me repose. »
Jean Rebuffat
"Tu ne sortiras pas de ta prison , petite âme
comme le canari ne sortira pas de l'échoppe du cordonnier au bas de chez moi
il chante sans discontinuer
est-ce d'espoir, de désespoir
de tristesse, de bonheur de vivre?
Qui sait?
Oui, qui sait pourquoi un oiseau chante dans sa cage?"
"Aminométhylpyrimidinylhydroxyéthylméthythiazolium"
"Parfois on apprend
que tous les morts ne sont pas vieux
est-ce pour autant
que nous devrions être condamnés à vivre dans la peur?
Chaque jour nous nous réveillons face aux mêmes choix
entre projets et inaction
entre l'aventure et la sécurité
entre vivre sa vie et se ménager une survie
Ce que j'ai appris ce jour-là
c'est qu'une vie d'évitement des risques
de peur de l'inconnu
mène à une existence déficiente
Moi j'ai choisi
parce que, à la fin,
la survie est insuffisante."
d'après Arya Shah. Defining dead.
"Un planeur est conçu et construit pour voler. Il ne faut pas l'en empêcher par des manœuvres inutiles."
Anselm Grün
"Les Grecs illustrent cette attitude par le lit de Procuste. Ce malfaiteur tronquait ou étirait les membres de ses victimes pour les adapter à un lit qui n'était pas à leur taille. Souvent, nous nous comportons en fonction d'images de nous-mêmes trop petites ou trop grandes. Nous mutilons nos possibilités, parce que nous avons de nous-mêmes une opinion trop modeste ou au contraire gonflée d'illusions."
Anselm Grün
"Vous avez noté qu'on dit un steak de bœuf, une côte de bœuf, un rôti de bœuf. Mais dès que le bestiau semble suspect c'est la vache qui devient folle."
Guy Bedos
"Le chez-soi, c'est le paysage modeste, le quartier, le village où l'on tutoie l'artisan, le garagiste ou le postier puisqu'on a été jadis sur les bancs de la même école. Être chez soi, c'est savoir à quelle date fleurissent les lilas, arrivent les huppes ou le coucou, poussent les premières jonquilles. Être chez soi, c'est étalonner le temps qui passe, comme on cochait jadis l'âge et la taille des enfants d'un trait de crayon sur le chambranle d'une porte. Être chez soi, c'est se réinscrire dans une longue filiation d'ancêtres dont le paysage garde la trace des activités qu'ils menaient jadis: granges, chemins, creux, vergers, vignes, pommeraies dont les alignements survivent à leurs créateurs."
J-C Guillebaud
"Passer ou rester
ton destin est de passer
fugace comme un sillon sur la mer
Ton chemin c'est l'empreinte de tes pas
que tu es seul à créer
sans avant ni après
Ne te retourne donc pas
sur la trace laissée déjà effacée
tu n'y reviendras pas . "
Antonio Machado. Proverbios y Cantares.
"Les feuilles des arbres entament leur ballet d'automne, des pluies d'or et de feu qui tomberont à mes pieds pour épaissir l'humus, la terre bonne et fertile. Il faut toujours mourir un peu pour se mettre au monde. Bientôt les branches reprendront leur allure hivernale de squelette. On annonce un hiver rude, impitoyable. Avec un peu de chance, la neige couvrira le chemin; elle me donnera le doux loisir de la regarder tomber par la fenêtre et me soumettre tranquillement aux éléments que je ne maîtrise pas."
Marion Muller-Colard
"Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Elam, Ninive, Babylone étaient de beaux noms vagues, et la ruine totale de ces mondes avait aussi peu de signification pour nous que leur existence même. Mais France, Angleterre, Russie… Nous sentons qu’une civilisation a la même fragilité qu’une vie. Ce n’est pas tout. La brûlante leçon est plus complète encore: les grandes vertus des peuples allemands ont engendré plus de maux que l’oisiveté jamais n’a créé de vices. Nous avons vu, de nos yeux vu, le travail consciencieux, l’instruction la plus solide, la discipline et l’application les plus sérieuses, adaptés à d’épouvantables desseins. Paradoxe: tant d’horreurs n’auraient pas été possibles sans tant de vertus."
