21 novembre 2013

On les disait les plus beaux et les plus intelligents

"Les nuages qui passent... là-bas... là-bas... les merveilleux nuages !"
Baudelaire. L'étranger.

C'était également un vendredi je m'en souviens, juste après le souper, il y a longtemps. On avait tiré sur le président dans ce pays dont nous rêvions et il était mort. Pendant de longues années, j'ai collecté tout ce que les journaux publièrent sur J.F Kennedy et sa saga familiale. Il était devenu le héros qui nous manquait, jeune génération qui n'avions pas connu la guerre, et sa famille était si heureuse. On savait tout de lui, et de ses frères, et de sa femme, et on ne savait encore rien. On apprit peu à peu que le rêve n'était qu'une image construite, que le héros avait des mains et le sexe baladeurs, on découvrit les rumeurs d'argent et d'amitiés douteux, d'un prix Pulitzer usurpé, les convictions fluctuantes, la dépendance aux médicaments, et que et que... Peu importe après tout: le rêve fut beau, nous rendit heureux un certain temps, et croire aux contes de fées développa notre envie de changer le monde. Cinquante ans de vraie vie nous ont permis ensuite de discerner les héros anonymes qui nous côtoient quotidiennement, et c'est encore plus beau. 


 
Lu dans:
Stéphane Trano. Kennedy ou l'invention du mensonge. 2013. L'Archipel. 317 pages.
Baudelaire cité par Françoise Sagan. Les merveilleux nuages. 1961. Julliard. 152 pages. Exergue.

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