"La vérité ne ramène pas les morts mais elle les libère du silence."
José Zalaquett
"Dans son livre sur la Commission Vérité et Réconciliation, Antjie Krog
poétesse de langue afrikaans et journaliste à radio sud-africaine, cite
cette formule lapidaire de José Zalaquett, juriste chilien et ancien
président d'Amnesty International, membre de la Commission Vérité de son
pays après la chute de la la dictature: "La vérité ne ramène pas les
morts mais elle les libère du silence." Sans les travaux de la Commission, jamais ces activités n'auraient été
révélées. La Commission Vérité a eu pour effet de montrer et de
consoler, elle a su concilier vision d'avenir et regard sur le passé. (..)
Une chasse aux sorcières n'aurait pas fait de bien à la jeune
démocratie, mais la solution chilienne - une amnistie générale - n'était
pas plus séduisante; des criminels endurcis auraient pu se promener en
toute liberté et l'on n'aurait jamais mis sur la place publique la
douleur innommable infligée à tant de victimes. Une amnistie pure et
simple aurait conduit à l'amnésie, à une perte de mémoire. C'est la
raison pour laquelle il a été décidé de recourir à un compromis unique
en son genre. Tout individu, quel qu'ait été son rôle à l'époque de
l'apartheid, pourrait obtenir une amnistie pour les crimes commis entre
1960 et 1994 à une double condition: que ses crimes aient une motivation
politique et que les coupables parlent en toute franchise. Quant aux
victimes, elles bénéficieraient d'une reconnaissance officielle, voire
d'une indemnisation, en échange de leur témoignage devant la Commission
Vérité et Réconciliation. Cette solution s'inscrit dans la tradition de
la jurisprudence africaine, dans laquelle la notion de réparation prime
sur celle de représailles, où la réconciliation est plus importante que
le châtiment et la vérité que la vengeance."
Lu dans:
Antje Krog. La douleur des mots. Actes Sud Littérature. 2004. 416 pages.
David Van Reybrouck. Le Fléau. Actes Sud Littérature. Lettres néerlandaises. 2008. 416 pages. Extrait p.344. Traduit du néerlandais par Pierre-Marie FINKELSTEIN. Extrait page 348-350
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