Paul Valéry. La Crise de l'Esprit.
"Si nous étions rentrés chez nous en mil neuf cent seize, par la douleur et la force de ce que nous avions vécu, nous aurions déchaîné une tempête.
Si maintenant nous revenons dans nos foyers, nous sommes las, déprimés, vidés, sans racine et sans espoirs. Nous ne pourrons plus reprendre le dessus."
Erich Maria Remarque. A l'Ouest rien de nouveau.
"Dans quelle mesure un animal voyage-t-il ? Dans celle où il tend vers un but. Un perroquet dans sa cage ne fait que se déplacer avec son maître. Un oiseau migrateur voyage."
Jean Grenier
"Je n'ai pas encore compris comment fonctionne le monde
mais je sais très bien ce que le ciel exige de moi.
Le temps du gâchis est fini.
Maintenant, je pose la main sur tout ce qui est beau."
A. Romanes
"Trop vieux je n’aurai plus que les vents pour me bercer
et pour m’éclairer quelques étoiles
moi l’éternel enfant la boue d’atomes
les chatouilles d’électrons les pets de quarks… "
Claude Rahir
"Dans l'art de perdre il n'est pas dur de passer maître,
tant de choses semblent si pleines d'envie
d'être perdues que leur perte n'est pas un désastre.
Perds chaque jour quelque chose. L'affolement de perdre
tes clés, accepte-le, et l'heure gâchée qui suit.
Dans l'art de perdre il n'est pas dur de passer maître.
Puis entraîne-toi, va plus vite, il faut étendre
tes pertes : aux endroits, aux noms, au lieu où tu fis
le projet d'aller. Rien là qui soit un désastre.
J'ai perdu la montre de ma mère. La dernière
ou l'avant-dernière de trois maisons aimées : partie !
Dans l'art de perdre il n'est pas dur de passer maître.
J'ai perdu deux villes, de jolies villes.
Et, plus vastes, des royaumes que j'avais, deux rivières, tout un pays.
Ils me manquent, mais il n'y eut pas là de désastre."
Elizabeth Bishop (1911-1979)
"Il ne s'agit pas de savoir si un rêve est absurde ou irréalisable
mais s'il vous aide à tenir le coup.
Il y a des chimères qui ont bâti des civilisations
et des vérités qui ont tout détruit et n'ont rien su mettre en place."
Romain Gary
"A l'école, Annie apprend que la Méditerranée traverse la France comme la Seine traverse Paris."
Alice Zeniter. L'Art de perdre
« Ce corps qui fut un rire
brûle à présent
cendres emportées par le vent jusqu’au fleuve
et l’eau les reçoit
comme les restes de larmes heureuses. »
Tahar Ben Jelloun.
"Le matin il faut faire très vite. Tout est précis. Réglé. Tendu. Le réveil. La douche. Le petit-déjeuner de Noé. Le café. Passage de relais des informations de la radio aux dessins animés de la télé. Toilette de Noé. Habits de Noé. Manteau, cartable, voiture. Chanson de Noé. École de Noé. Bise rapide et baveuse de Noé. Retour à la radio. Voie rapide. Mouettes dans le rétroviseur. Parking de la bibliothèque. Moteur coupé. La trace sèche et invisible du bisou de Noé. Portière claquée. Collègues. Faux sourires. C’est parti jusqu’au soir. Toute la journée est réglée. Jusqu’au crépuscule qui recommence dans l’autre sens. Faux sourires. Parking. Voiture. Autoroute. Radio. École de Noé...
... On rentre à la maison. Voix de Noé. Là, les choses se défont. Se libèrent. Se dissolvent dans la langue de l’enfant. Dans le chemin du retour aussi. Petit à petit, le corps se détend. Et on commence à fondre."
Thomas Vinau
"Rien, jamais, en effet, ne remplacera le compagnon perdu. On ne crée point de vieux camarades. Rien ne vaut le trésor de tant de souvenirs communs, de tant de mauvaises heures vécues ensemble, de tant de brouilles, de réconciliations, de mouvements du cœur. On ne reconstruit pas ces amitiés -là. Il est vain, si l'on plante un chêne, d'espérer s'abriter bientôt sous son feuillage."
