"Ce qui jette le plus de confusion dans l’esprit, c’est l’emploi qu’on fait de ces mots : démocratie, institutions démocratiques, gouvernement démocratique. ./.. Nos contemporains sont incessamment travaillés par deux passions ennemies: ils sentent le besoin d’être conduits et l’envie de rester libres. Ne pouvant détruire ni l’un ni l’autre de ces instincts contraires, ils s’efforcent de les satisfaire à la fois tous les deux. Ils imaginent un pouvoir unique, tutélaire, tout-puissant, mais élu par les citoyens. Ils combinent la centralisation et la souveraineté du peuple, se consolant d’être en tutelle, en songeant qu’ils ont eux-mêmes choisi leurs tuteurs et que ce n’est pas un homme ni une classe, mais le peuple lui-même qui tient le bout de la chaîne. »
Alexis de Tocqueville, De la démocratie en Amérique, 1835-1840
Plaisir de relire des extraits de "De la démocratie en Amérique"
d'Alexis de Tocqueville, dont certaines lignes feraient de bons
éditoriaux actuels. D'un court séjour de dix mois aux Etats-Unis, il
tire une analyse du système démocratique, de ses vertus et de ses
risques, ouvrage qui connaît un immense succès à sa publication en 1835.
Cela lui vaut d'être élu à l'Académie des sciences morales et
politiques à seulement trente-trois ans, puis à l'Académie française à
trente-six. Élu à l'Assemblée législative de 1839 à 1849, il est occupe
les fonctions de ministre des Affaires étrangères et de président du
conseil général de la Manche, à la tête duquel il reste jusqu'en 1852.
Adversaire déterminé du régime issu du coup d'État de Louis-Napoléon
Bonaparte, il démissionne à cette date, refusant de prêter serment au
nouvel empereur, se retire de la vie politique et consacre les cinq dernières années de sa vie à la réflexion.
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Alexis de Tocqueville, De la démocratie en Amérique. 1835-1840.
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