"Le moine a quatre-vingt-sept ans
ses pieds n’ont plus de graisse pour les protéger des pierres
il a oublié son chapeau agrandi au fil des ans.
Près d’un ruisseau il voit une femme rencontrée cinquante étés plus tôt
toujours jeune fille à ses yeux.
Une fois de plus ses mains tremblent quand elle lui tend une tasse remplie d’eau.".
Jim Harrison
Il était fort âgé, et j'avais pour lui une affection nourrie par les
années et sa sagesse. Il consultait rarement, davantage pour des
conseils que des médications. Un jour, il partagea qu'une amie de
toujours, religieuse comme lui, à l'autre bout du monde, était décédée
et qu'il en ressentait une peine immense. Il n'en dit pas plus, tout
était compréhensible. L'époque se plaît à à de subtiles distinctions
entre les notions d'amour, d'amitié, de complicité affective, entre émoi
et passion, tous ces sentiments forts que la durée ou la distance
parfois émoussent. Par sa discrétion même, la confidence d'une si longue
tendresse partagée me fit relire sous un jour neuf l'allégorie du
buisson ardent de l'Exode, ce mûrier sauvage qui brûle sans jamais se
consumer.
Lu dans:
Jim Harrison. Une heure de jour en moins. Littérature étrangère. Flammarion Poésie. 2012. 224 pages. Édition du Kindle. Extrait p. 77
Jim Harrison. Une heure de jour en moins. Littérature étrangère. Flammarion Poésie. 2012. 224 pages. Édition du Kindle. Extrait p. 77
Exode. Chapitre 3.
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