Antoine de Saint-Exupéry. Terre des Hommes.
"Tu vois, ils reviennent
observe bien
les mouvements et la démarche lente
l'hésitation feinte et l'agitation
Incertain je vacille. "
Ezra Pound. Le Retour
See, they return; ah, see the tentative
Movements, and the slow feet,
The trouble in the pace and the
uncertain
Wavering!
EZRA POUND, The Return
"Nous devons tous sortir de notre propre prison."
Fiodor Dostoïevski
"Au retour du bal costumé
un peu ivre
il se débarrassa de son déguisement devant le miroir de sa salle de bains
et soudain se figea :
ce n’était pas lui ! "
Pierre Chevillard
"Certains êtres, à mesure que le temps passe, deviennent de plus en plus libres : ils se redressent au lieu de s'affaisser. Il émane d'eux une énergie étonnante. Ils sont lumière pour qui les rencontre. J'aimerais savoir ce qu'ils ont fait des ombres de leur passé. De leurs regrets, de leurs déchirures. Comment ils s'en sont arrangés, ces êtres de lumière : comment font-ils ?"
Laurence Tardieu
Lui: "On ne choisit pas d’être heureux." Elle: "Promettez-moi au moins d’essayer."
Dr Knock
"Respirer votre rire est un médicament, se taire et vous écouter un voyage, entendre vos silences un pèlerinage. Un jour, Charlotte, votre Charlotte et mon amie aussi, a réalisé un rêve, le mien, celui de vous rencontrer. Depuis ce jour je pense à vous comme on pense à un proche, à un être aimé. Depuis nous avons partagé des gâteaux, des éclats de rire, des effondrements, notre peur de la Grande Faucheuse (qui, elle, se moque bien des oeuvres d'arts...). J'ai deux lettres de votre main, mon trésor. Vos mots... que j'adore... Parce que vous êtes amoureux de l'autre, parce que vous êtes amoureux de la sincérité (celle qui n'échappe qu'aux vaniteux), vous êtes l'irrésistible. Vous êtes l'unique et l'irremplaçable. Là vous me diriez volontiers : 'Arrêtez Mylène, vous me faites rougir !' Mais voilà... Le jour décroît ; la nuit augmente, souviens-toi ! Vous me manquez déjà. Vous nous manquerez, c'est ça..."
Mylène Farmer. Lettre à Jean
"Quelle solitude
soif de toi
temps si long
temps si lent
penses-tu parfois encore à moi?
J'ai tant besoin de toi
comme un fleuve solitaire descend vers la mer
coeur ouvert bras ouverts
je t'en prie attends-moi
je rentre à la maison."
adapté de Oh My Love du film Ghost
"Le verbe aimer n'est pas facile à conjuguer; son passé n'est pas simple, son présent n'est qu'indicatif, et son futur est toujours conditionnel."
Jean Cocteau
"J’ai menti, mais c’était de bonne foi."
Bernard Tapie. Procès du Match OM-Valenciennes. 1995
"Un jour, je te décevrai,
Et ce jour-là, j'aurai bien besoin
de toi"
Robert Desnos.
"Il était révoltéPersonnage d'exception, poète philosophe issu du monde du cirque, Alexandre Romanes est le premier Tzigane a avoir été décoré de la Légion d'Honneur, en 2016. Illettré, il apprend à lire et écrire sur le tard et est l'auteur de trois recueils de poèmes consacrés à la culture tzigane.
il voulait tout changer
sauf lui."
Alexandre Romanes
"Au fil des années, j'en suis venu à apprécier l'art culinaire. C'est un art tout aussi noble, j'en suis convaincu, que la peinture ou la poésie.
Si on ne l'apprécie pas, c'est simplement que le résultat en disparaît trop vite."
