15 septembre 2012

La tyrannie du choix


"La liberté de choisir : son école, son métier, son fournisseur d’électricité, son médecin, son mode de vie, son genre sexuel, sa mort… C’est le credo des sociétés occidentales, individualistes et dérégulées. Tout se passe comme si nous maîtrisions tous les aspects de notre existence, comme si tout était possible pour qui le voulait vraiment, comme si tout n’était qu’une question de choix et donc de rationalité. (..).
R. Salecl



Le paradoxe est que même les gens qui ont de moins en moins le choix dans leur vie supportent toujours cette idéologie du choix – et c’est sa force. L’exemple des Etats-Unis est assez frappant à cet égard. L’idéologie du libre-choix y est si profondément ancrée que bon nombre de personnes pauvres ou de précarisés ne soutiennent pas la réforme des soins de santé, qui tend à imposer un système de sécurité sociale universel. Ou alors ils ne soutiennent pas les propositions visant de taxer les riches car ils croient que leurs enfants le deviendront un jour : « Si mon fils devient un nouveau Bill Gates, je ne veux pas qu’il se fasse tondre par le fisc. » C’est le cœur de l’idéologie du capitalisme : celle du self-made-man qui, s’il le veut vraiment, peut passer du statut de très pauvre à celui de très riche… 

Lu dans:
Renata Salecl. La tyrannie du choix. Albin Michel. 2012. 224 pages

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