08 octobre 2020

Qu'est-ce diable que l'eau?

 

"C'est l'histoire de deux jeunes poissons qui nagent et croisent le chemin d'un poisson plus âgé qui leur fait signe de la tête et leur dit, « Salut, les garçons. L'eau est bonne ? » Les deux jeunes poissons nagent encore un moment, puis l'un regarde l'autre et fait: « Qu'est-ce diable que l'eau ? » 
                David Foster Wallace


Il nous manque de croiser, au hasard de notre existence,  ces éveilleurs qui nous feront découvrir la stupeur d'être. Les réalités les plus importantes sont souvent les plus difficiles à enseigner. L'école enseigne-t-elle encore ces savoirs inutiles qui nous interrogent sur qui nous sommes et ce qu'est notre existence, étincelle fugace dans un univers éternel?  Rejoignant ma consultation après avoir enseigné aux futurs médecins les différentes déclinaisons des maux de tête, de dos ou de cœur, il m'est souvent arrivé de douter de la pertinence de cette transmission: est-ce vraiment cela dont les hommes souffrent, ou de ne pas savoir où ils en sont?  Je relis ce soir Jim Harrison "au réveil d’une sieste j’ai su en un instant que j’étais en vie. C’était stupéfiant, presque effrayant, émotion et sensations me submergeaient. Cela ne m’était jamais arrivé. Sur une chaise bleue dans un pré j’ai réappris le monde." 

 

Lu dans:
David Foster Wallace. C'est de l'eau. Trad. Ch. Recoursé. Au Diable Vauvert. 2010. 137 pages. Extrait p. 7-8 . Repris de la conférence de Nuccio Ondine, "Eloge des savoirs inutiles" (Louvain-la-Neuve, 18 octobre 2018), éditée dans un superbe ouvrage des Presses Universitaires de Louvain "Actualité de l'humanisme. Libres héritiers de la Renaissance." 2019. 136 pages.
Jim Harrison. Une heure de jour en moins. Flammarion. Littérature étrangère. 2012.  224 pages.

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