Kazuo Ishiguro, lauréat du Prix Nobel de littérature 2017
Un rabbin demandait : “à quoi peut-on reconnaître le moment précis où s’achève la nuit et où commence le jour ?” À cette question, une première réponse fut donnée, “quand on peut distinguer de loin un chien d’un mouton”. “Non”, dit le Rabbin. “Quand on distingue un dattier d’un figuier”. “Non”, dit-il encore. Mais alors, à quel instant ? “C’est, explique-t-il, lorsqu’en regardant le visage de n’importe quel être humain, tu reconnais en lui ton frère ou ta sœur. Alors tu peux être sûr que le jour s’est levé. Mais, jusque-là, il fait nuit dans ton cœur”.
Sagesse de la Mishna
"Le premier homme de la préhistoire qui composa un bouquet de fleurs fut le premier à quitter l'état animal : il comprit l'utilité de l'inutile."
Claudie Gallay
"Nous tenons chacun notre rôle dans l’histoire. Le mien, ce sont les nuages."
Richard Brautigan
"Ce jour-là ne fut le jour de rien. Justement. Pourtant il n’était pas pire que les autres. Pas de changement notable. Pas d’événement. Aucune surprise naissante. Aucun début. Aucune fin. Aucun rebondissement. Rien de flagrant, si ce n’était sa concordance tiède avec hier et demain. Lui, ne s’est pas levé transformé en cafard. Personne ne venait de mourir. Il n’a pas décidé de changer quelque chose. Ni de faire comme avant. Ni de regarder autrement. Ni de regarder autre chose. Il s’est levé avec le jour. Il a suivi l’ascension graduée de la lumière. Il a couru derrière. Il a fait ce qu’il avait à faire. Conservé ce qui pouvait être conservé. Protégé les siens. Fait les courses. Mis un pied devant l’autre. Il a été un homme. Un peu pénible. Un peu bon. Il ne fut ni honteux ni fier. Fatigué. Comme chaque soir. À l’abri comme chaque soir. Plutôt content que les choses se passent normalement."
Thomas Vineau
"La vieillesse est comparable à l'ascension d'une montagne. Plus vous montez, plus vous êtes fatigué et hors d'haleine, mais combien votre vision s'est élargie!"
Ingmar Bergman.
« La patrie n’est pas l’endroit où tu nais et où tu vis, sans que tu puisses choisir, qui te dépouille de tes droits, qui pille ta liberté et ton honneur. Non, la patrie c’est la terre qui te fait sentir ton humanité, qui te donne la paix, la liberté, la dignité, une vie généreuse, du travail, l’éducation et la créativité. »
Hoshang Ossi, réfugié syrien devant la mer à Ostende.
"Assise dans le couloir
un vieux magazine sur les genoux
j'écoute le buzz de l'énorme aimant
attirant et faisant tourner sur eux-mêmes
ces protons d'hydrogène
qui, autrefois, faisaient partie de moi
J'imagine cette poussière interstellaire intemporelle
ces restes d'étoiles et de galaxies
venus se poser dans son corps
à quelques mètres de moi, à plat sur la table d'examen
Je ne peux, à l'heure qu'il est, rien faire pour lui
réduite à l'attente, respirer, inspirer, expirer
immobile
pendant que son univers intérieur tourne."
Bonnie Salomon. Mon fils passe une IRM
"Des lieux de pleine habitation
où se rencontrent ces moments vécus dont nous portons longtemps sur nous l'empreinte
ou cette ancienne chanson entendue avec des amis dans le bar de la plage
dans cette couleur du nuage au-dessus des toits après la fin de la moisson
dans ce repas partagé
dans la sensation de l'eau qui coule encore sur le corps longtemps après la pluie
dans ces fêtes populaires
dans ces langages particuliers qu'on ne parlait qu'ici
tous ces lieux où quelque chose a été vécu."
Jean-Marc Besse.
"Le cœur de la nuit cherche
un asile dans la lumière
chaque chose
se réfugie dans son contraire
c'est ainsi qu'existe ce qui existe
Si s'annulaient les oppositions
tout cesserait d'exister."
R. Juarroz
« Comprenez-vous, Monsieur, comprenez-vous ce que cela signifie quand on n'a plus où aller? »
La question que Marmeladov lui avait posée la veille lui revint tout à coup à l'esprit.
Car il faut que tout homme puisse aller quelque part."
