"À quelques mètres de la pierre vivante, l'eau surgit enfin d'une fontaine telle qu'on en voyait au temps des bergers d'Arcadie. La Marne en coulait doucement. Je me suis approché d'elle. Dans le vallon aux violentes odeurs telluriques, elle me murmurait : « Enfin, tu es là. Tu en as mis du temps! » Que pouvais-je répondre? J'ai joint mes deux mains pour la recueillir. Elle avait un goût étrange de menthe et de mousse, pur et coupant. "
Une lente remontée de la Marne, et des paysages esseulés qu'elle irrigue. Deux mois d'un marcheur solitaire parti à la rencontre de presque rien, qui se révèle le presque tout. L'ancien otage du Liban, ce qu'il n'évoque quasi jamais, déploie une fois encore ses thèmes de prédilection: la solitude extrême, une région et des êtres abandonnés de tous, un temps lent durant lequel l'être humain se densifie. Ou comment au travers d'une dizaine de livres de qualité parler de soi sans jamais s'étendre sur son propre vécu. Le marcheur arrive au terme de sa quête: une source au goût de menthe et de mousse. Quelle beauté, et quel talent.
Lu dans:
Jean-Paul Kauffmann. Remonter la Marne. Fayard 2013 . 263 pages. Extrait p.262
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