"Qu’attendons-nous rassemblés sur la place?
Les barbares doivent arriver aujourd’hui.
(..) la nuit est tombée, les barbares ne sont pas venus
et certaines gens sont arrivés des frontières
disant qu’il n’y a plus de barbares
et maintenant qu’allons nous faire sans barbares?
ces gens-là étaient une sorte de solution."
C. Cavafy
Il faut relire ce superbe poème de Cavafy, en ces moments de
frilosité où s'inventent des menaces et périls partout. Les Romains
attendent les Barbares. Et on imagine le désastre. L’empire attend
sa fin, dans une posture statique: elle ne viendra pas des barbares.
Sa mort ne viendra que du poison de l’inaction et de la vieillesse
qui parcourt ses veines. Les épaules écrasées par son histoire et sa
culture, il lui faudra avancer, jusqu’à son épuisement interne. Le
coup de grâce ne viendra qu’après, quand il ne sera déjà plus qu’une
chrysalide prête à accoucher de formes nouvelles. Et si... les
Romains avaient espéré en leur for intérieur que les Barbares
viennent, pressentant qu’une vieille civilisation sophistiquée a
besoin d’être infusée par des énergies brutes.
Lu dans :
Constantin Cavafy. En attendant les barbares
Info inspirée du superbe blog littéraire http://brumes.wordpress.com/about/
Jean-Claude Vantroyen. Ce que les gens veulent, c’est du sens. Le Soir. 30 mai 2013. Entretien avec Daniel Mendelsohn. Waiting for the Barbarians. A paraître chez Flammarion en 2014.