"Un être humain ramène des histoires à raconter, pas un robot."
Frank De Winne
Alors que les robots parcourent Mars, est-il encore nécessaire d’y
envoyer des êtres humains au risque de ne pouvoir assurer leur retour
comme l'envisage crûment une agence spatiale privée ? Comme le souligne
non sans humour Frank De Winne, notre deuxième spationaute belge après
Dirk Frimout et premier commandant européen de la station spatiale
internationale, "c’est un projet qui peut poser des problèmes éthiques.
Comme agence spatiale, nous portons des valeurs fortes. Nous voulons
prendre soin de nos astronautes, nous oeuvrons pour l’humanité mais
aussi avec humanité. (..) L’exploration spatiale est une activité à
risques, mais notre objectif est de revenir sauf et en bonne santé, en
minimalisant le danger. Il me semble qu’offrir sa vie à coup sûr est un
prix très élevé à payer pour accomplir cette exploration".
Il n'empêche que l'exploration humaine de la planète rouge demeure un
défi pour le XXIème siècle, démarche essentielle "parce qu’une société
qui s’arrête d’explorer et de chercher est une société qui n’avance
plus. Les civilisations qui ont arrêté d’explorer ont toutes disparu
plus ou moins rapidement." Rover, le robot qui a précédé Curiosity, a
parcouru en cinq ans moins de kilomètres que les astronautes d’Apollo 17
en deux semaines. La machine humaine est plus complexe, elle regarde un
panorama là où le robot ne regarde qu’où on lui dit de regarder. L’être
humain peut apporter des données très complexes. Et puis, cela nous
sert aussi à nous projeter aux côtés de cette exploration. Un être
humain ramène des histoires à raconter, pas un robot.
On croit entendre le rire en grelot du Petit Prince : "-Quand tu
regarderas le ciel, la nuit, puisque j'habiterai dans l'une d'elles,
puisque je rirai dans l'une d'elles, alors ce sera pour toi comme si
riaient toutes les étoiles. Tu auras, toi, des étoiles qui savent rire!"
Et il rit encore. "-Et quand tu seras consolé (on se console toujours)
tu seras content de m'avoir connu. Tu seras toujours mon ami. Tu auras
envie de rire avec moi. Et tu ouvriras parfois ta fenêtre, comme ça,
pour le plaisir... Et tes amis seront bien étonnés de te voir rire en
regardant le ciel. Alors tu leur diras: "Oui, les étoiles, ça me fait
toujours rire!" Et ils te croiront fou. Je t'aurai joué un bien vilain
tour... "
Lu dans:
Frank De Winne. Ce siècle verra l’homme sur Mars. Propos recueillis par Frédéric Soumois. Le Soir 4 octobre 2013. Extrait p. 6
Antoine de Saint-Exupéry. Le Petit Prince. Project Gutenberg. http://gutenberg.net.au/ebooks03/0300771h.html
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