"Il y a en Louisiane une sorte d’autoroute qui traverse sur pilotis le lac Ponchartrain, plus de quarante kilomètres en ligne droite au-dessus de l’eau. Tôt le matin, tard le soir, c’est une destination aller et retour, vers un lieu de tournage, trente minutes à cent à l’heure. Et la première question du jour se pose en regardant la lumière et le ciel se reflétant sur l’eau, de chaque côté de la voie, « comment, de quelle manière, filmer ce paysage ? Où mettre la caméra, quel mouvement lui donner, où placer le point de fuite, la ligne d’horizon, quel filtre, quel objectif utiliser ? Comment décrire ce qu’on ne peut encore voir, comme la rive opposée cachée par l’arc de la terre, et qui fait que ce pont sur l’eau s’étire à l’infini ? ».
Le texte est beau, et interpelle. Ne sommes-nous pas, dans le film
de notre vie, sur une route toute pareille, scrutant à chacun de
nos réveils la lumière d'un horizon qui se dérobe "comme la rive
opposée cachée par l'arc de la terre et qui fait que ce pont sur
l'eau s'étire à l'infini" ?
Lu dans :
Philippe Rousselot. La Sagesse du Chef opérateur. J.C.Béhar Editions. 2013. 112 pages. Extrait p.6
Philippe Rousselot. La Sagesse du Chef opérateur. J.C.Béhar Editions. 2013. 112 pages. Extrait p.6
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