"La mémoire est la faculté grâce à laquelle les humains interprètent l'expérience. Se souvenir, c'est réinterpréter."
James Carroll
"Mais ces images que l'on garde en mémoire, parfois toute une vie, ne
sont pas que des cartes postales, avec, inscrites au verso, la date et
l'identification du lieu; elles se présentent comme des assemblages,
associant au visuel des impressions, des émotions, des sons, des odeurs,
toute une synesthésie à chaque fois singulière. C'est grâce à ces
combinaisons de sensations qu'on peut les conserver, et s'en servir à
bon escient, le moment venu. Une image (mentale ou non) ne sert à rien
si elle n'évoque pas un moment, un lieu, une histoire, une de ces
microparcelles de vie qui semblent contenir la vie tout entière. On se
souvient d'une lumière à laquelle on a confié pendant quelques secondes
la totalité de son âme; restituer cette lumière, c'est toujours chercher
à retrouver le moment où elle nous est apparue. Ces images résistent
avec force à toute description, à toute reproduction."
La lecture crée d'étranges dialogues, parfois à quelques heures
d'intervalle, mettant aux prises dans notre salon des auteurs
qui paraissent se répondre, ou affiner une pensée ébauchée: dans le cas
présent, Labro citant Carroll, que développe Rousselot. Je mesure chaque
jour le bonheur d'avoir pareils invités à ma table.
Lu dans :
James Carroll cité par Philippe Labro. Le flûtiste invisible. Gallimard. 2013. 179 pages. Extrait p.41
Philippe Rousselot. La Sagesse du Chef opérateur. J.C.Béhar Editions. 2013. 112 pages. Extrait p.7,8
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