“Ton visage est un endroit qui a marqué ma vie.”
Anna Gavalda
Scène de rue, désertée en raison du confinement. Deux humains se
croisent, elle est voilée et porte un masque chirurgical qui lui
couvre les 2/3 du visage, lui est en jeans blouson et porte un masque en
tout point semblable. Que n'a-t-on écrit sur l'interdiction de se
cacher le visage, dissimulation ressentie a priori malveillante ou
sous la contrainte. Ce matin, croiser ce visage voilé ET masqué m'a
paradoxalement rassuré: ce masque nous rassemble au lieu de nous
séparer. Par-delà les différences, nous partageons les mêmes
craintes dont ce masque anticoronavirus est le parfait symbole. Se montrer à voile découvert n'est pas anodin et suppose
qu'on se sente en sécurité, offrant une parole muette à une écoute
muette. Le visage de l'autre est mon grand paysage, à qui il
arrive de se mettre à l'abri si la tempête ou l'orage menacent. Cette démarche de sauvegarde élémentaire n'est
guère clivante comme pourrait l'être le port d'un voile intégral,
burqa ou niqab, qui isole. Ce matin, se cacher la
face était le partage d'une vulnérabilité.
Lu dans:
Anna Gavalda. Je voudrais que quelqu'un m'attende quelque part. J'ai lu. 2001. 156 pages
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