15 avril 2020

Où se cachent donc les coronavirus?


"Depuis quelques semaines, une question court les labos : quelle est l’anagramme de « chauve-souris » ? La réponse n’est pas évidente, mais tout à fait d’actualité : « souche à virus ».
                    Nathaniel Herzberg (Le Monde)



Merveille de résilience vis-à-vis des maladies infectieuses, la chauve-souris est l’objet de nombreuses études qui cherchent à percer le secret de son système immunitaire inné qui en a fait le réservoir croisé de l'épidémie de SRAS en 2003, ou celle du coronavirus MERS en 2012. Mais aussi la fièvre hémorragique Ebola, et ses 11 000 morts, en 2014-2015, ou le virus de Marburg, qui a tué plusieurs centaines de personnes, entre 1998 et 2000, en République démocratique du Congo, et en 2004-2005, en Angola. Ou encore les poussées mortelles du virus Nipah, en Malaisie, à Singapour et au Bangladesh, dans les années 1990 et 2000, ou de virus Hendra, à la même époque, en Australie. N'en jetez plus, « Souche à virus » n’est plus une plaisanterie. Lors d'une vaste étude comparative sur la présence de coronavirus à travers le règne animal, sur les 12 333 chauves-souris testées, 1 065 se sont révélées positives, contre 4 des 3 470 primates, 11 des 3 387 rongeurs et 2 des 1 124 humains. Autrement dit, 98 % des coronavirus retrouvés provenaient de ces petits mammifères volants. Un vrai mystère : comment ces animaux résistent-ils à tant de pathogènes mortels pour les autres espèces ?  Le percer pourra certainement mieux nous préparer à affronter les virus à venir en développant des traitements. Ceci dit, quand on évoque "la" chauve-souris, seul mammifère capable de voler,  c'est en réalité plus de 1 300 espèces qu'on parle, un quart de l’ensemble des mammifères connus. Méconnues et mal aimées, les chauves-souris évoquent l’atmosphère lugubre des films d’horreur. Vingt-quatre espèces ont été recensées dans notre pays (vingt sur le territoire de la Région de Bruxelles-Capitale), abritées en hiver dans les souterrains (caves, grottes) et parfois les arbres creux, soit des lieux relativement humides où la température est constante et jouissant d’un calme parfait. En été, les chauves-souris préfèrent la chaleur des boiseries, des greniers et des coffres à volets. Elles peuvent aussi occuper des trous d'arbres. Autant de réservoirs à Coronavirus, que les scientifiques redoutent de voir disparaître comme objets d'études immunitaires. Autant savoir.
 

 

Lu dans:
Nathaniel Herzberg. Les secrets de la chauve-souris, « souche à virus » au système immunitaire d’exception. Le Monde Sciences. 13 avril 2020.

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