21 décembre 2020

Une vie de chien

 

"Simon alla préparer le dîner. Puis il sortit un moment dans le jardin. Pippa n’attendait que ça. Le bonheur d’être vivant, ça doit être quelque chose de ce genre, songea Simon, courir joyeusement après un bâton et le ramener à quelqu’un qui vous aime."
                            Francis Dannemark



On peut imaginer voir se croiser des auteurs que rien n'aurait dû rapprocher.  Francis Dannemark et Su DongPo par exemple, poète de l'an mil, décrivant l'amitié que lui porte son chien "Museau Noir, que j'ai de la chance d'être ton maître! / quand je t'ai annoncé que nous retournions au Nord / tu as remué la queue et dansé de joie / et fait la ronde autour des enfants. / Tu dis merci du museau / puisque le Ciel te refuse la parole / J'ai envie de te confier une lettre à porter. "  D'un lointain passé heureux, surgit notre Golden retriever, unique chien qui ait partagé notre vie de famille. Il avait 6 maîtres et pas de maître, il puait, ne nageait que dans l'eau sale, ne tolérait pas qu'on le lave, et surtout savait nous faire rire.  Ses galipettes, tourner sur soi-même pour s'attraper la queue, s'enfuir au rappel de retour de promenade, mendier les couennes et accueillir les visiteurs du soir comme s'ils étaient uniques au monde nous apprirent que le bonheur tient en peu de choses: se faire plaisir et faire plaisir, faire rire, s'ébrouer, faire le bon chien, donner l'illusion au maître qu'il est important et n'en faire qu'à sa tête. Et si un ami soupire qu'il mène "une vie de chien", félicitez-le d'avoir fait un si bon choix.



Lu dans:
Su Dongpo 1037-1101, repris pas Claude Roy dans L'ami qui venait de l'An Mil. Gallimard. Coll. L'Un et l'Autre. 1994. 176 pages. 
Francis Dannemark. La misère se porte bien. Kyrielle 2020. 322 pages. Extrait p.265. Tirage limité disponible uniquement chez l'auteur francis.dannemark@gmail.com

Un bel article de Jean-Claude Vantroyen dans le supplément Livres du Soir de ce weekend présente le dernier ouvrage de F. Dannemark.  "Une comédie qui montre qu’on peut parler d’amour, d’amitié, de dignité sans pour cela posséder de magnifiques limousines, des yachts et des somptueuses villas au bord de la mer.  Une comédie surtout qui indique qu’il faut prendre son temps, que la précipitation est toujours malvenue, qu’il faut vivre au rythme des couleurs des saisons, comme la nature. C’est un éloge de la lenteur, ce roman. Et un éloge de la tendresse. Et on se sent heureux de le lire." Rencontre avec l'auteur ce 26 décembre, de 14h à 17h, la librairie La Licorne  (715, chaussée d'Alsemberg à Uccle)

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