"Le monde compte aujourd’hui 6 milliards 300 millions d’habitants.
Mais si on réduisait le monde à un village, à quoi ressemblerait-il ?
Si 100 personnes vivaient dans ce village, 52 seraient des femmes, 48 seraient des hommes.
30 seraient des enfants, 70 seraient des adultes, et parmi eux, 7 seraient vieux.
10 seraient illettrés, 6 seraient des femmes et 4 des hommes, 1 serait un enfant privé d’école primaire
9 habitants n’auraient pas accès à l’eau potable et 13 ne disposeraient pas de toilettes
44 seraient menacés par le paludisme et 3 auraient eu une crise durant l’année écoulée
10 souffriraient de la faim, dont 1 serait un enfant sous-alimenté qui tomberait fréquemment malade et risquerait de ne pas voir se développer complètement ses facultés cognitives."
d'après un texte de Ikeda Kayoko, repris par la CNCD
Un ami cher me partage ses vacances en Sardaigne, dans un petit
village où les centenaires sont nombreux. Tant de paix et de longévité
en si peu d'espace l'interpelle. Ce village sarde, perdu du monde,
évoque le village global imaginé par Ikeda Kayoko. N'étant expert en
rien, je me permets un court moment d'extrapoler mon quotidien envahi
par le Covid-19 à ce village perdu, occupé par une centaine de personnes
quelque part sur la planète. 31 millions d'humains positifs au virus
corona, pour sûr cela fait du monde. Pas tous malades pour autant, mais
porteurs. Un rapide calcul aboutit au constat que pas un des habitants
de notre village n'en aurait été atteint. A fortiori, aucun n'en serait
mort, et il faudrait parcourir une région de plusieurs dizaines de
villages pour en trouver un. Le bruit et le désordre qu'ont amené dans
mon existence, et dans notre monde, depuis six mois le "virus chinois"
soudain me fait problème. Le tonnerre supplanterait-il parfois le
danger réel de la foudre? Me revient ce souvenir lointain de collège où
un jour un petit chien bâtard parvint à s'introduire dans la cour de
récréation, mordant au mollet un élève dont la vue du sang affola le
monde. Ambulance, urgences, deux points de suture et inévitable sérum
contre la rage et le tétanos nous plongèrent tous dans l'Argamédon. Quel
bordel! Des élèves s'enfuyant en tous sens, des profs s'escrimant à
rétablir l'ordre, un préfet d'indiscipline dépassé par l'ampleur du
chaos. Dès le lendemain de strictes mesures veillèrent à ce que pareil
incident ne puisse se reproduire: verrouillage des portes d'accès,
filtrage des entrées, surveillance renforcée. Vingt ans après,
l'incident de l'infortuné cabot a disparu des mémoires, mais les
consignes de sécurité perdurent. J'ai bien peur que les années
post-covid-19 ne ressemblent à ce souvenir de collège.
Lu dans:
Ikeda Kayoko.Si le monde était un village de 100 personnes.
Réalisation : Justine Simon. Montage : François Guinaudeau.
Musique originale : Gilles Lourdelet
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