"Rien ne dit, en réalité, que voyager soit le meilleur moyen de découvrir une ville ou un pays que l'on ne connaît pas. Tout porte à penser au contraire - et l'expérience de nombreux écrivains est là pour confronter ce sentiment - que le meilleur moyen de parler d'un lieu est de rester chez soi. (./..) Émettant quelques doutes sur la réalité du voyage en Transsibérien que Blaise Cendrars avançait avoir fait, et lui ayant communiqué son scepticisme, Pierre Lazareff s'attira cette réponse célèbre de l'écrivain : "Qu'est ce que ça peut te faire, puisque je vous l'ai fait prendre à tous!"
Pierre Bayard
Ainsi procédait Emmanuel Kant, qui enseigna la géographie sans
jamais quitter jamais sa ville natale de Königsberg. Il y suivait chaque
jour en promenade le même itinéraire sans en dévier d'un pouce et sans
s'aventurer dans les pays étrangers. Pays qu'il ne se privait pas pour
autant, ni de décrire, ni de commenter. Symbole par excellence du
voyageur casanier, il assurait qu'avec une bonne bibliothèque, on
pouvait prendre un point de vue sur le monde entier. Christophe Colomb
ou Mercator? Le premier parcourut le monde en caravelle, le second sur
sa célèbre planisphère, les deux l'explorèrent.
Lu dans:
Pierre Bayard. Comment parler des lieux où l'on n'a pas été ? Éditions de Minuit. 2012. 158 pages. p. 133
Pierre Bayard. Comment parler des lieux où l'on n'a pas été ? Éditions de Minuit. 2012. 158 pages. p. 133
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire