"Si tu t'imagines si tu t'imagines fillette fillette
si tu t'imagines que ça va durer toujours
la saison des amours
ce que tu te goures
Si tu crois petite que ton teint de rose
ta taille de guêpe tes mignons biceps tes ongles d'émail
ta cuisse de nymphe et ton pied léger
si tu crois petite que ça va durer toujours
ce que tu te goures
Les beaux jours s'en vont les beaux jours de fête
soleils et planètes tournent tous en rond
mais toi ma petite tu marches tout droit
vers ce que tu ne vois pas
Très sournois s'approchent
la ride véloce la pesante graisse le menton triplé
le muscle avachi allons cueille cueille
les roses de la vie et que leurs pétales soient la mer étale
de tous les bonheurs allons cueille cueille
si tu le fais pas ce que tu te goures fillette fillette
ce que tu te goures."
Juliette Gréco
Gréco n'est plus. Nous revient à la mémoire une mélodie répétitive,
et ces cinq mots "si tu t'imagines, fillette fillette", portés par une
voix unique qui nous envoutait. Les paroles racontent une histoire
éternelle, portée par les poètes depuis la plus haute Antiquité,
l’intensité lumineuse des amours débutantes. Comme le décrivait
superbement le regretté Jacques De Decker "Comme je voudrais, Astrid,
retrouver cet élan avec lequel je t’écrivais, tu te souviens, tous les
jours, plusieurs fois par jour. (…) Comme je voudrais que cet entretien
infini reprenne son cours, cette confidence ininterrompue qui charriait
ce qui nous arrivait dans la journée et dont chacun de nous portait
témoignage à l’autre. (…) Il fait nuit et je te parle (…) C’est en plein
soleil que je nous revois, courant l’un vers l’autre dans cette allée
du Parc du Cinquantenaire ; elle est belle, la course des adolescents,
cette vie qui les propulse dans les bras l’un de l’autre. (…) Te
souviens-tu de ces conflagrations, quand nous nous précipitions vers
l’autre, au risque de tomber? "
Lu dans:
Jacques De Decker. Parades amoureuses. Grasset. 1990. 192 pages Extrait p.53
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