26 mars 2020

Masques qui rapprochent


“Ton visage est un endroit qui a marqué ma vie.”
                    Anna Gavalda


Scène de rue, désertée en raison du confinement. Deux humains se croisent, elle est voilée et porte un masque chirurgical qui lui couvre les 2/3 du visage, lui est en jeans blouson et porte un masque en tout point semblable. Que n'a-t-on écrit sur l'interdiction de se cacher le visage, dissimulation ressentie a priori malveillante ou sous la contrainte. Ce matin, croiser ce visage voilé ET masqué m'a paradoxalement rassuré: ce masque nous rassemble au lieu de nous séparer. Par-delà les différences, nous partageons les mêmes craintes dont ce masque anticoronavirus est le parfait symbole. Se montrer à voile découvert n'est pas anodin et suppose qu'on se sente en sécurité, offrant une parole muette à une écoute muette. Le visage de l'autre est mon grand paysage, à qui il arrive de se mettre à l'abri si la tempête ou l'orage menacent. Cette démarche de sauvegarde élémentaire n'est guère clivante comme pourrait l'être le port d'un voile intégral, burqa ou niqab, qui isole. Ce matin, se cacher la face était le partage d'une vulnérabilité.






Lu dans:
Anna Gavalda. Je voudrais que quelqu'un m'attende quelque part. J'ai lu. 2001. 156 pages

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