"- Tu ne vas quand même pas t’enterrer comme une taupe ? (..)
- Bien sûr que si, je vais m’enterrer, et bien profond avec ça. (..) Je n’y verrai sans doute pas grand-chose, mais j’aiguiserai mon ouïe avec mes oreilles sans pavillon, pour bien entendre quand on annoncera que tout va bien, que l’air est pur et qu’on peut remonter. (..) C’est cool, une taupe. C’est doux comme un vison – on s’en faisait des fourrures autrefois, il fallait 800 peaux pour un manteau –, c’est utile, ça aère le terrain, et c’est exactement ce dont on a besoin en ce moment non ? De l’air."
Julie Huon
On reconfine a mezzo voce, chaque jour une pincée, imaginant que
cela passera mieux. Mais ça passe, car partout "on s'attendait à pire".
Comme le conclut dans son style inimitable la chroniqueuse du
Soir, "alors oui, je vais faire ma taupe. Je vais faire la bête
parce que l’humain me fatigue. Je ferais bien le singe si les
arbres étaient un refuge. Je ferais bien l’andouille ou l’imbécile
si ça pouvait nous sauver la vie." Nul ne souhaite finir sur le
ventre, aux soins intensifs, un tuyau à oxygène dans le nez, isolé de
tous ceux qui lui sont chers. Alors, tous dans nos taupinières, et
on retournera à la surface, à Walibi, à Bozar, à Flagey, à
Beaubourg, au
Vendôme, en vacances à Coxyde, à Honfleur ou aux Canaries quand le
moment sera
venu. Pour le moment on trie ses photos et ses rêves, on
téléphone à Mamy par Whats'App, on allume un flambée au salon, on
dépoussière les CD, on relit Tintin, on visionne Mary Poppins et
on prend soin de l'essentiel.
Lu dans:
Julie Huon. Coronavirus – La vie devant toi, jour 89: la taupe. Le Soir. 23/10/2020.
Julie Huon. Coronavirus – La vie devant toi, jour 89: la taupe. Le Soir. 23/10/2020.
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