"Toute cette frénésie était assez amusante, et parfois touchante, mais c’était aussi un peu déconcertant. Au fond, réalisais-je, les gens ne me voyaient plus, moi, avec toutes mes particularités et tous mes travers. C’était plutôt comme s’ils s’étaient emparés d’une effigie de moi-même pour l’investir d’un million de rêves différents. Je savais qu’un moment viendrait où je finirais par les décevoir, par ne pas être à la hauteur de l’image que ma campagne et moi avions façonnée."
Barak Obama
Belle réflexion sur l'image de soi, celle qu'on transmet et celle que
les autres nous renvoient. Hier soir, le film documentaire "Où sont
passées les hirondelles ?" s'attardait sur le récit d'une survie dans
une bergerie au cœur de l'Auvergne. Un agnelet d'un jour meurt auprès de
sa mère. A deux pas, un autre va mourir, surnuméraire d'une portée de
trois, délaissé par une brebis qui ne peut en nourrir que deux. La
bergère use d'une stratagème ancestral, substituant l'agnelet laissé
pour compte au mort-né. Pour le faire accepter, elle va le revêtir de la
peau de l'autre, de son odeur, du reste de chaleur qu'il abrite, de ce
qu'il fut. Se mettre dans la peau d'un autre pour naître à la vie: après
quelques hésitations, sa nouvelle mère fait le choix de la vie et
nourrit ce petit qui était mort et qui lui a été rendu. Exister demande
parfois quelques compromissions avec la réalité.
Barack Obama. Une terre promise. Fayard. 2020. 840 pages. Extraits p.186
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