"En sortant du Sénat, je découvris que le soleil avait dissipé la brume matinale. Je décidai de ne pas regagner la Chancellerie. Je me rendis au jardin du Luxembourg. Des enfants jouaient autour du bassin sur lequel glissaient de petits bateaux. Je les regardai un moment. Il faisait beau, merveilleusement beau. Je pensai à tout ce qui était advenu. Puis je rentrai chez moi, le long des allées. C'était fini, la peine de mort."
Robert Badinter
Bien sûr, nous ne connaîtrons pas ce qui habitait Robert Badinter
lorsque fut prononcé la suppression de la peine de mort en France, sa
conviction et son combat d'une vie. Mais nous pouvons sans peine
imaginer la paix de cette promenade au Jardin du Luxembourg, la vue de
ces enfants insouciants autour du bassin, ce sentiment de beauté du
moment, exaltant la conviction d'être au bout d'une course de longue
haleine. Qui de nous n'a connu ce moment de sérénité soudaine, cette
communion de l'esprit avec un environnement favorable, courts moments où
nous touchons du doigt ce que devrait être le ciel s'il existait. Quel
beau livre que L'Abolition.
Lu dans:
Robert Badinter. L'Abolition.Fayard. 2000. 327 pages.
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