"La nuit n'est jamais complète
il y a toujours
une fenêtre ouverte
une fenêtre éclairée
il y a toujours un rêve qui veille
désir à combler faim à satisfaire
un cœur généreux
une main tendue une main ouverte
des yeux attentifs
une vie la vie à se partager."
Paul Eluard
Comment clore une année à ce point insolite, durant laquelle toutes
les projections et anticipations furent suspendues, où tout fut
susceptible d’être remis en question du jour au lendemain, vécu sur le
mode de l’incertitude et de l’inquiétude? Une année où l'actualité du
monde s'est confondue à notre actualité propre, concernant chacun
d’entre nous. La tentation d'épiloguer sur le monde qui vient
soudain m'abandonne, seules me viennent aux lèvres les paroles d'une
patiente moralement épuisée à qui je suggérais la prise d'un
antidépresseur: "merci, J'attendrai que ma joie revienne, qu'au matin je
puisse sourire".
Je me réjouirai bien sûr de l'arrivée du vaccin dans
un mois, dans un an, mais surtout de partager dès potron-minet avec mes
voisins l'odeur entêtante des croissants frais, le bruit familier du bus
chargeant ses passagers devant la maison, la magie des guirlandes
lumineuses célébrant l'année nouvelle, l'appel à distance s'assurant que
les proches vont bien, le mot gentil envoyé à ceux qu'on aime, la main
qu'on agite à la fenêtre au voisin d'en face, toutes ces minimes choses
familières qui rythment nos journées et dessinent l'image du bonheur.
Les pandémies les plus redoutables n'ont qu'une durée de vie limitée,
s'en imprégner est déjà un traitement.
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