"J'étais bouleversée d'avoir ainsi détruit à jamais cet objet qui avait tant compté pour nous, cette plaque de minéral au dessin parfait à peu près aussi antique que la terre. (..) Mais le son même de sa fin avait été beau... la voix des choses."
Marguerite Yourcenar
Le révérend Simeon Pease Cheney, dans les années 1860-1880, dévasté par
le décès en couches de son épouse, passe d'interminables journées dans
le jardin qu'ils aimaient. Il conçoit le projet fou de retranscrire les
moindres sons d'un quotidien qui fut heureux, du chant d'oiseau au
bruit de l'eau du robinet qui goutte dans le seau à demi plein. Les
choses inanimées ont leur musique si on leur tend l'oreille. Œuvre
difficile, oubliée et méconnue, rééditée à compte d’auteur par son fils
après sa mort, ce livre sera remarqué quelques années plus tard par le
compositeur Anton Dvorák et lui inspirera, en 1893, le « Quatuor à
cordes n° 12 ». Ce destin double - celui de ce vieux musicien passionné
par la musique de la nature et son fils qui a lutté pour faire
reconnaitre son œuvre - a inspiré à Pascal Quignard un émouvant texte de
souvenir, de mélancolie et de beauté, hybride entre pièce de théâtre et
chant poétique.
Lu dans:
John Vance Cheney, Simeon Pease Cheney. Wood Notes Wild, Notations of Bird Music. Edition originale (1892), rééditée par Palala Press en 2016.
Anton Dvorák. Quatuor à cordes n° 12. 1893
Pascal Quignard. Dans ce jardin qu'on aimait. Grasset. 2017. 176 pages.
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