"Ce jour-là ne fut le jour de rien. Justement. Pourtant il n’était pas pire que les autres. Pas de changement notable. Pas d’événement. Aucune surprise naissante. Aucun début. Aucune fin. Aucun rebondissement. Rien de flagrant, si ce n’était sa concordance tiède avec hier et demain. Lui, ne s’est pas levé transformé en cafard. Personne ne venait de mourir. Il n’a pas décidé de changer quelque chose. Ni de faire comme avant. Ni de regarder autrement. Ni de regarder autre chose. Il s’est levé avec le jour. Il a suivi l’ascension graduée de la lumière. Il a couru derrière. Il a fait ce qu’il avait à faire. Conservé ce qui pouvait être conservé. Protégé les siens. Fait les courses. Mis un pied devant l’autre. Il a été un homme. Un peu pénible. Un peu bon. Il ne fut ni honteux ni fier. Fatigué. Comme chaque soir. À l’abri comme chaque soir. Plutôt content que les choses se passent normalement."
Thomas Vineau
Se résout-on jamais à ce que les choses se passent aussi "normalement"?
La semaine passée fut fêtée Roch Ha-Chana *, fête de l'éveil selon une
interprétation qu'en donne le rabbin Guigui: aucune vie ne saurait se
réduire à une simple habitude, répétition lancinante et monotone de ce
qu'elle fut la veille, et sera le lendemain. Chaque aube nous invite à
nous diriger vers quelque chose d'entièrement neuf, l'être humain
possédant cette capacité intrinsèque à se changer qui est source de
toute espérance.
* Fête juive (21-22 septembre 2017). Littéralement, Roch Ha-Chanah signifie, «tête de l’année» considérée comme le Nouvel An juif et le jour anniversaire de la création du monde.
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