26 octobre 2020

Allo Mamy, c'est la taupe

 

"- Tu ne vas quand même pas t’enterrer comme une taupe ? (..)
- Bien sûr que si, je vais m’enterrer, et bien profond avec ça. (..) Je n’y verrai sans doute pas grand-chose, mais j’aiguiserai mon ouïe avec mes oreilles sans pavillon, pour bien entendre quand on annoncera que tout va bien, que l’air est pur et qu’on peut remonter. (..) C’est cool, une taupe. C’est doux comme un vison – on s’en faisait des fourrures autrefois, il fallait 800 peaux pour un manteau –, c’est utile, ça aère le terrain, et c’est exactement ce dont on a besoin en ce moment non ? De l’air." 
                    Julie Huon
 

On reconfine a mezzo voce, chaque jour une pincée, imaginant que cela passera mieux. Mais ça passe, car partout "on s'attendait à pire". Comme le conclut dans son style inimitable la chroniqueuse du Soir, "alors oui, je vais faire ma taupe. Je vais faire la bête parce que l’humain me fatigue. Je ferais bien le singe si les arbres étaient un refuge. Je ferais bien l’andouille ou l’imbécile si ça pouvait nous sauver la vie." Nul ne souhaite finir sur le ventre, aux soins intensifs, un tuyau à oxygène dans le nez, isolé de tous ceux qui lui sont chers. Alors, tous dans nos taupinières, et on retournera à la surface, à Walibi, à Bozar, à Flagey, à Beaubourg, au Vendôme, en vacances à Coxyde, à Honfleur ou aux Canaries quand le moment sera venu. Pour le moment on trie ses photos et ses rêves, on téléphone à Mamy par Whats'App, on allume un flambée au salon, on dépoussière les CD, on relit Tintin, on visionne Mary Poppins  et on prend soin de l'essentiel.


Lu dans:
Julie Huon. Coronavirus – La vie devant toi, jour 89: la taupe. Le Soir. 23/10/2020.

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