"Si nous étions rentrés chez nous en mil neuf cent seize, par la douleur et la force de ce que nous avions vécu, nous aurions déchaîné une tempête.
Si maintenant nous revenons dans nos foyers, nous sommes las, déprimés, vidés, sans racine et sans espoirs. Nous ne pourrons plus reprendre le dessus."
Erich Maria Remarque. A l'Ouest rien de nouveau.
1918. Un armistice qui laisse l'Europe exsangue, vidée de ses forces
vives, qu'on continue à commémorer comme pour exorciser la peur que
l'horreur un jour revienne. Ce matin en visite, je surprend Josée perdue
dans le dépoussiérage des décorations de son père, étalées sur la
table. En 17, il tira le mauvais numéro, les pairs, qui envoyait les
dernières recrues au front. Puis il tira le mauvais âge, celui des
contingents de l'armée d'occupation sur le Rhin durant cinq ans.
J'aperçois aussi la Croix de Feu du cadet de famille, enrôlé volontaire à
16 ans pour rejoindre son grand frère. Il revint quelques mois plus
tard, messager à cheval qu'il était beau et qu'il était jeune, porteur
de l'annonce de l'Armistice ce 11 novembre funeste où une balle perdue
le frappa à mort. Josée fait partie de cette génération qui a grandi
sans père, sans oncle, et qui ne trouve pas la guerre jolie.
Lu dans:Erich Maria Remarque. À l'Ouest, rien de nouveau. Stock. 1929. be
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