23 septembre 2020

Eloge de la brume

 

"Prêtons attention au rêve autant qu'à la réalité. Au dos qui s’éloigne autant qu’à la silhouette de face, à l’ombre et ses reflets opaques autant qu’à la lumière crue. Ne chassons pas toute trace de saleté au profit d’une propreté triomphante. (..) La patine due aux effets du temps n’est autre que les marques de doigts accumulées avec l’usage répété d’un objet, autrement dit la "crasse des mains". L’envers n’est pas le parent pauvre de l’endroit."
                    Corinne Atlan

 

Ce bel éloge des brumes appliqué à l'humain nous apprend à l'apprécier in extenso, ombres et lumières confondues. Il est moins de laides personnes, ou de vraies méchantes gens quand on chausse leurs sandales un seul moment de la journée, découvrant les peurs qui les habitent, les blessures secrètes, les espoirs déçus. L'inverse se trouve aussi, tels ces êtres rayonnants et admirés de tous qui dissimulent une vie d'ombre menaçant de fendre la statue quand elle se révèle. La laideur n'est pas l'inverse de la beauté, elle en est la trame et le regard qui embrasse les deux en filigrane y voit mieux.
 
  

Lu dans:
Corinne Atlan. Petit éloge des brumes. Folio 6693. 2019. 128 pages. 

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