"Ils étaient deux passants dans l'anonyme foule
Dans ce fleuve qui roule, dans la masse des gens
Ils se sont reconnus un peu trop tard peut-être
Mais c'est se reconnaitre en vrai qui est important."
Francis Cabrel. À l'aube revenant.
Que diriez-vous d'un petit rayon de Cabrel par la grisaille
ambiante? Un de ces rayons à jour frisant, qui réchauffe sans écraser et
magnifie les couleurs comme nul peintre ne peut le faire. Des paroles
qui donnent du cœur à l'ouvrage à ceux qui en ont besoin, qui espèrent
encore, pour qui la solitude n'est pas une fatalité. L'annonce ce
vendredi de la "bulle à une personne", sans distance ni masque, pour un
mois, a suscité l'ironie (qui choisir, "une" quel drôle de chiffre, et
après un mois on fait quoi?). Moqueries de nantis, qui ne connurent sans
doute jamais la solitude, le silence le matin, l'absence le soir,
n'avoir personne à perdre, ni demain, ni jamais. Pour ces esseulés, une
personne choisie, qu'on puisse rencontrer sans barrière quand tout se
barricade, quand les couples se calfeutrent dans leur cocon tranquille,
est un précieux garde-fou contre la désespérance. De toutes les règles
doctement énoncées pour museler le virus, la "bulle à une personne" est
la seule à m'avoir convaincu que le virus de la solitude n'est pas une
fatalité.
Lu dans:
Francis Cabrel. À l'aube revenant. 2020.
1 commentaire:
Merci de le dire.
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