"J'ai assisté un jour à une signature de Jean d'Ormesson. Toutes ces dames qui venaient faire signer leur bouquin disaient:
- C'est pour un cadeau.
Triste cette mode du livre-cadeau. Celui qui se vend. On dévaste des forêts entières pour faire des volumes qui s'achètent mais ne se lisent pas forcément. Cela me fait songer à ce que raconte Léautaud dans son Journal. Quelqu'un l'interroge à propos de son recueil Passe-Temps:
- Votre livre se vend bien? Réponse de l'auteur: Il se vend très bien mais il ne s'achète pas du tout. "
Philippe Delerm
Pas sympas les auteurs pour les acheteu(ses)rs bienveillant(e)s,
qui de surcroît les font vivre. Le livre reste pourtant le cadeau
par excellence: on l'a choisi, parmi cent autres, apprécié, il a
partagé nos soirées, on l'a annoté, repris, on en a recopié les
meilleures pages. Et on le donne à ceux qu'on aime. Offrir un
livre, c'est un peu de soi-même qu'on partage.
Lu dans:
Philippe Delerm. Journal d'un homme heureux. Seuil. 2016. 262 pages. Extrait p.215
Philippe Delerm. Journal d'un homme heureux. Seuil. 2016. 262 pages. Extrait p.215
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