25 septembre 2020

Si le monde était un village sarde

 

"Le monde compte aujourd’hui 6 milliards 300 millions d’habitants.
Mais si on réduisait le monde à un village, à quoi ressemblerait-il ?
Si 100 personnes vivaient dans ce village, 52 seraient des femmes, 48 seraient des hommes.
30 seraient des enfants, 70 seraient des adultes, et parmi eux, 7 seraient vieux.
10 seraient illettrés, 6 seraient des femmes et 4 des hommes, 1 serait un enfant privé d’école primaire
9 habitants n’auraient pas accès à l’eau potable et 13 ne disposeraient pas de toilettes
44 seraient menacés par le paludisme et 3 auraient eu une crise durant l’année écoulée
10 souffriraient de la faim, dont 1 serait un enfant sous-alimenté qui tomberait fréquemment malade et risquerait de ne pas voir se développer complètement ses facultés cognitives."
                    d'après un texte de Ikeda Kayoko, repris par la CNCD



Un ami cher me partage ses vacances en Sardaigne, dans un petit village où les centenaires sont nombreux. Tant de paix et de longévité en si peu d'espace l'interpelle. Ce village sarde, perdu du monde, évoque le village global imaginé par Ikeda Kayoko.  N'étant expert en rien, je me permets un court moment d'extrapoler mon quotidien envahi par le Covid-19 à ce village perdu, occupé par une centaine de personnes quelque part sur la planète. 31 millions d'humains positifs au virus corona, pour sûr cela fait du monde. Pas tous malades pour autant, mais porteurs. Un rapide calcul aboutit au constat que pas un des habitants de notre village n'en aurait été atteint. A fortiori, aucun n'en serait mort, et il faudrait parcourir une région de plusieurs dizaines de villages pour en trouver un. Le bruit et le désordre qu'ont amené dans mon existence, et dans notre monde, depuis six mois le "virus chinois" soudain me fait problème. Le tonnerre  supplanterait-il parfois le danger réel de la foudre? Me revient ce souvenir lointain de collège où un jour un petit chien bâtard parvint à s'introduire dans la cour de récréation, mordant au mollet un élève dont la vue du sang affola le monde. Ambulance, urgences, deux points de suture et inévitable sérum contre la rage et le tétanos nous plongèrent tous dans l'Argamédon. Quel bordel! Des élèves s'enfuyant en tous sens, des profs s'escrimant à rétablir l'ordre, un préfet d'indiscipline dépassé par l'ampleur du chaos. Dès le lendemain de strictes mesures veillèrent à ce que pareil incident ne puisse se reproduire: verrouillage des portes d'accès, filtrage des entrées, surveillance renforcée. Vingt ans après, l'incident de l'infortuné cabot a disparu des mémoires, mais les consignes de sécurité perdurent. J'ai bien peur que les années post-covid-19 ne ressemblent à ce souvenir de collège.


Lu dans:
Ikeda Kayoko.Si le monde était un village de 100 personnes. Réalisation : Justine Simon. Montage : François Guinaudeau. Musique originale : Gilles Lourdelet

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