"Je regardais ce jeune homme élégant, issu, pensais-je, d'un milieu cultivé. Il avait sensiblement le même âge que l'accusé. En l'écoutant, je songeais à la parabole du frère de l'ombre. Chacun de nous, sur cette terre, a un « frère de l'ombre » qu'il ne connaît pas, un être humilié et misérable qu'il aurait lui-même été si Dieu ou le destin n'en avaient décidé autrement. J'avais souvent songé, dans mes moments de bonheur, à cette parabole. Et voici que, dans cette salle d'audience, celui des deux frères humains que la vie avait choyé demandait la mort de celui qu'elle avait accablé".
Robert Badinter
Il me prend à imaginer ce frère de l'ombre, et ce que nous aurions à partager si le hasard faisait se croiser nos routes. L'ai-je rencontré sans m'en apercevoir au fils des rencontres que mon métier m'a permis de vivre?
Lu dans:
Robert
Badinter. L'Abolition.Fayard. 2000. 327 pages.
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