"La méditation, c'est comme une douche de silence qu'on prendrait chaque matin en laissant pour une fois les mots à distance."
André Comte-Sponville.
J'ai testé récemment un casque Bose à réduction de bruit, impressionnant
d'efficacité dans une FNAC vacarmeuse. L'alternance instantanée
bruit/silence et la musique cristalline qu'il permet d'écouter réussit
à faire désirer intensément l'achat (coûteux) de cet ustensile de rêve.
Il ne permet pas d'acheter simultanément la méditation qui donne sa
valeur à ce désert sonore. Le silence intérieur est un patient
entraînement, accessible à peu de frais, qui se mérite ou se partage dans la confidence à mots comptés, et l'absence de
paroles qui la suit. Lors d'un séjour déjà lointain dans le temps (que
j'associe dans ma mémoire à la chute du mur de Berlin et au vacarme
assourdissant qu'il créa pour l'équilibre de la planète) je fis un court
séjour dans les mouroirs de la mère Thérèse à Calcutta. Assis en
tailleur dans la grande chapelle de la Circular Road où se célébrait le
premier office du matin, fenêtre ouvertes pour assurer la ventilation et
envahie par les bruits d'un trafic extérieur épouvantable, je me
laissai envahir par le silence d'une communauté qui intériorisait la journée à venir. Trois cent personnes assises comme moi partageaient ce moment gratuit
d'une valeur inestimable. Le silence vient de l'intérieur de l'être et
se dilate en lui, avec ou sans casque à réduction de bruit.
Lu dans:
André Comte-Sponville. Entretien avec Gilles Bechet. Le Soir Victoires. 12 octobre 2013. p.6
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