Fiodor Dostoïevsk. Crime et châtiment
"Voir le monde en un grain de sable
Un ciel en une fleur des champs,
Retenir l'infini dans la paume des mains
Et l'éternité dans une heure."
William Blake
"Au-delà de l'apport primordial d'Orville et Wilbur Wright [concepteurs du premier avion qui ait volé, 1903, Dayton], ce qui me touche le plus est le temps qu'il leur a fallu pour être reconnus. Leurs travaux faisaient rire. Des citations d'époque se moquent de "ces deux illuminés qui voulaient développer un jouet sans aucune utilité, plutôt que de travailler dans un métier sérieux". Ils ont dû attendre leur tournée triomphale de 1908 en France pour devenir des héros aux États-Unis. (..) Le transport aérien moderne peut se résumer à l'apport de quelques pionniers qui ont ouvert les voies que l'industrie a développées plus tard: l'avion des frères Wright, la cabine pressurisée de mon grand-père et les vols longue distance de Charles Lindbergh et Jean Mermoz. Et maintenant on prend l'avion pour New York ou Singapour comme on monte dans un autobus... Arrivera-t-on à faire de même avec un avion de ligne solaire ? Je serais fou de répondre oui et idiot de répondre non. Nous n'avons pas la technologie pour transporter 200 passagers dans Solar Impulse, mais les frères Wright ne l'avaient pas non plus. Et pourtant c'est arrivé ! Il faut des explorateurs pour ouvrir la voie."
Bertrand Piccard
"L''exploration n'est pas une action mais un état d'esprit face à la vie. C'est l'aiguille d'une boussole intérieure qui se met à indiquer systématiquement l'inconnu, ce qui n'a encore jamais été fait, ce qui est considéré comme impossible."
Bertrand Piccard.
"Aussi sûrement que l'aiguille d'une boussole pointe vers le nord, le trajet des poubelles indique le sens de la domination: le faible recueille les restes du fort."
Pierre Rimbert
"J’aimerais en être sûr : mon réveil entraîne bien de facto l’annulation du récital de chants liturgiques que dans mon rêve je devais donner ce soir à Acapulco ?"
Eric Chevillard. L'autofictif
"Me trouvant à l'hôpital de Bangor, dans le Maine, où j'étais hospitalisée, Jerry Wilson me mit entre les mains l'admirable plaque de malachite que j'avais marchandée à plusieurs reprises en 1983 et 1985 à New Delhi pour la lui offrir. Elle ne l'avait pas quitté depuis. Mais sans doute mes mains étaient faibles, ou moi-même un peu assoupie, car j'ai senti glisser quelque chose, un bruit léger, fatal, irréparable, qui me réveilla de mon sommeil. J'étais bouleversée d'avoir ainsi détruit à jamais cet objet qui avait tant compté pour nous, cette plaque de minéral au dessin parfait à peu près aussi antique que la terre. De quel dépôt cent fois millénaire était-elle venue pour nous attendre deux ans chez un bijoutier hindou, puis pour passer et repasser deux fois l'Atlantique, aux mains d'un ami qui n'avait peut-être plus longtemps à vivre ? De quel Himalaya, de quel Pamir? Mais le son même de sa fin avait été beau... Oui, me dit-il, la voix des choses.»
Marguerite Yourcenar. Exergue du recueil "La voix des choses".
"J'ai été aimée."
Maudie (film de Aisling Walsh, 2016)
"L’argent hérité du père sera bientôt dépensé mais nous puiserons jusqu’à la fin de nos jours dans les petites boîtes de clous de sa caisse à outils."
Eric Chevillard
"Une pensée me console: ce ne sont pas les vendeurs de bougies qui ont inventé l'ampoule électrique."
Bertrand Piccard.
"Le troupeau émerge des nuages bas. C'est une bannière dépenaillée d'oiseaux, montant et descendant, s'écartant, se rapprochant, avançant tout de même, sous le vent qui lutte amoureusement avec chaque aile vanneuse.
Quand le troupeau n'est plus qu'une tache confuse tout là-haut, j'entends sonner le clairon des funérailles de l'été."
Aldo Léopold.