"Passage à l'heure d'été: à deux heures, il sera trois heures."
Rappel aux distraits
Comme tout est simple, c'est Alice in Wonderland, une heure de
perdue, six mois de clarté. Sans ordre de police, sans amende, sans
règles à interprétation multiple, à deux heures il sera trois heures. Je
retrouve ce soir dans un livre un signet sur lequel furent notées à la
volée toutes les choses à faire la semaine du 16 au 22 mars: passer au
garage pour changer les pneus hiver, remplacer la pile de ma montre,
acheter du papier pour l'imprimante, passer chez grand-maman à sa maison
de repos, ne pas oublier ma formation continue jeudi soir, caler la
date pour le souper des anciens, passer chez l'opticien pour les
lunettes... Ce 29 mars, on jette le signet, tout cela c'est de l'ancien
monde, il y eut un avant, il y a un après, en moins de deux semaines
tout cela paraît aussi éloigné que les fêtes de fin d'année. On gérait
le plein, il faut s'habituer au vide: agenda vide, resto vide, église
vide, coiffeur vide, frigo vide (enfin, pour certains négligents
seulement ), montre à l'arrêt,
parcours Adeps vide, réunion scoute vide, école vide, papa plein dès le
matin, que mettre à la place pendant deux, quatre ou huit semaines de
tout ce qu'on appelait la vie? Étrange expérience tout de même que de
découvrir la relativité de l'indispensable. Ici aussi, c'est Alice in
Wonderland, mais en plus réglementé tout de même. La police fait la
police en rue, et les parents font la police dans l'appartement,
expliquant aux marmots qu'entre eux et le coronavirus c'est du sérieux.
Demeure une question sans réponse. Notre monde traîne une série de problèmes récurrents depuis des lustres, "auxquels on travaille" trois pas en arrière deux pas en avant. Que nous faudra-t-il pour nous y attaquer avec la même résolution que pour Covid-19? La peur constituerait-t-elle le seul levier capable de rendre obsolètes en une nuit les règles et les injustices qu'on croyait inamovibles?
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