"Les Grecs illustrent cette attitude par le lit de Procuste. Ce malfaiteur tronquait ou étirait les membres de ses victimes pour les adapter à un lit qui n'était pas à leur taille. Souvent, nous nous comportons en fonction d'images de nous-mêmes trop petites ou trop grandes. Nous mutilons nos possibilités, parce que nous avons de nous-mêmes une opinion trop modeste ou au contraire gonflée d'illusions."
Anselm Grün
Et si les images intérieures que nous véhiculons de nous-mêmes, avec les
obligations qui y sont liées, étaient nos premiers persécuteurs? Une
enseignante se rend à l'école en se voyant en dompteuse. Un DRH d'une
grande entreprise s'identifie à un sandwich, comprimé par le haut et par
le bas, un autre se perçoit comme un hamster dans sa cage. Un prêtre
confie monter à l'autel comme à une potence. Bons élèves, certains
partent au travail dans la hantise de tout faire selon les règles afin
que personne ne puisse les critiquer et que leur vie se déroule comme un
sans faute. Parmi eux, certains se voient en premiers de classe,
s'évertuant à réaliser chaque jour quelque chose d'extraordinaire, tant
dans leur famille que dans leur entreprise. On se défigure avec de
telles images inappropriées, qui ne s'alimentent pas à notre fonds réel, nous obligeant à contrôler en permanence tous les interrupteurs.
L'épuisement est proche.
Lu dans:
Anselm Grün. Nos vies rêvées. Parole et silence. 2017. 90 pages. Extrait pp 53,55
Xénophon, Mémorables, II, 38, 5.
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