28 octobre 2013

Vérité et réconciliation

"La vérité ne ramène pas les morts mais elle les libère du silence."
José Zalaquett

"Dans son livre sur la Commission Vérité et Réconciliation, Antjie Krog poétesse de langue afrikaans et journaliste à radio sud-africaine, cite cette formule lapidaire de José Zalaquett, juriste chilien et ancien président d'Amnesty International, membre de la Commission Vérité de son pays après la chute de la la dictature: "La vérité ne ramène pas les morts mais elle les libère du silence." Sans les travaux de la Commission, jamais ces activités n'auraient été révélées. La Commission Vérité a eu pour effet de montrer et de consoler, elle a su concilier vision d'avenir et regard sur le passé. (..) 
Une chasse aux sorcières n'aurait pas fait de bien à la jeune démocratie, mais la solution chilienne - une amnistie générale - n'était pas plus séduisante; des criminels endurcis auraient pu se promener en toute liberté et l'on n'aurait jamais mis sur la place publique la douleur innommable infligée à tant de victimes. Une amnistie pure et simple aurait conduit à l'amnésie, à une perte de mémoire. C'est la raison pour laquelle il a été décidé de recourir à un compromis unique en son genre. Tout individu, quel qu'ait été son rôle à l'époque de l'apartheid, pourrait obtenir une amnistie pour les crimes commis entre 1960 et 1994 à une double condition: que ses crimes aient une motivation politique et que les coupables parlent en toute franchise. Quant aux victimes, elles bénéficieraient d'une reconnaissance officielle, voire d'une indemnisation, en échange de leur témoignage devant la Commission Vérité et Réconciliation. Cette solution s'inscrit dans la tradition de la jurisprudence africaine, dans laquelle la notion de réparation prime sur celle de représailles, où la réconciliation est plus importante que le châtiment et la vérité que la vengeance."



Lu dans:
Antje Krog. La douleur des mots. Actes Sud Littérature. 2004. 416 pages.
David Van Reybrouck. Le Fléau. Actes Sud Littérature. Lettres néerlandaises. 2008. 416 pages. Extrait p.344. Traduit du néerlandais par Pierre-Marie FINKELSTEIN. Extrait page 348-350

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