"– Maman, j’ai fait un rêve. J’ai rêvé que j’étais très méchant.
Et la mère de sourire :
– Ce n’est pas un rêve, mon enfant. C’est la réalité."
Véronica Lenne
Une maman raconte. Sa cadette réintègre sa classe avec crainte,
persuadée que l'école a été fermée à cause d'elle et qu'on le lui
reprochera à son arrivée. Comment surmonter ces peurs d'enfants isolés
durant de longues semaines sans trop comprendre? Comment reprogrammer
ces gosses dont le quotidien était le rire, le toucher, les câlins, la
prise dans les bras, les jeux spontanés et à qui on n'a envoyé que de la
distanciation, de la peur de l'autre, des masques et du gel
hydroalcoolique? Comme bien d'autres, je redoute la seconde vague, mais
pas celle qu'on
pense: celle qui tue la spontanéité et inspire une anxiété profonde face
à un monde décrit comme terrifiant. Un patient paralysé, décédé
aujourd'hui, narrait un souvenir qui lui rendait le moral les soirs de
découragement: le souvenir de sa petite main froide dans la grande
paluche de son grand-père, toutes deux entrelacées dans la poche chaude
de la grande veste. Cette chaleur le réchauffait tout entier, et
persistait encore cinquante ans plus tard. Il nous faudra réinventer ces
gestes durant les mois qui viennent et trouver les paroles qui
apaisent, ainsi que réapprendre à rire de tout.
Lu dans:
Véronica LENNE. À l’ombre du ventre. Tétras Lyre. 2020. 66 p.
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