"Le matin il faut faire très vite. Tout est précis. Réglé. Tendu. Le réveil. La douche. Le petit-déjeuner de Noé. Le café. Passage de relais des informations de la radio aux dessins animés de la télé. Toilette de Noé. Habits de Noé. Manteau, cartable, voiture. Chanson de Noé. École de Noé. Bise rapide et baveuse de Noé. Retour à la radio. Voie rapide. Mouettes dans le rétroviseur. Parking de la bibliothèque. Moteur coupé. La trace sèche et invisible du bisou de Noé. Portière claquée. Collègues. Faux sourires. C’est parti jusqu’au soir. Toute la journée est réglée. Jusqu’au crépuscule qui recommence dans l’autre sens. Faux sourires. Parking. Voiture. Autoroute. Radio. École de Noé...
... On rentre à la maison. Voix de Noé. Là, les choses se défont. Se libèrent. Se dissolvent dans la langue de l’enfant. Dans le chemin du retour aussi. Petit à petit, le corps se détend. Et on commence à fondre."
Thomas Vinau
Que cela est bien décrit. Une jeune maman vue en consultation ne s'est pas levée ce matin, terrassée par un mal à la tête inattendu. J'ai tenté de lui faire décrire ses symptômes physiques et n'ai recueilli qu'un long récit similaire aux lignes de Thomas Vinau. Et si , au fond, dire "j'ai mal à la tête" était une autre manière d'exprimer que, même si tout fonctionne, la tête ne suit plus.
Lu dans:
Thomas Vinau. La part des nuages. Alma Editeur. 2014. 125 pages. Extrait p. 9, 15
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