Les Squelettes et le festin du néant
Dans un chaos blafard, où l’ocre et le carmin saignent la toile,
Deux spectres décharnés s’affrontent, ivres d’un duel absurde.
Leur chair a disparu, consumée par les âges, mais leur avidité,
Elle, demeure, tenace et implacable, affûtant leurs ossements.
Au centre du carnage, frêle et dérisoire, un poisson.
Un hareng-saur, dernier vestige d’un banquet déjà englouti,
Morceau sans vie, dérobé aux flots pour être mis en pièces,
Trophée misérable d’un combat où la victoire n’a plus de sens.
Leurs orbites vides s’illuminent d’une convoitise ancestrale,
Leurs phalanges squelettiques s’agrippent, lacérant l’air,
Non pas pour se nourrir – car ils n’ont plus d’entrailles –
Mais pour posséder, dominer, arracher ce qu’ils ne peuvent
savourer.
Ainsi, dans l’ombre des nations déchues, les empires s’affrontent,
Écartelant les terres fragiles, morcelant les peuples sans voix.
Ils disputent des frontières tracées d’un trait froid sur des
cartes,
Comme ces squelettes qui, d’un rictus cynique, dépècent un mirage.
Et lorsque le hareng sera broyé, qu’en restera-t-il ?
Des fragments dispersés, des lambeaux échappant aux vainqueurs.
Mais eux, ces spectres insatiables, poursuivront leur danse
macabre,
Cherchant un autre festin, un autre monde à réduire en cendres.
James Ensor, dans sa clairvoyance mordante, ne peint pas seulement
des squelettes grotesques. Il dévoile le cycle éternel de la
domination, où les puissants se battent pour un butin déjà
corrompu, laissant derrière eux des ruines et des cendres.
Devra-t-on après ceci nous convaincre sur l'universalité de l'art
pour décrire l'histoire et la vie des peuples?
Lu dans:
James Ensor (Ostende, 1860-1949). Squelettes se disputant un
hareng-saur. (1891). Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique,
Bruxelles / photo : J. Geleyns - Art Photography.
Texte imaginé au départ de quelques réflexions personnelles et
cauchemardesques inspirées par le tableau d'Ensor, confiées
ensuite à Chat GPT pour la mise en forme
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